Habitat groupé à Malonne, trait d'union entre les générations (Carole Brunin & Mathurin Smoos)
Au départ, il y avait une carrière désaffectée jouxtant un bunker enfoui sous les ronces, un chancre dans ce quartier de Malonne, un de ces innombrables « non lieu » des zones péri-villageoises… Et puis est née une idée d’habitat groupé. L’envie de recréer de l’harmonie, de ressourcer le genius loci malmené, de retisser des liens physiques et humains dans le quartier. Les architectes Carole Brunin et Mathurin Smoos ont redessiné le paysage pour créer un lieu de vie intergénérationnel en prenant en compte toutes les dimensions de l’écologie.
Le logement est au cœur de la question de l’aménagement du territoire. Comment concilier désir individuel et préservation du « bien commun » ? Notre responsabilité d’architecte est d’apporter des réponses innovantes, sensibles et humanistes à cette question. Ce projet tente d’y répondre par une approche basée sur l’évolutivité (flexibilité, modularité, adaptabilité) et sur la recherche d’une symbiose avec le lieu en tant qu’écosystème (nature, économie, habitants, usagers).
Un premier bâtiment abrite deux logements de plain-pied, conçus pour une adaptabilité pour les PMR. Par la suite, une maison de 120m2 conçue pour une famille avec deux enfants est venue compléter le projet.
Un projet, trois objectifs
- Redessiner le paysage
- Nettoyage et reprofilage de l’ancienne carrière en maintenant et renforçant la végétation intéressante au niveau de la biodiversité
- Maintien des traces historiques du lieu (carrière, bunker)
- Inscription des volumes de manière lisible dans le paysage. Une intégration affirmée et restructurante
- Minimisation de l’impact de la voirie par un jeu sur les niveaux et le positionnement du volume des garage
- Créer un lieu de vie intergénérationnel
- Proposer des logements adaptables (PMR), flexibles (aménagements intérieurs) et modulables (variation du nombre de logements possibles) … sans travaux supplémentaires ! – la conception intègre la possibilité de faire évoluer les logements sans coûts importants, notamment par la possibilité de créer deux logements supplémentaires dans l’enveloppe du bâtiment principal
- Pari réussi ! Un couple de pensionnés, une travailleuse célibataire et une famille avec enfants vivent et font vivre le lieu.
- Bâtir en prenant en compte toutes les dimensions de l’écologie :
- Réhabilitation d’une friche
- Etude botanique du site
- Analyse géobiologique
- Bâtiments très basse énergie : isolation poussée, VMC double flux
- Matériaux écologiques (e.a. flocage de cellulose, bois fsc, plaques de gypse, peintures bio, …)
- Récupération et potabilisation de l’eau de pluie (tous usages)
- Plantations d’espèces indigènes et recréation d’écosystèmes
- Information et création de relations avec les voisins pour le chantier
- Choix d’entreprises locales (circuit court)
Adaptabilité et modularité
Le logement est adaptable (accessible aux PMR) et est cité en exemple par Gamah pour illustrer la nouvelle réglementation wallonne. Il est de plus flexible et modulable (cloisons en mobilier, structure en plan semi-libre, aménagements futurs étudiés e.a pour créer des appartements à l’étage).
La maison double comporte un espace commun pour accéder au sous-sol et à l’étage. Cet étage pourra ultérieurement être aménagé soit en un ou deux logements indépendants, soit compléter les logements existants avec un accès direct (le hall est conçu pour accueillir un escalier sans travaux de gros-œuvre). Flexibilité maximale !
La maison individuelle a été réalisée dans le cadre d’un budget serré (150.000€ ttc pour 120m2). Les espaces de vie sont dilatés par un jeu volumétrique et le positionnement des baies.
Singularité et cohérence globale
Les aménagements extérieurs ont été conçus pour atténuer l’impact de la voirie tout en gardant une perméabilité avec la rue pour faciliter le contact entre les habitants et le quartier. L’articulation entre les différents espaces (public, commun et collectif, privatifs, intimes) se base sur une progression du cheminement et offre un statut clair à chaque lieu en jouant sur les niveaux, les matériaux et les effets de paroi (transparence, coulissants, végétation, …).
La volumétrie de l’architecture découle de la géométrie du nombre d’or. La simplicité des volumes et des élévations dévoile cependant une subtilité dans l’articulation des espaces et dans les détails. Le traitement singulier de chaque logement découle du lieu et s’inscrit « naturellement » dans la cohérence et l’unité générale.