Archi-militant | La Wallonie à l'ombre du solaire ?

Développer l’élevage ovin pour profiter de la rente des certificats verts risque de transformer la Wallonie en simili-Irlande, le charme et l’esthétique en moins… Les panneaux, c’est en toiture que cela se place. Ou sur d’anciennes décharges. Pas sur des terres arables.

Il y a quelque temps, j'ai effectué un voyage privé aux Pays-Bas, un pays voisin que je n'ai pas eu l'occasion de visiter depuis longtemps. J'ai pu y constater que les espaces vierges ont cédé la place à de nombreux endroits à des champs photovoltaïques qui s'étendent à perte de vue. Y compris à proximité des aéroports où ces panneaux posent de sérieux problèmes aux pilotes en raison des reflets aveuglants renvoyés vers les cockpits. Ces panneaux vont devoir être recouverts de films anti-éblouissement. Soit dit en passant, ces films ne règleront que partiellement le problème en diminuant dans le même temps l'efficience du panneau. Sans parler de l'esthétique des ces installations qui ne s'en trouvera pas améliorée, loin de là. Ne parlons même pas des questions qui se posent sur l'utilisation la plus opportune des terres arables.

Jusqu'à présent, la Belgique était plutôt épargnée par cette vague solaire, mais voici que, par l'odeur des certificats verts alléchés, certains corbeaux ont eu la brillante idée de commencer à installer ces méga-parcs par milliers de m² au sud du pays s'appuyant sur le développement des élevages ovins. Des moutons, la belle affaire... Si vous vous rendez par exemple dans la verte province du Luxembourg pour une promenade bucolique, vous ne manquerez pas d'apercevoir l'énormissime champ solaire installé par Ether Energy à Wierde. Certes, c'est en bordure d'autoroute et non visible des riverains, mais c'est aussi en pleine zone agricole et à côté d'une forêt.

Bien sûr, cette installation s'est faite sans bétonner et est donc réversible. Bien sûr, des moutons y paissent en nombre et des abeilles y butinent. Bien sûr l'installation fait l'objet d'un suivi scientifique réalisé par l'UCLouvain et par les facultés agronomiques de Gembloux, mais c'est tout de même 13 hectares photovoltaïques que l'on aurait tout aussi bien pu placer sur les toits de nombreuses entrepôts encore vierges de tout panneau. Et même sur des édifices remarquables où le solaire intégré (BIPV) peut faire des merveilles, à l'image de ce que mes amis de Skysun ont réalisé sur le bâtiment Abattoir à Anderlecht.

Alors, une question me taraude : pourquoi diable ces opportunités ne sont-elles pas cueillies? Pour en avoir le coeur net, j'ai abordé le sujet avec un spécialiste qui a répondu très platement à ma question : pour pouvoir installer l'équivalent de ce qui a été installé à Wierde, il faudrait démarcher, convaincre et gérer pas moins de treize entrepôts disposant de 10.000 m² de surface en toiture. C'est donc treize fois plus de dossiers et donc, en théorie treize fois plus d'embrouilles potentielles. Et les embrouilles de nature à remettre en question la croissance à deux chiffres, les développeurs agri-voltaïques n'apprécient pas vraiment… Ils leur préfèrent les moutons. Eux ne rouspètent pas comme moi. Ils paissent sans jamais poser de question.

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