La fin du Bouwmeester flamand
Mi-2015 s'achève le mandat de Peter Swinnen en tant que Bouwmeester flamand. Ce sera aussi la fin de la fonction de bouwmeester tout court. Ainsi en a décidé le nouveau gouvernement flamand, qui veut la remplacer par un collège de cinq experts à temps partiel. Nous vous présentons ci-dessous une traduction libre d'un article de Geert Sels, paru dans le Standaard.
Que la fonction de Bouwmeester flamand soit évaluée, n'est pas une surprise. Qu'elle soit abrogée, en est une. La décision a été annoncée dans un passage anodin de l'accord de gouvernement du nouveau gouvernement flamand. « A l'issue du mandat de l'actuel bouwmeester, nous mettons en place un collège de bouwmeesters », peut-on y lire.
Il y a un mois avait été annoncé que le Prix annuel du Bouwmeester serait remplacé par le Prix (bisannuel) Wivina Demeester. C'était un signe précurseur. Il n'y aurait donc plus de bouwmeester pour remettre un prix.
Cela ne signifie pas que la Flandre est désormais livrée à toutes les dérives constructives. Le nouveau gouvernement souhaite organiser autrement sa politique architecturale.
Désormais, ce seront cinq architectes-experts qui officieront à temps partiel avec un mandat temporaire. Chaque membre de ce collège peut remettre un avis sur des projets de la région flamande et des pouvoirs communaux.
« La fonction de Bouwmeester flamand est élargie pour couvrir de la qualité des bâtiments à l'aménagement du territoire », affirme Bart Huybrechts, conseiller au cabinet de Geert Bourgeois (N-VA). « Cela nous a semblé faire double emploi avec les services de l'aménagement du territoire, qui remettent aussi des avis. En intégrant le Bouwmeestercollege aux services de l'aménagement du territoire, ils sont en mesure de mieux coordonner les projets en cours entre eux. » Avec cette nouvelle façon de travailler, le gouvernement espère pouvoir mettre davantage de continuité dans sa politique. Huybrechts : « Bob Van Reeth était un planologue, Marcel Smets un urbaniste et Peter Swinnen un architecte. Il s'agit de trois profils différents. Avec un collège, on peut éviter que des accents différents soient mis lors d'un changement de mandat. Les missions de conception émises pouront être évaluées de manière plus uniforme. »
Trop élitiste ?
La nouvelle méthode rencontre les voeux d'un vaste éventail de bureaux d'architecture qui souhaitent se voir confier une mission. Récemment, la profession se plaignait sur la plateforme internet Architectura du fait que le Bouwmeester flamand n'attribuait des missions qu'à un club restreint, à des concepteurs étrangers et se montrait trop élitiste.
« La méthode de l'appel ouvert (open oproep), par laquelle les bureaux peuvent se montrer candidats pour une mission, fonctionne bien » affirme Huybrechts. « J'ai ainsi suivi différents projets. Il y a de grandes chances que nous gardions le système. Mais si vit dans le marché la perception que l'attribution ne se fait pas de façon transparente, aborder les choses autrement peut apporter une dose de confort. »
La question se pose si un Bouwmeestercollege peut faire preuve d'autant de pertinence s'il est choisi par la profession elle-même. Celle-ci est en effet d'avis que Peter Swinnen a des visées trop ambitieuses et laisse ainsi de nombreuses équipes sur le bord de la route..
Sous la gestion actuelle, la technique de l'open oproep a mené à des projets de grande qualité qui ont été salués jusqu'à l'étranger. Peu d'équipes établies et créatives en saisissent les opportunités. Par ailleurs, en lançant des projets-pilotes, le Bouwmeester incite les bureaux à réfléchir autrement sur des thèmes comme la santé, l'enseignement et le logement collectif.
« Je suis surpris par cette décision », dit Christoph Grafe de l'Institut flamand d'architecture. « La politique menée avec les open oproepen et les projets-pilotes porte ses fruits. A l'étranger, on considère que la Flandre a une culture architecturale vivante avec un profil novateur. Un Bouwmeester doit pouvoir fonctionner comme un penseur et un concepteur indépendant, qui ne doit certainement pas être tenu en laisse. » Hier, le bouwmeester flamand Peter Swinnen n'a pas souhaité réagir.