Autoportrait : Arnd Amand (EDA-AU)
Arnd Amand est architecte, urbaniste et associé gérant d’EDA-AU, un bureau d’architecture et d'urbanisme situé à Grand-Leez et Bruxelles. EDA-AU développe une expertise sur la lumière naturelle et la matière à travers une recherche liant théorie et pratique.
Formé en conception de bâtiment passif et développement durable, Arnd Amand est actuellement assistant d’enseignement à l’UCLouvain (site de Tournai) et chercheur sur le vieillissement des matières dans l’architecture.
Sa vision de l’architecture
Parmi les projets que vous avez réalisés, quels sont ceux qui vous procurent le plus de fierté, et pourquoi ?
En premier lieu, la crèche ‘Les Petites Châtaignes’ à Gembloux. Cette construction est l’aboutissement d’un accouchement rendu difficile par une quantité de contraintes jamais rencontrées auparavant. Le projet a aussi représenté un combat pour défendre nos convictions. Une première crèche existante, une rue, un parc et des châtaigniers remarquables, chacun de ces éléments a chacun limité le projet et nécessité une hyper compression du programme.
Une première idée était de mettre en relation la crèche et les logements sociaux pour personnes âgées situés en face afin de créer du lien. Nous avons donc ouvert au maximum les séjours sur la rue et opté pour un espace traversant pour conserver la relation au paysage du parc situé de l’autre côté.
Un autre enjeu était de proposer des terrasses couvertes (préaux) suspendues dans et au bord des trois châtaigniers remarquables. L’ergonomie des usages intérieurs est organisée pour offrir au personnel un visu sur ce paysage.
Il y a également le projet de la maison unifamiliale ‘Camille Lemonnier’, à Ixelles. Ici, à l’inverse de la crèche, nous tentons d’offrir un fragment de paysage dans une rue très minérale en proposant un recul de la façade de la rehausse pour former un creux végétalisé. Sur l’alignement, une fine structure métallique sert de tuteur aux plantes grimpantes. Celle-ci offre un filtre contre la surchauffe et une privacité au logement.
Pour quels projets en cours ou en préparation avez-vous des attentes élevées ?
Je pense à deux projets. Le premier est situé en Belgique, à Auderghem. Il s’agit de l’ensemble Phoenix, un projet qui questionne l’angle aigu d’un îlot très/trop dense. Constitué de 4 habitations, 2 appartements et 1 commerce, l’enjeu fut d’aller chercher la lumière naturelle et des vues avec de la profondeur. Une typologie singulière mais simple et compacte est née de ces contraintes.
Le second est situé à Rwamishiba, au Rwanda. Les matériaux disponibles dans le pays et la qualification de la main d’œuvre locale ont été les éléments déterminants dans la conception de ce foyer de remédiation et d’éducation. Comment construire en maçonnerie avec moins de béton, sans produits pétroliers et avec très peu de bois ? Comment se protéger de la surchauffe et des pluies violentes ? Comment éviter la dépendance aux technologies et leur maintenance ? Comment être autonome ? Ce sont là les objectifs visés… qu’il faudra suivre pour vérification.
Quels projets d’autres architectes belges sont selon vous de belles réussites ?
Les projets de Juliaan Lampens, Marie-José Van Hee et Vincent Van Duysen.
Quels architectes étrangers sont pour vous une grande source d’inspiration ?
David Chipperfield, Caruso St John et Bruther.
Quels projets récents construits à l’étranger considérez-vous comme particulièrement réussis ?
Le Neues Museum de Berlin.
Quel jeune architecte belge vous impressionne le plus pour le moment ?
Laure Bertrand de LRArchitectes.
Quels aspects du métier d’architecte trouvez-vous passionnants ?
La contrainte, qui force la créativité. Et le fait que la structure soit au service de l’espace, et non l’inverse. Mais la logique structurelle et matérielle peut aussi nous indiquer de nouveaux chemins à suivre et proposer des typologies jamais envisagées.
Quelle rencontre fut décisive pour votre épanouissement en tant qu’architecte ?
Une conférence de Peter St John à Loci Tournai, en 2012, au sujet d’un concours gagné à Lille, une architecture envisagée différemment qu’à travers une grille classique. Le point de départ était une étude sur la combinaison de matériaux et de couleurs, une approche sensible et qualitative.
Vous reconnaissez-vous encore dans le jeune étudiant ambitieux que vous avez été ? Rêve et réalité se sont-ils rejoints ?
J’ai commencé à penser l’architecture à partir du moment où j’ai pratiqué. Avant, je ne faisais qu’imaginer.
Un peu de tout
Quel autre métier auriez-vous voulu exercer ? Maçon, charpentier, jardinier
Où avez-vous suivi votre formation en architecture ? A l’Institut Saint-Luc de Tournai
Chez qui avez-vous été stagiaire ? Jean-Michel Autenne, un humaniste carolo qui m’a transmis l’humilité et les valeurs progressistes.
Quel était le titre de votre travail de fin d’études ? L’idée de Beau chez Platon et Nietzsche
Votre livre d’architecture favori : Les pierres sauvages, de Fernand Pouillon
Votre livre favori (hors architecture) : Quand la conscience s’éveille, d’Anthony de Mello
Votre film préféré : Dikkenek
Votre programme TV préféré : Je n’ai pas de TV depuis 20 ans !
Votre musique favorite : L’électro principalement, mais aussi les chants corses, les chants grégoriens et la musique classique.
Que faites-vous volontiers dans vos temps libres (si vous en avez) ? : Je goûte au silence ou au bruit décousu des terrasses.
La ville belge que vous préférez : Gand
La ville européenne que vous préférez : Madrid ou Barcelone, difficile de trancher…
Dans quel pays auriez-vous voulu naître et grandir ? La Belgique
Etes–vous sportif, actif ou passif ? Quels sports pratiquez-vous ? Footing, yoga et plongée sous-marine
Votre site d’architecture favori ? Birkhauser
D’autres sites web que vous appréciez particulièrement ? Pinterest