L’architecte, travailleur social ou mercenaire ?

Le Conseil flamand de l'Ordre des Architectes a tenu ce 24 avril une journée de réflexion sur le thème « L'architecte en (r)évolution ». La grande salle du centre de congrès BEL à Tour & Taxis a débattu sur le rôle en mutation de l’architecte, qui plus que jamais doit chercher son chemin dans un labyrinthe de réglementations tout en voyant sa charge de travail augmenter sans cesse ces dernières années. La conclusion de cette journée : la profession est sévèrement mise sous pression et un changement s’impose. Sur la question de savoir si celui-ci doit prendre la forme d’une évolution ou d’une révolution, les avis furent toutefois partagés. 

 

La profession d’architecte est mise sous pression tous azimuts. Un écheveau de réglementations toujours plus nombreuses rend la charge de travail presqu’insupportable pour beaucoup, et la description du métier datant de 1939 est dépassée. Ces constats ont poussé l’Ordre des Architectes – Conseil flamand à organiser une journée de réflexion, à laquelle furent invités architectes, représentants politiques, promoteurs et experts issus du monde académique. Le but : analyser plus en profondeur ce que le secteur est en train de vivre et réfléchir ensemble à l’avenir de la profession d’architecte.


Trois tables rondes

Trois tables rondes ont ainsi été organisées, chacune autour d’un thème spécifique : « L’architecte : travailleur social ou mercenaire », « Concepteur et/ou exécutant ? » et « Espèce protégée ou gibier ? »  Participèrent aux débats, entre autres : Kristiaan Borret, maître-architecte bruxellois, Marc Dillen, directeur-général de la Confédération Construction flamande, Lode Ceyssens, parlementaire régionale flamande et Inez De Coninck, parlementaire fédérale. Xander Vermeulen Windsant, architecte chez XVW architectuur et lauréat hollandais du EUMiesAward 2017, assurait le rôle de keynote speaker. Liesbeth Indeherberghe, journaliste à la VRT, modérait les débats. Le public attentif était composé d’architectes, d’architectes stagiaires et d’étudiants en dernière année d’architecture, avec la possibilité de participer activement en votant lors de différents sondages ou en posant des questions.


Actualisation du cadre légal

Quelques conclusions interpellantes : 40% des architectes trouvent que leur rôle n’est pas socialement pertinent, mais 75% disent apprécier une mission davantage en fonction de sa contribution pour la société et de sa qualité que pour son côté lucratif.  Précisément la moitié des personnes présentes est convaincue des avantages d’une association de fait entre architecte et entrepreneur et conteste donc l’article 6 de la loi définissant la profession d’architecte qui stipule d’incompatibilité entre les deux rôles. Presque tous (97%) se sont prononcés en faveur d’une actualisation des tâches de l’architecte telles que définies par la loi. Les parenthèses dans la formule « l’architecte en (r)évolution » trouvent tous leur sens : 55% préfèrent des mesures drastiques, le plus rapidement possible, tandis que 45% accordent le temps nécessaire aux décideurs politiques.


Mot de la fin en chansons

Rik Neven, gérant de Redactiebureau Palindroom/architectura.be, avait la lourde tâche de conclure. Il raccrocha son analyse des débats à quelques-unes de ses chansons préférées. Ces paroles de Bob Dylan résonnaient en lui : “Times They Are A Changin’”. « Si ce débat a pu mettre en évidence quelque chose, c’est bien le constat que la description du rôle de l’architecte datant de 1939 est dépassée. Nous ne pouvons plus voir la profession avec le même regard que jadis. Il est absolument nécessaire d’adapter la loi. »
Let’s stick together, entrepreneur et architecte ont une même ambition : livrer au maître d’ouvrage un projet réussi. Dans cette optique, un travail en équipe de construction devrait signifier une valeur ajoutée, même si environ la moitié des personnes présentes ne l’entend pas de cette oreille. »
Avec “You can’t always get what you want”, Rik Neven demanda aux révolutionnaires un peu de patience et de réalisme. « Mais cette même citation ne peut pas être utilisée par les politiciens présents pour ne faire que de petits pas. ». Neven souligna encore qu’il ne comprend absolument pas que 40% des architectes trouvent leur rôle non pertinent pour la société.

Les principales conclusions de cette journée seront reprises dans l’élaboration des politiques de l’Ordre des Architectes et dans de prochaines discussions avec différentes parties concernées. Sur architectura.be, nous reviendrons ultérieurement plus en détail sur certains de ces points.

  • Partager cet article

Nos partenaires