Archi-militant : Joe Biden est-il rentré à Washington avec la carte de visite de 400toits ?

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On l’a souvent dit, mais je pense utile de le redire et de le re-redire : l’architecture n’est pas neutre sur le plan social. Elle peut impacter la vie de tous de nombreuses manières : style, confort, praticité...  Dans les cas les plus extrêmes, malheureusement de plus en plus nombreux, le geste architectural restaure jusqu’à la dignité de gens que la vie a mis à la rue. Problème : tous les pays ne sont pas égaux en la matière. Et force est de constater qu’à Bruxelles, on vient de prendre une sacrée longueur d’avance en la matière.

 

J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer le sans-abrisme - phénomène auquel je suis très sensible - et la très grosse pierre que les architectes peuvent apporter à la lutte pour des logements accessibles à tous. Cette semaine, dans ce registre, l'actualité a soufflé le chaud et le froid. Le froid avec la découverte d’un nouveau vidéo-reportage réalisé outre-Atlantique par Mark Horvath, un de mes contacts LinkedIn, dans le cadre de la malheureusement trop longue série documentaire Invisible People. A travers cette série, Mark va à la rencontre de sans-abris partout aux Etats-Unis en leur posant chaque fois les mêmes questions. Chacune des vidéos raconte une histoire singulière. Toutes ont cependant un point commun : elles prennent aux tripes.

L’histoire de Michaël, que j’ai donc découverte cette semaine, m’a ému aux larmes. Michaël a successivement perdu son fils de cinq ans, sa femme (à la suite de quoi il a perdu son logement) et son deuxième fils plus âgé, tombé ‘pour la patrie’, avant de se faire diagnostiquer un cancer pancréatique au stade 4. Le gars analyse avec une intelligence rare le cas d’une ville touristique comme Traverse City, au nord-est des USA, où il a échoué, et où la chambre d’hôtel d’un établissement sans aucune étoile l’amène à sacrifier une semaine de nourriture. No way ! Il choisit donc la rue. Ne parlons même pas des pouvoirs publics, totalement indigents et encore marqués par quatre années de Trumpisme. Celui-là a fait des ravages chez les plus pauvres.

Pendant ce temps, de ce côté-ci de l’Atlantique, on continue à voir les lignes bouger. Comme avec cette campagne 400toits qui a permis de faire se déployer à Bruxelles les tout premiers habitats légers de 26 m² pour sans-abri installés sur des terrains appartenant à CityDev. Je ne sais si Joe Biden a profité de son déplacement à Bruxelles pour faire un petit coucou aux ONG bruxelloises impliquées et en particulier à Archi Human (merci au passage à Luc Schuiten et à toute l’équipe pour tout ce que vous faites), mais j'espère de tout cœur que l'initiative bruxelloise fera parler d'elle outre-Atlantique et qu'elle fera très vite son chemin jusqu'à Traverse City, Michigan. Pour que ce pauvre Michaël, qui refuse tout traitement de chimio dans le seul but d’abréger ses souffrances, puisse au moins partir en paix, dans un petit chez-soi de 26 m²…

 

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