BIM et bois : faits pour s'entendre
La vingtième édition du Salon Bois & Habitat ouvrait ses portes ce matin avec une conférence professionnelle consacrée aux outils numériques pour le secteur bois. L'occasion de prendre connaissance du degré de maturité numérique des entreprises du secteur. Puis de tenter de rencontrer dans les allées du salon des utilisateurs BIM. Car la construction avec un matériau aussi traditionnel que le bois a semble-t-il beaucoup à gagner avec la numérisation des processus...
Face aux questions que suscite la transition numérique, Mélanie Léonard (Confédération Construction) et Benoît Michaux (CSTC) ont tenu à présenter les choses sur un ton rassurant. Selon la première, c'est certes une réalité mais il faut avant tout recentrer les choses sur l'humain, qui reste au coeur des métiers. De plus, le numérique n'est pas une fin en soi mais un outil pour arriver à ses fins.
Maturité numérique en berne
Et de présenter deux outils en ligne permettant aux entreprises d'établir un auto-diagnostic de leur maturité numérique. Pour ensuite être conseillées sur la façon d'aller plus loin dans cette transition numérique. Notons que ces deux outils ne sont pas spécifiques au secteur bois mais s'adressent à toutes les entreprises de la construction, le second visant spécifiquement les entreprises ayant une activité de production. Le premier outil analyse l'utilisation du numérique dans les processus commerciaux, les processus de gestion et les ressources humaines. Il produit un score gobal, des détails chiffrés, une comparaison anonyme avec les entreprises du secteur et des recommandations adaptées via un rapport didactique. Des premiers résultats, il résulte qu'avec un score moyen de 30%, les entreprises de la construction se situent dans la moyenne inférieure en termes de maturité numérique par rapport à l'ensemble de l'économie wallonne. Quant au second outil, développé dans le cadre du programme Made Different Digital Wallonia, il est accompagné d'une assistance gratuite d'un expert qui, aux dires de ceux qui s'y sont déjà frottés, est bien nécessaire pour appréhender le questionnaire. La démarche peut déboucher sur des Factory of the Future Awards remis au niveau national. C'est ainsi que l'édition 2018 a décerné 20 awards... dont 18 à des entrepries flamandes. Sans commentaires. Ou plutôt si : c'est toujours le même constat. Les Wallons, qui font pourtant de très belles choses, n'osent pas les montrer.... (refrain connu).
BIM et bois
Benoît Michaux, du CSTC, a ensuite présenté rapidement les possibilités et avantages du BIM, toujours sur un mode rassurant. Selon lui, le BIM est encore très marginal. Il n'y aurait actuellement en Belgique qu'une dizaine de chantiers en cours utilisant véritablement le BIM... Mais, bonne nouvelle, le secteur du bois, de par ses processus, aurait une longueur d'avance et aurait donc moins de difficultés que d'autres de se lancer. Ce qui est encore à la marge aujourd'hui, sera non pas généralisé mais répandu dans moins de 5 ans, selon lui. Nous vous épargnons ici la définition et les avantages du BIM et vous renvoyons par exemple à BIMtonic ou à BIMportal pour en prendre connaissance, si nécessaire. Parmi les obstacles freinant encore la progression du BIM, la question des responsabilités entre les différents acteurs de la construction. A ce propos, on sera heureux d'apprendre que le CSTC y travaille d'arrache-pied et vient d'ailleurs de publier un protocole de référence national.
Pour conclure ceette conférence, Nathalie Lebrun, responsable communication du groupe Riche (menuiserie Riche et Stabilame), est venue témoigner de la façon dont son entreprise passe le cap de la transition numérique. On retiendra que beaucoup d'outils informatiques ont été développés sur mesure pour coller à la production de châssis qui l'est tout autant. Raison pour laquelle le mot BIM n'a pas été prononcé. Il est sans doute illusoire de mettre à disposition des objets BIM pour des châssis qui n'ont rien de standard. Riche, fabricant, met par contre à la disposition de ses 300 clients professionnels une plateforme B2B. Une autre plateforme, plus orientée sur le conseil, sera bientôt également accessible aux architectes.
Et sur le terrain ?
WOW, le bureau d'études spécialisé en construction bois de Ney & partners, est pour la première fois présent comme exposant sur le salon. Benoît Hargot, ingénieur et partner, confirme que la construction bois s'accommode bien du BIM. Les spécificités du matériau font qu'il doit être dimensionné très précisément dès la phase d'études, le challenge sur le chantier restant l'assemblage. Pour cette raison, WOW travaille en 3D en récupérant la géométrie venant de l'architecte dans un logiciel grâce auquel il partage ensuite le modèle BIM avec l'entrepreneur. Le logiciel en question est cadwork, mis au point il y a .... plus de 30 ans en Suisse, à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Travailler ensemble, éviter la ressaisie des données, gagner du temps, limiter les erreurs, valoriser le savoir-faire... c'est ce que propose cadwork depuis des années et qui se concrétise enfin avec l'émergence du BIM. Bref, une solution BIM éprouvée et spécialisée bois, qui vaut sans doute la peine de s'y intéresser. Les quelques réalisations que WOW montre avec fierté valent également le détour, que ce soit notamment cette salle de réception en bois apparent pour un bar/restaurant à Bridel dans la campagne luxembourgeoise ou les logements étudiants de Specimen architects, rue de l'Inquitétude à Namur, tout juste inaugurés.