La Villa Troglodyte de J-P Lott, une piste pour l'habitat de demain ?

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L'architecte Jean-Pierre Lott, en association avec l'Atelier Raymond Architecte, vient de signer un logement privé hors du commun, la Villa Troglodyte. Une villa très haut de gamme (500 m2 de surface de plancher) sur 5 étages, construite dans un rocher... sur le Rocher monégasque. La Villa Troglodyte est aussi l’occasion d’une réflexion fondamentale sur l’espace et l’énergie. Le projet lance en effet des pistes d’étude sur ce que pourrait être l’habitat de demain.

 

La construction d’une villa troglodyte pose la question du rapport de l’homme à la nature, de la nature à la culture : comment installer une maison dans un rocher, un paysage, sans l’altérer, en respectant ses volumes, ses failles, sa végétation. L’enjeu du projet était de faire entrer la maison dans le paysage et non le contraire. Ainsi, le projet se construit à l’envers : il est sculpté dans la masse. Il faut aller chercher la lumière, cadrer les vues sur les perspectives choisies. L’espace est obtenu par évidement, non par la construction. A l’heure du réchauffement climatique, le projet se devait d'être économe, exploiter les énergies naturelles, la géothermie, l’énergie solaire, la récupération d’eau de pluie et respecter les enjeux environnementaux.

Un parcours organisé autour d'une faille

On entre dans la maison par une faille dans le rocher : de là, on accède par une passerelle à une grande salle surplombant un bassin, métaphore d’un lac souterrain. La lumière filtre par une grande faille qui se développe sur la hauteur de la maison et qui renvoie elle aussi à l’univers sous-terrain. Tout le parcours reliant les pièces de la maison sur ses 5 étages (rdc bas, rdc haut, +3) s'organise autour de cette faille. Depuis l’entrée, le vide et les planchers de verre offrent des perspectives sur toute la maison. Les pièces de vie ont des percements qui traversent le rocher pour trouver la lumière : toutes les fenêtres ont des cadrages particuliers selon qu’il s’agisse du séjour ou des chambres. Elles font corps avec le rocher, comme des tableaux, elles créent un dialogue entre la nature et le construit. Le séjour et les trois chambres se situent aux étages supérieurs, on y accède par un escalier qui s’installe dans la grande faille de la maison, un ascenseur vitré dessert également les étages.

Le rocher, existant et recomposé

Dès sa genèse, le rocher existant est le cadre dans lequel s’inscrit le projet. Il devait être conservé. Dans les niveaux supérieurs, il est recomposé avec une texture identique au rocher existant. La stratification en plis obliques existante a été poursuivie. Elle a permis notamment d’intégrer les terrasses en traitant les garde-corps en enrochements. L’ensemble est structuré autour d’un pli vertical principal qui prend appui sur une rupture de géométrie du bâtiment.
En scindant le volume en deux, il permet d’éviter un effet de massivité et d’intégrer discrètement les percements des fenêtres et des baies vitrées. Les formes dessinées, la sculpture et la patine en continuité du rocher existant, ainsi que la végétation recréée, donnent alors l’image d’un rocher naturel avec ses failles, ses cavités et sa force. De plus, la présence de multiples poches de plantations variées offre un environnement propice à la réinstallation de la faune et la flore locale.

Un laboratoire environnemental

Projet réellement atypique d’une part, la construction de la Villa Troglodyte dans l’environnement urbain très dense de la Principauté de Monaco s'accompagne d'autre part de hautes performances environnementales. Cela permet, au-delà de l’aspect purement architectural, de caractériser ce projet par une réflexion sur son impact, relatif à la préservation de la planète et sa capacité à proposer à ses occupants un environnement intérieur sain et confortable. Ces ambitions environnementales doivent être  confrontées au contexte de la construction, et notamment son site, dont les caractéristiques présentent une complexité évidente (topographie hostile, nature du sol, masques solaires importants...), dont il convient de mesurer les effets sur la capacité du projet à maitriser ses impacts environnementaux. 

Le maître d’ouvrage a donc mis en place un véritable laboratoire environnemental en recherchant toutes les solutions techniques performantes en termes d’efficacité énergétique, de maîtrise de l’empreinte carbone et de neutralité environnementale. Le projet a obtenu plusieurs certifications environnementales et labels énergétiques. Il répond notamment aux exigences de la démarche Bâtiments Durables Méditerranéens (niveau OR) qui constitue un référentiel d’évaluation sur les aspects environnementaux, sociaux et économiques, ainsi qu’un système d’accompagnement humain et echnique pour tous les acteurs du projet. 

La consommation d’énergie de la Villa Troglodyte est inférieure de 40 % à la consommation conventionnelle de base de la Réglementation Thermique Française. Cet objectif est atteint au moyen d'une architecture bioclimatique (compacité du bâtiment, efficacité des protections scolaires, juste équilibre de surfaces vitrées entre apports de lumière naturelle et maîtrise des déperditions et des apports solaires), de la performance thermique de l’enveloppe du bâtiment (haut niveau d’isolation thermique sur les parois opaques et vitrées) et d'une recherche maximale de pénétration et de diffusion de la lumière naturelle par des puits de lumière performants. Le recours aux énergies renouvelables disponibles sur le site, géothermie et énergie solaire, permet d’assurer la production d’une grande partie des besoins de la Villa.

La Villa Troglodyte a également obtenu la certification anglo-saxonne BREEAM, niveau « EXCELLENT ».

Une réflexion sur l'eau et l'air

Dans un souci d’économie d’eau, une réflexion sur la collecte, la récupération et la réutilisation des eaux pluviales a également été menée. Les usages des eaux pluviales collectées pourront être dédiés aux châsses d’eau des toilettes du bâtiment, au nettoyage des espaces extérieurs et à l’arrosage des espaces verts, couvrant ainsi jusqu’à 40% des besoins de la consommation journalière. Les eaux pluviales seront collectées et stockées en sous-sol dans un ouvrage dont le volume est estimé à 3 m3. De plus, par la maîtrise de la ventilation du bâtiment (double-flux généralisé), le renouvellement d’air adapté à chaque type d’activité est assuré, avec une possibilité de filtration dépendante des conditions sanitaires de l’air extérieur. L’utilisation de matériaux de revêtement intérieur sans émission de formaldéhyde et de composés organiques volatiles (COV) complète le maintien d’une bonne qualité sanitaire de l’air. Enfin, le choix des techniques de rafraîchissement en échange avec le sol permet d’éviter les rejets de chaleur dans l’atmosphère de la Principauté et participe à la réduction de l’effet 'îlot de chaleur' urbain tant redouté en climat méditerranéen.

Les matériaux utilisés

Des matériaux naturels, recyclés et de provenance régionale ont été privilégiées. La structure est en béton Bas Carbone et le doublage en liège varois est un isolant sain et naturel qui permet également l'isolation acoustique. Les revêtements muraux utilisent des peintures naturelles à la chaux et les parquets sont en bois recyclés issus de pieux immergés utilisés en fermes mytilicoles. Portes et escaliers sont en bois massif issus de forêts gérées de manière durable et responsable.

 

Source Metropolis Communication

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