Archi-mili | 20 pieds sous terre

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Il y a quelques jours, une belle page de pub dans un journal gratuit distribué dans la boulangerie de mon patelin a attiré mon attention. Elle concerne la solution proposée par la société wallonne Continentis autour d'une proposition d'habitat modulaire conçu sur base de modules à assembler, ces modules étant constitués de conteneurs maritimes de 20 pieds.

20 pieds pour une vie? Bon, peut-être un peu limite pour une habitation confortable et réellement durable, mais pourquoi pas... Donnons à cette pépite wallonne le bénéfice du doute. Je cherche les détails de la proposition, et là je découvre une série de packages bien marketés: l'habitat modulaire pour le comptable qui veut se mettre au vert et travailler dans le fond de son jardin, le bloc modulaire à placer au bord de la piscine, et puis, l'habitat modulaire potentiellement habitable par une famille. Cette dernière formule déclinée sur 60m² est proposée pour le prix de (roulement de tambour...) 136.000 euros, hors TVA et sans terrain svp! Le tout avec des finitions qui sentent l'image chatGPT à plein nez, agrémenté d’une promesse d'isolation thermique et phonique qui me laissent assez perplexe.

Poursuivant sur ma lancée, je ne peux m'empêcher de chercher le nom du brillant entrepreneur qui a eu cette idée "géniale", et je découvre le profil d'un gars qui fait dans l'affichage publicitaire (mais oui, vous savez, cet affichage qui gâche le paysage le long des routes) et dans l'événementiel éclectique (allant de l'organisation de la tournée de Salvatore Adamo à l'enduro de la Chinelle en passant par le Wallonie Equestre Event...). On pourrait croire que l’homme s’est entouré de prodiges de l’architecture et de l’urbanisme, qu’il a l’intégration paysagère chevillée au corps, ou encore qu’il y a chez lui une volonté de trouver une solution aux difficultés de plus en plus préoccupantes de la population la plus précarisée pour accéder au logement? Mais non, ces conteneurs achetés à vil prix (1.000 euros neuf) sont maquillés à la hâte, et alourdis d’une belle marge avant d’être proposés à des personnes suffisamment à l’aise sur le plan financier pour se payer leur p’tite cabane au Canada. Avec une réalisation qui sent déjà l’à peu près à plein pif sur les images de synthèse et les photos, je vous le demande: que cela donnera-t-il au fond de votre jardin, dans dix ans, trois ans ou même au bout de quelques mois, quand viendront la pluie et le froid. Et là, je me dis que, vraiment, la construction et l'architecture modulaire, c'est quand même un métier et une vocation. N'est-ce pas Daniel Dethier (exemple tiré au hasard pour la Wallonie), Aché Terra (exemple tiré au hasard pour la Flandre) et consorts?

 

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