Archi-militant : Pas de pitié svp, juste une clé !

C’est le regretté abbé Pierre qui le disait, « Ce que veulent ceux qui n’ont pas de toit ? Pas l’aumône, pas la pitié, ni la charité. Ils veulent (...) une clé ». A ce cri du cœur qui restait en fin de compte entièrement à concrétiser sur le plan politique en Belgique, mais aussi partout ailleurs en Europe, le Community Land Trust Brussels (CLTB) a apporté une réponse créative : séparer le logement du terrain sur lequel il est construit. Et faire acquérir ce terrain par une asbl. Il y a quelques mois, j’y avais consacré ma chronique. Et si j’y reviens aujourd’hui c’est parce, que fin 2021, ce fameux CLTB a remporté rien moins que l’or dans le cadre du concours international organisé par l’ONG World Habitat. Et que ça me remplit d’allégresse.

Si l’on observe bien les projets avec lesquels le CTLB s’est distingué, et en particulier le projet pilote du Nid avec lequel il s’est pour la première fois lancé dans le bain, en 2013, mais surtout avec l'Écluse deux ans plus tard, on constate qu’il ne s’agit pas de projets au rabais mais bien de logements basse énergie, avec jardins, qui offrent une vraie mixité… Des logements exemplaires ou quasi-exemplaires qui sortent de terre dans un esprit qui me font furieusement penser à l’ambiance qui régnait à l’époque de la Cité Radieuse édifiée par Le Corbusier à Marseille avec ses espaces de circulation et ses espaces de rencontre entre les habitants. Ou, à un autre niveau et plus près de nous, à la cité-jardin Floréal de Watermael-Boitsfort créée dans l’esprit de l’urbaniste anglais Ebenezer Howard.

Au-delà de l’or décroché et de la reconnaissance du travail effectué par l’équipe du CTLB, c’est surtout un modèle qui va pouvoir se dupliquer partout en Europe, en montrant la voie à suivre pour faire sortir de terre des logements bien sous tous rapports : bien isolés, cédés à des prix normaux, sur des terrains qui sont volontairement soustraits à la spéculation immobilière, dans un modèle de développement qui amène surtout les personnes logées à s’approprier ce projet constructif, à s’investir à des degrés divers les relations qu’ils vont avoir avec leur voisinage, à penser leur propre avenir et à commencer, peut-être, à développer leur propre vision de la société idéale. Certains l’ont déjà dit avant moi, l’abbé Pierre le premier : c’est dans l’habitat que l’on trouve les ferments d’une société où chacun se respecte et est donc en mesure de respecter l’autre. Pas de pitié svp, juste une clé !