Archi-militant : Le design est dans les détails
Qu’il s’agisse d’un escalier, d’une corniche, d’un parapet, d’un auvent, d’un pilastre, tout me semble toujours conçu de façon fonctionnelle. Et le beau dans tout ça? Si je pose la question, c’est parce qu’elle me tarabuste à titre personnel depuis un bon bout de temps déjà. Autour du remplacement de mon vieil escalier en pierre bleue.
Depuis quelque temps déjà, je suis à la recherche d’une solution pour remplacer le perron de ma vieille bâtisse. Un perron construit il y à près de deux siècles, avec de la pierre bleue achetée à un négociant qui a dispersé des morceaux de l’abbaye de Villers-la-Ville après son saccage par l’armée révolutionnaire française en 1794. La pierre bleue n’a pas bougé. Sa surface est lisse comme les fesses d’un nouveau-né. Les briques du soubassement sont en revanche perdues. Bref, je me vois contraint de remplacer cet édifice devenu chancelant par quelque chose à la fois contemporain, épuré et, surtout, léger. La nappe phréatique qui affleure n’autorise en effet pas l’installation de fondations à cet endroit.
Pour remplacer ces augustes pierres bleues, après des heures et des heures de recherche, je dois bien me rendre à l’évidence: le marché du préconstruit ne me propose que des escaliers sans âme, de vulgaires monte-en-l’air. L’embarras du choix est là en revanche: bois, aluminium, acier, acier corten, composite… En un mot, tout est possible en réalisation standard si vous acceptez de mettre de côté le raffinement et l’élégance. Résultat des courses: je me vois contraint de trouver un architecte qui pourra me proposer l’idée de génie Et dénicher ensuite un artisan capable de réaliser ledit escalier dans des délais raisonnables (traduisez: en moins de deux ou trois ans), le tout dans un budget qui ne m’obligera pas à commettre ces bafouilles jusqu’à mon centième anniversaire.
La morale de cette histoire? Elle est triple. Primo, il existe à mon estime un sacré marché à prendre: celui du beau et du bien fait en préconstruit. Deuzio, les écoles d’ingénieurs auraient intérêt à renforcer voire à créer des cours d’esthétique et de design. Tertio, les fabricants d’éléments structurels seraient bien inspirés de dépasser les seuls aspects techniques pour aborder sérieusement celui de l’esthétique. Maintenant, peut-être suis-je passé à côté de solutions qui existent déjà. Auquel cas, n’hésitez pas à le signaler à la rédaction qui fera suivre ;-)