Archi-militant : L’eau, la terre, le feu

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Depuis la nuit des temps, l’homme entretient des rapports ambigus avec les éléments. En particulier avec le feu et l’eau, qui ont malheureusement fait la une de l’actualité estivale dans le monde. On le sait désormais, de façon directe ou indirecte, le réchauffement anthropique explique pour une bonne part les millions de tonnes d’eau que les habitants des provinces sinistrées ont vu s’abattre sur eux. Les conséquences sont dramatiques sur les plans matériel, humain et psychologique, mais elles sont aussi terribles car elles sont forcément appelées à se répéter. Et ce n’est pas la construction de barrages toujours plus grands, de bassins d’orage plus nombreux, ni même le changement radical de nos comportements qui pourront changer quoi que ce soit à cette situation.

 

En matière de réchauffement climatique, il n’est pas excessif de dire que les jeux sont faits. Nous devons nous résigner aujourd'hui à gérer l’énorme passif des siècles passés (merci la révolution industrielle), mais aussi les excès du siècle présent (merci Amazon & company). Quand bien même nous roulerions tous à vélo dès demain, quand bien même nous isolerions tous nos bâtiments de manière parfaite, le point de non-retour est atteint. Ce n’est pas moi qui le dit, mais les experts du GIEC, cet été 2021.

Nous aurait-on prévenus trop tard? Que nenni : en 2018, pour évoquer le thème qui nous est cher, l’ONU estimait déjà que le secteur de la construction comptait pour près de 40% dans les émissions de gaz à effet de serre… Est-ce une fatalité ? Les architectes vont-ils devoir se résigner à dessiner des plans d’aménagement de grottes ? Je ne le pense pas ! En la matière, je le sais, ils ont plus d’un tour dans votre sac. Bâtiments sur pilotis, stockage actif des eaux pluviales, recours à de nouveaux matériaux de construction et même bâtiments à énergie positive… Tous ces éléments comptent. Comme le soulignent régulièrement de grands formats de l’architecture durable comme le français Philippe Madec ou notre compatriote Luc Eeckhout, on peut faire toujours mieux dans la conception durable des bâtiments résidentiels, commerciaux et industriels, mais les fondations sont bien là.

Aujourd’hui déjà, nombre d’entre vous pensent l’architecture en terme d'adaptabilité aux changements climatiques. Bien sûr, tout cela ne fera pas baisser le niveau de l’eau, mais en reconnaissant le mal qui nous frappe aujourd’hui et en nous attachant avec détermination à appliquer les remèdes qui s’imposent, sans doute pourrons-nous enfin vivre avec la sagesse de nos ancêtres du pléistocène. Ceux-là même qui considéraient avec un mélange de peur et de vénération ces choses fascinantes que sont l’eau, la terre et le feu.

 

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