Archi-militant : Les Mutualités Chrétiennes en mode SM à Mons
Ces dernières années, deux types de placements dans la brique sont devenus les fétiches des investisseurs en mal de sécurité et de rentabilité : les MRS et les kots. Les Maisons de Repos et de Soin, et en particulier celles qui s’inscrivent dans la catégorie luxe, fleurissent partout en Belgique francophone. Pour les kots, ce sont les villes estudiantines et la promesse de pouvoir négocier le loyer mensuel de chacun de ses kots entre 350 (Louvain-la-Neuve) et 480 euros (à Bruxelles), en passant par la médiane de 415 euros (pour Liège et Namur) qui fait saliver les investisseurs.
Et Mons dans tout ça ? La cité du Doudou se situe dans une situation paradoxale : le nombre d’étudiants y est certes significatif, sans toutefois atteindre celui des mégalopoles universitaires. Dans le même temps, l’offre de kots neufs n’y était pas très significative. Pour se mettre à l’abri pendant leur cursus, les koteurs devaient souvent se résoudre à trouver un toit dans le privé, dans un logement souvent ancien, qui a certes son charme, mais qui ne respire pas toujours le confort et la modernité. Je peux en témoigner personnellement pour avoir occupé avec un cokoteur un appartement situé à la rue de la Grande Triperie, dont une des chambres devait être traversée de part en part pour accéder aux toilettes, à la cuisine et à la salle de bains. J’occupais la chambre traversée…
Il y a peu, les autorités montoises ont décidé de prendre ce problème à bras le corps en établissant une sorte de “master plan” associant notamment à la fois la réaffectation des chancres et le renforcement du parc immobilier étudiant. C’est ainsi qu’est né le projet de réaffectation du chancre de la place Léopold, près de la gare de Mons, en collaboration avec le groupe limbourgeois Ion et l’UMons. Ou encore le projet mixte (bureau, appartements et kots) porté par le groupe Eckelmans au croisement du boulevard Kennedy et de l’avenue Maistriau, toujours en étroite concertation avec la ville de Mons et les pôles universitaires.
Par l’odeur alléchées, les Mutualités Chrétiennes ont décidé à leur tour de suivre ce mouvement. Dans le cadre de la rénovation de leur navire amiral montois, situé près des casemates, un projet mixte appartements/kots a été rentré par le talentueux bureau ucclois Etau. L’imposant bâtiment serait conservé. Le dernier étage serait en revanche déconstruit et deux étages seraient reconstruits, en retrait de la façade, sur la même emprise au sol. Cet ensemble serait complété par deux extensions de tailles significatives. Le tout donnerait une septantaine de kots et une vingtaine d’appartements.
Très bien, sauf que le projet n’a pas tenu compte des nouvelles dispositions prises par la ville de Mons et par les priorités assignées aux projets en pareil cas : la réaffectation de chancres ou l’aménagement d’étages de commerces par exemple. Par ailleurs, aucun contact n’a été pris avec les autorités universitaires (en particulier avec la FUCam qui porte son propre projet sur son campus) alors que la chose est exigée par les autorités montoises. Bref, un bel empressement qui risque bien d’être contre-productif et avec lequel les Mutualités Chrétiennes donnent désormais aux riverains mécontents le bâton pour la battre.