HVAC : l’avenir, un terrain de jeu passionnant pour les professionnels
Quels sont les défis actuels auxquels doivent répondre les professionnels du secteur HVAC (CVC) ? Quelles sont les nouveautés en matière de techniques, de technologies, de produits, de matériaux et de normes qui s’annoncent pour les années à venir ? Sur le conseil pertinent de l’ATIC (l'Association Royale de la Technique du chauffage, de la ventilation et de la climatisation), architectura.be a demandé à un spécialiste de l’HVAC d’éclairer les lecteurs sur ces questions. La parole est donc laissée à Ivan Verhaert, professeur à l’EMIB (Energy & Materials in Infrastructure & Buildings) au sein de la Faculté d’Ingénierie Appliquée / Electromécanique de l’Université d’Anvers.
L’HVAC est un secteur en plein mouvement. Nouvelles technologies et nouveaux vecteurs énergétiques, développement de la numérisation et de la domotique, amélioration des techniques, adaptation et évolution des normes, commercialisation de produits innovants,… les professionnels ont du pain sur la planche s’ils veulent se mettre et rester à jour dans leur métier au quotidien.
HVAC : qualité de l’air
Assurer un air sain en permanence est-il au centre des préoccupations des fabricants ? Oui, selon Ivan Verhaert, que cela réjouit : « L’intérêt grandit et c’est selon moi une bonne approche. On considérait et on considère encore trop souvent le HVAC sous l’angle de l’investissement et du coût énergétique, alors que sa première fonctionnalité est de fournir confort, qualité de l’air et hygiène. Il est important de continuer à promouvoir ces fonctions et il serait même intéressant de passer à la vente de services au lieu de celle de produits connexes, compte tenu de l’évolution vers une économie circulaire. »
Dans le secteur du chauffage, on assiste à une tendance à la décarbonisation et on porte davantage d’attention à la qualité de l’air et au refroidissement, alors que c’était le chauffage qui dominait auparavant le marché. « L’accès aux données et la capacité de les traiter ont énormément évolué : cela a déjà et aura encore un effet sur le HVAC de demain », estime Ivan Verhaert.
Nouveaux vecteurs énergétiques
« Dans le domaine des techniques recourant à des énergies décarbonées, nous assistons à l’apparition de nouveaux vecteurs énergétiques tels que l’hydrogène, l’électricité ou les réseaux de chaleur, en remplacement des applications classiques au gaz naturel ou au mazout », explique Ivan Verhaert. « Deux tendances se dégagent en termes d’approvisionnement énergétique : d’une part la poursuite de la décentralisation et de l’électrification, dans laquelle le HVAC évolue vers une application, et d’autre part un regroupement important de la demande de chaleur, qui se traduit par davantage de systèmes collectifs, tels que les réseaux de chaleur ou les systèmes de boucles combinées. »
« Pour garantir le confort individuel, la tarification et l’efficacité énergétique globale, les Heat Interface Units (HIU) jouent un rôle essentiel », continue-t-il. « On en connaît déjà des versions innovantes : pompe à chaleur avec chauffage d’appoint électrique, avec pompe à chaleur booster ou avec stockage local. Je pense qu’à terme, les demandeurs de chaleur deviendront des prosommateurs (prosumers), comme c’est déjà le cas pour l’électricité. Vu le réchauffement climatique et l’apparition de ces prosommateurs, le réseau de chaleur du futur devra également jouer un rôle en matière de refroidissement. »
Offre de services VS vente de produits
Ivan Verhaert : « A l’avenir, les techniques classiques seront combinées avec de nouvelles techniques de monitoring et de traitement des données, de sorte que nous ne parlerons plus de vente d’appareils séparateurs de boues ou de maintien de la pression, mais d’offre de services de maintenance (prévisionnelle) ou de services de qualité. Cette numérisation ira sans doute de pair avec le déploiement du BIM dans la conception, même si la traduction de ce concept dans la pratique nécessitera plusieurs étapes avant d’arriver au niveau de détail souhaité pour chaque type de bâtiment. »
Selon le professeur de l’EMIB, on remarque actuellement une baisse de la qualité de l’air dans notre environnement urbain. « Nous pouvons donc nous attendre à voir apparaître davantage de produits qui, non seulement maintiendront (passivement) la qualité de l’air intérieur grâce à la ventilation, mais amélioreront aussi (activement) la qualité de l’air par rapport à l’air extérieur grâce à l’épuration. »