La Confédération Construction identifie 8 priorités pour les élections
La Confédération Construction vient de publier un memorandum afin d'attirer l'attention des futurs responsables politiques sur 8 thèmes cruciaux pour le secteur de la construction. Elle organisera également une table ronde sur ce sujet avec des représentants de tous les partis politiques, le 21 février prochain (plus de détails sous la rubrique Agenda).
Les élections régionales, fédérales et européennes auront lieu le 26 mai prochain. La Confédération Construction a listé les 8 priorités du secteur au niveau fédéral.
1. Une mise en œuvre rapide et suivie du pacte national pour les investissements stratégiques
Tous les experts reconnaissent la nécessité de mettre un terme à la faiblesse structurelle de nos investissements publics et de relancer la dynamique de l’investissement dans des projets créateurs de croissance économique. Le rapport de septembre 2018 du Comité stratégique du pacte national d’investissements ouvre la voie à des projets concrets d’investissement, notamment dans le domaine des transports et de la mobilité et dans celui de la rénovation énergétique des bâtiments publics. Il est essentiel de le mettre rapidement en œuvre.
2. Une politique fiscale adaptée à l’investissement immobilier des ménages
Deux grands défis doivent être relevés en matière de logement : la rénovation énergétique à grande échelle (condition indispensable à la réalisation des objectifs environnementaux auxquels le pays s’est engagé) et l’offre suffisante de logements locatifs. Ces défis ne peuvent être abordés que dans le cadre d’une politique forte de soutien des investissements des ménages dans la rénovation énergétique de leur logement et, pour ceux qui le peuvent, dans leur capacité d’investir dans le logement locatif. Les pouvoirs publics sont dès lors notamment invités à généraliser à l’ensemble du territoire national le régime du taux réduit de TVA (6%) pour la démolition-reconstruction et l’extension de ce régime à la vente des logements reconstruits.
3. Une meilleure maîtrise des coûts de la construction
Le coût de la construction est directement influencé par l’ensemble des coûts qui pèsent sur les entreprises, qu’il s’agisse des matériaux, du matériel, des salaires et charges, ou encore des frais généraux. Toute augmentation d’un poste de charge de l’entreprise se répercute de manière quasi automatique sur le coût à charge du client, l’entreprise de construction ne disposant pas de marges suffisantes pour absorber cette augmentation. Le monde politique devrait donc veiller tout particulièrement à la maîtrise des coûts de la construction : maîtriser les coûts salariaux, éviter les mesures entraînant une augmentation des coûts directs et indirects de la construction, maintenir et renforcer les outils permettant de suivre les évolutions des prix des matériaux et de détecter le plus en amont possible les situations à risque.
4. La restauration de conditions correctes de concurrence
Le fonctionnement des entreprises sur le marché de la construction est largement perturbé par des conditions de concurrence déloyales, en particulier celles issues de l’intervention massive d’entreprises étrangères bénéficiant de coûts salariaux largement inférieurs aux coûts salariaux belges et celles d'opérateurs agissant dans des conditions qui ne sont pas celles du marché. Cela passe notamment par la mise en œuvre intégrale du régime légal de réduction des charges inscrit dans la loi du 26 mars 2018 relative au renforcement de la croissance économique et de la cohésion sociale (travail en équipes pour l’exécution de travaux immobiliers sur sites), un meilleur encadrement du régime du détachement de travailleurs dans la construction et un meilleur contrôle de la réalité des situations de détachement sur le territoire national et une évaluation approfondie de l’incidence de l’économie collaborative et des diverses formes d’économie sociale sur la capacité concurrentielle des petites entreprises de construction.
5. Un cadre de fonctionnement mieux adapté aux besoins des entreprises
Le cadre réglementaire belge applicable aux entreprises et à leurs modes de fonctionnement est encore trop souvent peu équilibré et il n’offre pas toute la sécurité juridique dont le monde de l’entreprise a tant besoin. A l’inverse, certains régimes sont parfois remis en cause dans divers milieux politiques alors qu’ils sont précisément soutenus par l’ensemble des entreprises du secteur. Une plus grande responsabilisation des acteurs de la construction et une meilleure définition de leurs rôles respectifs doit par ailleurs être recherchée pour rendre optimale la collaboration à l’acte de construire, notamment dans des projets complexes. Enfin, le processus de simplification administrative doit être relancé, son ralentissement au cours des dernières années ayant conduit à un nouvel accroissement de la charge administrative des entreprises.
6. Une nouvelle dynamique pour le marché du travail
Le marché du travail de la construction ne répond pas correctement à l’évolution des besoins du secteur et de ses entreprises. Celles-ci sont aujourd’hui, plus que dans le passé, confrontées à d’importantes difficultés de recrutement de la main-d’œuvre, notamment dans les nombreuses fonctions en pénurie du secteur. On estime à quelque 13.500 le nombre d’emplois vacants dans la construction qui n’ont pas trouvé preneurs au deuxième trimestre 2018. Le secteur de la construction reste par ailleurs confronté à diverses formes de travail irrégulier et de fraudes sociales qui nuisent gravement à la capacité concurrentielle des entreprises régulières tout en affectant l’image du secteur. Le secteur de la construction attend du monde politique qu’il prenne des mesures qui permettent tout à la fois de dynamiser le marché du travail, grâce entre autres à une formation plus ciblée des demandeurs d’emploi et à l’activation des politiques de placement.
7. Une contribution à l’amélioration de la sécurité au travail
La Belgique est un élève très moyen de la classe européenne en matière de sécurité au travail, dans la construction mais aussi dans l’ensemble des autres secteurs d’activité. Notre pays se situe loin derrière les pays les plus performants en matière de prévention des risques. C’est dans ce contexte que la Confédération s’est donné pour objectif de réduire de moitié le nombre d’accidents de travail sur les chantiers d’ici 2020. Les pouvoirs publics ont, eux-aussi, un rôle important à jouer dans la réduction des accidents de travail, par une action de sensibilisation et par une collaboration structurelle avec les acteurs du monde du travail, entre autres une plus grande responsabilisation des maîtres d’ouvrages, en particulier dans le secteur public, afin de contribuer à l’amélioration de la prévention des accidents de travail en imposant dans leurs cahiers de charges des critères de sélection et des conditions d’exécution qui concernent le domaine de la sécurité au travail.
8. Le soutien aux transitions numérique et technologique
La construction est entrée dans un processus de numérisation plus poussé, comme le montre le développement des nouvelles techniques numériques dans les modes de production du secteur : BIM, imprimantes 3D, objets connectés et drones font désormais partie des outils que les entreprises de construction doivent apprendre à intégrer. La numérisation aura d’importantes répercussions sur les processus de construction, sur la collaboration avec les partenaires dans l’acte de construire et bien entendu sur les métiers et les profils de qualification des travailleurs. Les pouvoirs publics ont un rôle de soutien à assumer dans ces évolutions majeures pour l’avenir de la construction, secteur d’activité clé de notre économie. Ce rôle de soutien passe notamment par l’adaptation des réglementations à l’évolution de la technologie numérique (intégrer un cadre minimum pour le BIM dans la réglementation sur les marchés publics et assouplir la réglementation sur l’utilisation de drones pour en permettre l’usage sur les chantiers).