Archi-militant : Deffontaines, ce géographe qui aurait pu être architecte

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Ils sont nombreux les géographes qui se sont penchés sur l'habitat, mais rares sont ceux qui l'ont fait avec la clairvoyance de Pierre Deffontaines. Dans le livre L'homme et la maison publié en 1978 chez Gallimard - et qui vient d'être réédité aux éditions Parenthèses) - , l'homme soulignait la variété des matériaux et la multiplicité des solutions mises en œuvre depuis la nuit des temps pour s'adapter à l'environnement.

 

C'est Pierre Deffontaines qui a expliqué avec force détails comment les populations troglodytes de Crimée avaient investi les massifs calcaires de la péninsule en bord de mer Noire. Ou comment ces métis paraguayens dormaient à califourchon sur de grosses branches « tenant le tronc embrassé », tout comme ces peuplades du Botocudos, au Brésil. Citant les coutumes juives, lors de la fête de Soukkoth (ou Souccoth, également connue sous le nom de ‘fête des cabanes’), le géographe rappelait qu'il était d'usage pour les pratiquants de se retirer, quelques jours durant, dans de frêles huttes de branchages afin de « commémorer le souvenir de la sortie d'Egypte » du peuple d'Israël et de leur séjour dans le désert du Sinaï, rappelant ainsi que la véritable demeure de l'homme « n'est pas de ce monde ».

Deffontaines a également observé la fréquence avec laquelle l'homme utilisait les matériaux de construction qu'il trouvait sur place. Ou encore cette systématisation des toitures collectant l'eau de pluie dans les pays arides.

Depuis, le rapport de l'habitat à l'environnement s'est inversé. En dépit du bon sens, c'est désormais plus souvent l'environnement qui s'adapte à l'habitat plutôt que l'habitat qui s'adapte humblement à l'environnement. Tout semble tenir debout jusqu'à ce que les éléments, quand la nature se rebelle, rappellent à l'homme sa grande vulnérabilité.

Ce sentiment de vulnérabilité face aux éléments et à la vie en général, Deffontaines l'avait assurément dans la peau. Lui qui a perdu son père général, mort d'une balle allemande en pleine tête à l'aube de la grande guerre dans un petit village de Gaume. Un livre réédité donc tout récemment par les éditions Parenthèses, à lire toute affaire cessante.

 

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