Centre de Congrès à Mons : H2A et studio Libeskind main dans la main
A l'occasion de la présentation du MICX, centre de congrès à Mons, Architectura a rencontré Pascal Daspremont, gérant du bureau H2A, et s'est intéressé à la collaboration entre ce bureau montois et l'icône internationale qu'est Daniel Libeskind.
Tout a débuté il y a 4 ans par un coup de fil reçu peu avant Noël et la question un peu mystérieuse de l'entrepreneur (CIT Blaton) à Pascal Daspremont, gérant de H2A : « Etes-vous intéressé à collaborer avec un grand architecte américain pour un projet belge ? ». A ce moment, Pascal Daspremont ignorait encore qui était cet architecte et de quel projet il s'agissait. Mais il ne pouvait que répondre positivement à une telle invitation, malgré sa crainte de devoir "jouer les petits mains" pour le compte d'une stararchitecte.
Une collaboration exemplaire
Dès les premiers contacts cependant, ces craintes ont été évacuées : « Nos premières remarques ont été très bien accueillies. En moins de 3 semaines, nous avons commencé à collaborer très efficacement. » Puis tout est allé très vite, la phase concours étant très courte, tout juste trois mois. « Travailler en collaboration par-delà l’Atlantique est facilité par le décalage horaire, qui nous permet de travailler 24 heures sur 24. Nous avons pu aller très loin dans l’élaboration de l’esquisse. Nous avons présenté un projet déjà bien abouti, qui fonctionnait en matière de sécurité incendie, d’acoustique, de compartimentage, etc.
Nous sommes peu intervenus sur la définition initiale de l’image du bâtiment mais beaucoup plus sur son fonctionnement, son organisation interne, les connexions entre les différents espaces à l’intérieur, la communication avec l’extérieur. Tout cela a fortement changé en cours de projet. L’architecture, ce ne sont pas que des formes et des volumes, il faut que cela fonctionne, surtout pour un centre des congrès.
Après avoir été désignés lauréat du concours, nous sommes passés à la phase de développement du projet. Lors du concours, l’entreprise avait remis un prix dont nous n’avions pas connaissance. En passant à la concrétisation, nous avons très vite compris que ce que nous avions imaginé, tout en n’ayant pas eu l’occasion de le représenter complètement au stade de l’esquisse, ne collait pas toujours avec le bordereau de l’entreprise. Comme il était hors de question d’avoir des suppléments, il a fallu trouver des solutions esthétiques et structurelles pour pouvoir rester dans le budget. Bien entendu, nous avons dû prendre garde à ne pas faire de concessions fâcheuses qui risquaient d’appauvrir le projet imaginé à la base. Cela a constamment été géré en concertation avec le studio Libeskind, qui était très conscient du budget, nous avons ensemble cherché des solutions et fait des compromis afin de rester dans le budget . Nous avons également eu la chance de travailler avec une entreprise (CIT BLATON) dont le directeur (Frédéric Loriau) est très sensible à la qualité architecturale, cela nous a permis de débloquer beaucoup de situations délicates.»
Une réussite architecturale
Résultat : un superbe bâtiment contemporain, premier achevé dans un nouveau quartier qui se veut le trait d'union entre le cœur historique de Mons et la ville nouvelle. Un bâtiment bien calibré qui, bien qu’il atteigne une hauteur de 17 mètres, ne s’impose pas sur l’environnement. L'architecture en rubans se développe en une spirale ascendante. Le mouvement se termine par une pointe métallique en porte à faux qui crée un point de repère orienté vers le Beffroi situé de l’autre côté de la voie ferrée et qu’il semble désigner. A l’intérieur, les rubans forment une coquille autour des principaux espaces publics. Ils dessinent l’enveloppe de l’espace forum ainsi que des auditoriums, en les reliant ensemble horizontalement et verticalement. Les salles de conférence et de commission ont été implantées à l’étage supérieur, une décision moins influencée par l’efficacité structurelle que par l’intention d’animer les fronts de rue au travers les larges ouvertures vitrées du forum, de la salle de réception et de la salle polyvalente. Les auditoriums sont accessibles depuis l’entrée via un atrium, où un escalier monumental et une grande plate-forme formant mezzanine sur le forum guident le visiteur.
Pourquoi H2A ?
Outre son ancrage dans la cité du Doudou, H2A a accumulé au cours des 10 dernières années une grande expérience sur d’ importants projets tels que le Centre Commercial des Grands Prés, le Forem Initialis, le Centre de Distribution Logistique de H&M ou encore le Data Center de Google à Ghlin. Pascal Daspremont : « Initialis fut très intéressant car le projet date de 2004 et a remporté en 2005 l'Award de l'Architecture et de l'Energie, à une époque où on parlait encore très peu de développement durable. Il a donc été conçu en expérimentant de nouvelles solutions, comme une machine qui allait justement pouvoir servir à l’expérimentation et à la formation. Tous ces projets nous ont permis d’avoir des contacts et des références, qui nous ont valu d’être ensuite contactés par d’importantes sociétés. C’est ainsi que nous avons eu la chance de construire le premier Data Center d’un géant du net en dehors des Etats-Unis. Cela nous a permis de travailler pendant 5 ans avec un client et des ingénieurs américains… et donc nécessairement de nous familiariser avec le domaine particulier qu’est la collaboration internationale. La carrière d’architecte est faite de rencontres et de hasards, d’opportunités qu’il faut oser saisir. Il faut parfois faire preuve d’audace et se lancer. »