Campus scolaire Ceria : un site d’apprentissage innovant avec une école verticale dans un écrin de verdure (V+, MSA & 51N4E)
Quiconque emprunte le Ring de Bruxelles après Anderlecht l’aperçoit déjà de loin : une façade dorée surmontée d’un toit en dents de scie émerge au-dessus des arbres. Cette silhouette marque la Scholencampus Ceria, un ambitieux complexe scolaire signé par les bureaux d’architectes V+ architecture, MSA et 51N4E, conçu en collaboration avec Bureau Bouwtechniek, Greisch, MK Engineering, Plant en Houtgoed et Daidalos Peutz. Le maître d’ouvrage, la Commission communautaire française, mise ici sur un enseignement innovant et inclusif, dans un cadre paysager d’exception.
Le site du Ceria, référence en matière de formations alimentaires depuis les années 1950, écrit avec ce projet un nouveau chapitre. Entre les imposants bâtiments ocre jaune et l’étang bordé d’arbres s’étend désormais un environnement d’apprentissage contemporain de 20.000 m², intégré dans un parc d’une superficie équivalente. Le résultat : une école ouverte sur son environnement, qui redéfinit ce qu’un campus peut être aujourd’hui.
Un nouveau type de campus entre le Ring et le canal
Le concept repose sur une idée simple mais forte : concevoir le campus comme une série de pavillons autonomes implantés dans un grand parc. Plutôt que de construire un volume continu, V+, MSA et 51N4E ont choisi de donner à chaque programme sa propre identité architecturale. Les bâtiments se répartissent entre pelouses, terrains de sport et jardins fleuris, reliés par un réseau de sentiers. Il en résulte un ensemble ouvert et accessible, qui renforce les liens avec le quartier voisin, le canal et le Ring.
L’ancienne drève, jadis limite du campus, a été repensée comme axe central. Le long de cette colonne vertébrale verte se déploient désormais cinq volumes : deux écoles (DOA et D2/3), un réfectoire, une salle de sport rénovée et une petite cafétéria au bord du canal. Le mélange de constructions neuves et réhabilitées confère à l’ensemble une échelle humaine et recrée un lieu où apprentissage, mouvement et rencontre cohabitent harmonieusement.
Le premier degré secondaire : V+ imagine une école comme geste paysager
L’école du premier degré, conçue par V+, s’inscrit horizontalement dans le paysage. Son volume en U entoure une cour protégée, ouverte sur le parc. La toiture forme à la fois un auvent et une terrasse accessible, propice aux échanges. Les façades, en béton apparent finement détaillé, allient robustesse et convivialité.
Côté canal, les serres dédiées à l’enseignement horticole rappellent l’histoire du campus alimentaire. Un toit ondulant monumental couvre la salle de sport, tandis que des détails surprenants – bancs intégrés en béton, escaliers menant à une terrasse sur l’eau – insufflent une dimension ludique à l’ensemble. L’architecture exprime une grande générosité : un lieu où les élèves disposent d’espace pour grandir, au sens propre comme au figuré.
L’école verticale de MSA : compacte, claire et urbaine
Le secondaire supérieur, ou bâtiment D2/3 conçu par MSA, constitue le repère visuel du campus. Ici, les architectes superposent classes, ateliers et espaces administratifs dans une école verticale de six étages. L’édifice repose sur de fins pilotis de béton, abritant une cour de récréation couverte et reliée à un hall d’entrée en double hauteur. À l’intérieur, larges couloirs, escaliers et terrasses s’enchaînent pour former un paysage intérieur dynamique.
Au dernier étage, une salle de sport offre une vue panoramique sur Bruxelles. Le toit à profil en dents de scie devient à la fois signe distinctif et symbole : une école qui s’élève au-dessus du tumulte urbain et contemple son environnement. Les matériaux – béton, acier et bois – restent apparents, affirmant la sincérité de la construction.
51N4E et les espaces partagés : du réfectoire au lieu communautaire
Le premier bâtiment que découvrent les visiteurs est le réfectoire, conçu par 51N4E. Ce volume bas et circulaire en bois est surmonté d’un vaste toit végétalisé. Sa large corniche crée un auvent sous lequel les élèves peuvent s’abriter pendant les pauses ou par temps de pluie. De grandes baies vitrées assurent transparence et dialogue visuel avec le parc.
Plus loin, le même bureau a réhabilité l’ancienne salle de sport – la « Hall O » – transformée en une structure ouverte et baignée de lumière, dotée de fenêtres sur ses deux pignons. Bibliothèque et vestiaires ont été repensés, tandis que la façade donnant sur la drève a retrouvé une nouvelle vie. En privilégiant la rénovation plutôt que la démolition, les concepteurs ont non seulement libéré du budget pour d’autres bâtiments, mais aussi préservé la mémoire du site.
Un parc paysager comme lien fédérateur
Le plan paysager de Plant en Houtgoed relie les différents bâtiments en un ensemble cohérent. Pelouses ouvertes, petits jardins, massifs d’arbres et zones sportives se succèdent naturellement. Une clôture discrète entoure le site sans compromettre son ouverture. Les rez-de-chaussée, largement vitrés, dialoguent avec le parc, qui devient ainsi une vaste cour de récréation.
La drève forme l’axe principal, créant des perspectives du canal jusqu’au Ring. On y trouve un kiosque et plusieurs espaces de repos, faisant du campus un lieu accueillant pour les riverains. L’ensemble ne se conçoit pas comme une enclave fermée, mais comme un espace public où la ville et l’école se rejoignent.
Un environnement scolaire généreux pour les jeunes citadins
Ce qui unit les trois bureaux d’architectes, c’est leur compréhension fine des besoins des élèves d’aujourd’hui. La plupart des jeunes du Ceria viennent de la zone du canal, où l’espace libre se fait rare. La nouvelle campus leur offre précisément cela : de l’air, de la lumière, des vues dégagées et des espaces pour jouer. Les larges couloirs deviennent des lieux de rencontre, les escaliers et terrasses encouragent le mouvement et la convivialité.
Le campus redéfinit ainsi la notion même d’école : non pas une machine d’apprentissage fermée, mais un fragment ouvert et généreux de la ville. Par la symbiose entre architecture, paysage et pédagogie, Ceria démontre qu’un projet scolaire peut être à la fois fonctionnel et poétique – un lieu qui enseigne autant qu’il inspire.