Archi-militant : La fausse bonne nouvelle de la Commission européenne en télétravail

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C'est peut-être un effet positif et enthousiasmant de la pandémie qui a mis, comme on le sait, le télétravail au premier plan ces derniers mois, en particulier au sein de la Commission européenne où 80% du personnel est en télétravail depuis que la COVID a fait irruption dans nos vies : d'ici 2030, cette Commission européenne a décidé de faire passer de 50 à 30 le nombre de bâtiments occupés par ses fonctionnaires et ses institutions sur le territoire de Bruxelles-Capitale.

 

La Commission a dans la foulée décidé de faire télétravailler de façon permanente 40% de ses fonctionnaires. Pour éviter l'isolement et toutes les conséquences dommageables sur un plan psychique, une tournante sera organisée. Des espaces communs seront en outre maintenus et des open spaces seront aménagés dans lesquels des interactions sociales, plus ou moins nécessaires à toute ‘personne normalement constituée’, pourront avoir lieu. Les seuls bâtiments qui resteront opérationnels seront situés dans le quartier européen et celui de Rogier.

Hasard des agendas : le terme de 2030 coïncide avec celui de la fixation par Bruxelles des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans lesquelles on sait que les bâtiments représentent une part importante, même dans des bâtiments plus récents comme ceux qu'occupe l'Europe.

En réalité, l'annonce de cette nouvelle a soufflé le chaud et le froid : chaud pour les derniers Bruxellois de souche qui perdaient leur brusseleir en voyant l'Europe grignoter chaque jour un peu plus de territoire. Froid évidemment pour les petits commerçants qui ont souvent payé fort cher leur bail pour avoir le privilège d'être aux premières loges à l'heure de midi pour vendre leurs sandwiches à 10 €. Le Commissaire du Gouvernement bruxellois en charge des relations avec les institutions européennes, Alain Hutchinson, a beau nous rassurer en nous disant que la Commission va fermer ses cantines internes, il n'est pas sûr que cela sera suffisant pour permettre à l'HORECA local de garder la tête hors de l'eau, surtout après ces quelque 13 mois de disette.

Sur un plan plus structurel, l'abandon des bâtiments donnera un peu d'air au logement que l'on sait en grande carence d'espace à Bruxelles, en particulier au sud de la capitale où le Plan d'Aménagement Directeur Herrmann-Debroux (PAD) pourra compter sur un sacré paquet de mètres carrés désertés par l'Europe. Bien sûr, la tâche n'est pas simple. Il faudra reconvertir en logements des espaces qui n'ont - pour le souvenir que j'en ai après avoir fréquenté les lieux - pas franchement été conçus pour cela.

Sur le plan des émissions de gaz à effet de serre, il n'est même pas certain que l'arrêt des déplacements des fonctionnaires servira la cause. En effet, plus de 85% des fonctionnaires européens habitent à Bruxelles et la majorité écrasante d'entre eux utilisent les transports en commun. Bref, on le voit, le tableau n'est pas des plus simples. On ne pourra même pas se consoler en se disant qu'on échappera désormais aux folkloriques manifs qui mettent le foutoir au beau milieu de la capitale, Bruxelles ayant décidé de garder le Berlaymont comme port d'attache symbolique.

 

Johan Debière est intervenu hier à ce sujet sur les antennes de BX1. Une émission à écouter et à voir ici

 

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