A Namur, un vaste site industriel va faire place à des logements
Après l'annonce du projet Coeur de Ville sur le site des Casernes à Namur, on retrouve Thomas & Piron à la manoeuvre pour un projet de logements encore plus grand, sur le site d'Asty Moulin, toujours avec l'Atelier de l'Arbre d'Or et Qbrik comme architectes. Ce projet d'envergure (environ 340 logements) cadre dans la volonté de la ville de Namur de redynamiser les quartiers de Bomel et Saint-Servais. L'enquête publique préalable à l'obtention du permis unique est en cours.
Bien entendu, il faudra encore beaucoup de patience avant de voir cette réaffectation d'un ancien site industriel achevée. Superbement situé à 700 mètres de la gare de Namur, le site de 3 hectares est à dépolluer, les bâtiments existants à démolir, ... On parle de 2020 pour les premiers coups de pelle et de 2030 comme date de fin du projet. Passons sur les quelques années nécessaires au promoteur et aux propriétaires pour régler les aspects fonciers, sur l'indispensable procédure de « Site à Réaménager » (SAR) pour en venir directement à l'objet de la demande de permis unique récemment déposée.
Un projet atypique notamment par son ampleur
La demande de permis unique est introduite en vue de réaliser un projet ambitieux de revitalisation du site d’ « Asty-Moulin » qui comporte notamment :
- le complet assainissement des bâtiments et du sous-sol du site,
- la déviation d’une partie du pertuis du Houyoux sur plus de 100 mètres,
- la sauvegarde des deux bâtiments caractéristiques du passé industriel de Saint-Servais que sont l’ancien magasin Cema et les façades du hall aux cinq pignons de l’ASBL Entranam,
- la création de nouveaux espaces publics (minéraux et verts) de qualité,
- la création d’approximativement 36 000 mètres carrés de logements neufs - avec 341 places de parking couverts ou en sous-sols - et de services,
- la promotion des énergies renouvelables (panneaux photovoltaïques et thermiques, etc.) et de techniques innovantes (gestion des déchets, consommation énergétique basse, etc.),
- la promotion de la mobilité douce et alternative (voitures partagées, voitures électriques, vélos partagées et privés, …)
Bref, un projet qui sera, sans aucun doute, un des plus importants que la Région wallonne ait vu ces dernières années.
Aspects architecturaux
Le projet est découpé en différents ilots aux tailles variées. Ce découpage permet notamment une circulation aisée et rassurante sur le site. La taille de ces ilots étant similaire à différents quartiers existants du centre-ville, ils permettent de cette manière au futur quartier de s’intégrer dans son environnement. Ils ont par ailleurs été implantés sur le site de sorte à pouvoir offrir un maximum d’ensoleillement aux nouveaux logements tout en préservant l’ensoleillement du reste du quartier.
De la même manière, cette implantation permet de préserver des points de fuites, des vues dégagées sur le site et ses abords. Ce type d’implantation donne priorité aux relations entre l’humain et son environnement davantage qu’au systématisme d’une construction dictée par les enjeux économiques.
C’est d’ailleurs la même ligne de conduite qui a guidé le choix des gabarits du projet. Situé en fond de vallée avec un dénivelé de l’ordre de 10 mètres et jouxtant une cité sociale présentant des bâtiments de près de 10 étages, le projet s’inscrit dans les lignes du paysage voisin. Avec des bâtiments dont les gabarits varient entre rez-de-chaussée + 2 étages et ponctuellement rez-de-chaussée + 5 étages, ceci afin de hiérarchiser l’espace public ou de marquer un angle, le projet répond aux enjeux altimétriques du site.
Dernier point, la morphologie des toitures. Le contexte historique du site et le maintien de deux bâtiments phares du quartier influencent l’architecture et imposent de facto un mixte de toitures plates contemporaines et de toitures à versants témoignant du passé industriel. Ces jeux de toitures vont participer à la création de l’identité du site.
Matériaux
Le principe de la prédominance de la brique en parement de façades est un de ces aspects d’intégration. Ce matériau permet de lier le nouveau projet au bâti plus ancien, en rappelant la prédominance de la terre cuite dans cette partie de Namur, anciennement industrielle.
Des balcons en béton architectonique de teinte claire viennent s’accrocher de manière ponctuelle aux façades et sont pourvus de garde-corps en verre afin de donner une touche contemporaine au projet. Ils créent du rythme et procurent une certaine dynamique aux façades. Pour les façades en intérieur des îlots et pour les derniers étages en retrait, il est prévu un enduit blanc. Cet enduit se veut en contraste avec la brique brun-rouge, d’une part pour pouvoir identifier clairement les espaces et leurs fonctions mais surtout pour que ces espaces privatifs soient les plus lumineux possible, mais aussi agréables à vivre pour favoriser les échanges et les rencontres entre les occupants.
Il convient également d’épingler l’ardoise des toitures à versants et de certains pignons qui ajoutent un autre lien physique avec les quartiers historiques de Bomel et de Saint-Servais.