Archi-militant : Dinant, ses saxos, ses couques et ses cages à lapins
Pour des raisons que je ne m'explique pas, certaines villes ont cette faculté d'attirer une population mixte, avec un équilibre subtil de familles aisées et de familles plus modestes voire pauvres, de jeunes sans emploi en couple, d'isolés etc. Dans cet heureux cas de figure, l'indigence des uns est compensée par la richesse des autres. Et chacun sort gagnant de cet équilibre, y compris les pouvoirs communaux qui peuvent collecter, via les centimes additionnels, les moyens d'une politique de valorisation urbaine efficace. C'est le cas de la charmante commune de Villers-la-Ville (où j'ai la chance d'habiter).
Au contraire, des villes comme Dinant peinent à atteindre cet équilibre entre population aisée et population fragilisée. Dans la cité de Sax, le problème n'est pas neuf. En 2007 déjà, un rapport soulignait de manière accablante l'impact d'une promotion immobilière privée qui privilégie le découpage d'immeubles existants en un nombre élevé de petits logements prévus pour accueillir des isolés ou de jeunes couples émargeant au CPAS. Bref, ce que l'on appelle pudiquement des "immeubles de rapport". Inutile de préciser que, pour ces personnes, la plus grosse partie des ressources financières est engloutie en loyers.
Ce découpage et cette promotion immobilière du pauvre, l'échevin de l'urbanisme Thierry Bodlet n'en veut plus, car comme écrit plus haut, la politique d'une ville n'est viable que si elle est faite d'équilibres. Avec l'assentiment du collège, Thierry Bodlet a pris la décision de se montrer plus inflexible par rapport aux permis octroyés. Désormais, les demandes introduites pour les petits appartements, neufs ou rénovés, seront traitées avec plus de sévérité, quitte à s'appuyer sur tous les moyens administratifs et judiciaires à disposition pour faire valoir le point de vue de la commune et de la collectivité.
Désormais, c'est la réfection de logements plus vastes et plus qualitatifs qui aura les faveurs des pouvoirs locaux. Bye bye les maisons de maître du centre-ville transformées en cages à lapins. A côté du logement pour isolés et précarisés (Dinant atteint déjà les 10% de logements sociaux ou assimilés), on jouera aussi la carte du respect de l'intégrité des bâtiments unifamiliaux. En Région wallonne, ce dirigisme peut étonner, il n'en reste pas moins nécessaire. Et c'est le courage et l'obstination (c'est un dossier qui le tarabuste depuis près de 10 ans) de cet échevin que nous tenions ici à saluer.