Architecte et maître d’ouvrage, main dans la main ou dos à dos ?
Quelle est la qualité de la relation que l’architecte entretient avec le maître d’ouvrage ? Comment chacune des deux parties la perçoit-elle ? Le Conseil francophone et germanophone de l'ordre des architectes (cfg-oa) et l’Université de Liège ont mené l’enquête afin de recueillir avis et expériences.
Cette analyse fait suite à l’enquête socio-économique menée par l’Ordre en 2013. Les 10% de réponses reçues des architectes ont permis aux enquêteurs de tirer des conclusions fiables et pertinentes.
Satisfaits mais peu reconnus
En ce qui concerne l’importance de la relation entretenue avec le maître d’ouvrage tout au long du projet, 94% des architectes s’accorde à dire que l’interaction avec le client constitue une question centrale de leur pratique professionnelle quotidienne. 59% d’entre eux trouve le niveau de relation bon et 27% d’entre eux le trouve excellent. Cependant, en ce qui concerne la reconnaissance à postériori, seuls 59% des architectes estime que leurs clients sont reconnaissants vis-à-vis du travail accompli. Une étude menée en 2016 démontre également que le client est un des facteurs principaux qui rendent la tâche de l’architecte plus compliquée. La relation étant meilleure si une relation de confiance est maintenue tout au long du projet.
L’architecte ou le produit ?
Près de 98% des architectes estime que leurs clients sont satisfaits de l’habitation conçue. 87% d’entre eux estime que leurs clients sont satisfaits de la relation entretenue, même si 12% d’entre eux ne préfère pas trancher. Les architectes pensent que leurs clients sont davantage satisfaits du produits que de la relation et que plus ils sont satisfaits du produit plus la relation est bonne (et inversement). Une enquête menée en 2014 par Test-Achats auprès de 1330 ménages révèle que seulement la moitié d’entre eux se disent très satisfaits de leur architecte.
Facteurs relationnels déterminants
Compte tenu des différents niveaux de satisfaction perçus par les uns et les autres, on peut s’interroger sur les facteurs qui influencent ces perceptions. Tout d’abord, plus les architectes attachent de l’importance à la relation avec le client, plus ils se disent satisfaits de cet aspect de leur métier et inversement. Ensuite, plus l’architecte propose des solutions créatives en réponse aux besoins de son client, plus il est satisfait de la relation et inversement. Les architectes les plus satisfaits sont aussi ceux qui conçoivent conjointement leur projet avec leur client. Et enfin, à l’inverse, les architectes sont moins satisfaits si leur client ne leur fournit aucune information ni préférence.
Quel degré d’implication
79% des architectes estime que le client doit être au cœur du processus. 86% d’entre eux considère que le client peut effectivement apporter des éléments intéressants pour faire évoluer le projet et 76% d’entre eux pensent que cela est un atout. Cependant, une grosse moitié des architectes ne souhaite pas une plus forte implication du client. Un grand nombre d’architectes souhaiterait cependant davantage d’implication pendant l’avant-projet et les études préliminaires.
Le maître d’ouvrage idéal
Pour résumer, le lien qui s’établit entre un architecte et son client résulte d’un équilibre complexe entre confiance, degré d’autonomie et lâcher-prise de la part de l’architecte, et implication de la part du client. Le client idéal serait celui qui partagerait les mêmes visions et cultures architecturales que son architecte tout en laissant à ce dernier une liberté et un budget illimités. Si le coût reste un réel frein pour atteindre cet idéal, les architectes pensent cependant que la sensibilisation à l’architecture dès le plus jeune âge pourrait constituer une avancée.
Premier contact
Le premier contact entre l’architecte et son client revêt une importance capitale. Il existe une corrélation positive entre le niveau de satisfaction ressenti, le niveau de reconnaissance perçu et la fréquence selon laquelle l’architecte évalue la compatibilité de la relation avant de s’engager, s’assure d’une bonne compréhension mutuelle et explicite son rôle avant d’entamer le projet.
Communiquer
A plus long terme, les résultats identifient aussi le lien positif entre le niveau de satisfaction et l’importance pour l’architecte de tenir le client au courant de l’état d’avancement du projet, de le rencontrer fréquemment et d’établir une confiance mutuelle. De son côté, le client doit pouvoir choisir librement son architecte et pouvoir annoter les différentes versions du plan. A nouveau, c’est dans l’équilibre entre pro-activité de l’architecte et pro-activité du client que semblent s’établir les conditions les plus favorables à une relation de qualité.
Sommes-nous bien compris ?
51% des architectes interrogés estiment que leur mission n’est pas du tout ou pas suffisamment claire aux yeux de leurs clients. L’enquête s’est alors attachée à établir les différences qui pouvaient exister entre la perception qu’avait l’architecte de ses propres missions, et la perception que pouvaient en avoir ses clients, toujours du point de vue de l’architecte. Les données récoltées montrent que les quatre missions les plus importantes pour l’architecte sont le contrôle du chantier, la gestion du budget, la défense des intérêts du client et la proposition de solutions créatives en réponse aux besoins des clients.
Découvrez l'analyse détaillée de l'enquête dans l'Archinews n°18.