L'aménagement du centre de Heer primé au GPAW 2019

« Le projet de la place de Heer porte sur une problématique plus large que l’aménagement factuelle de la place et de la rue principale », expliquent les architectes. « Il aborde plusieurs thématiques : la traversée d’un village par une route nationale - comment trouver la juste place de chacune des échelles ? -, la question d’un village à vocation touristique construit sur le flanc de vallée avec des vues lointaines et un relief à valoriser - il s’agit d’un lieu reconnu comme ensemble patrimonial bâti -, la question du relief et, directement liée, l’occupation, l’accessibilité, la sécurité et la gestion des eaux de ruissellement, et enfin la question de l’habitabilité. » Heer est en effet un village devenu 'dortoir' mais implanté au coeur d’une région touristique, à proximité de domaines de vacances. Comment l’espace public pouvait-il donc favoriser les rencontres, redynamiser une petite centralité et soutenir les initiatives locales ?

Reconfiguration, hiérarchisation, réinterprétation

Plusieur maîtres-mots dans ce projet :
• reconfiguration, hiérarchisation et sécurisation de l’espace public en le caractérisant en fonction de son usage (déplacement ou résidence) ;
• modification du relief pour créer des lieux de séjour ;
• réinterprétation des typologies dans la continuité des usages traditionnels locaux ;
• choix des matériaux en accord avec le patrimoine bâti et naturel.

Dimension paysagère

« La dimension paysagère est une composante importante du site », précisent les architectes. « Aussi bien dans son point haut, comme point de vues
lointaines vers la vallée de la Meuse, que de paysages construits autour du patrimoine bâti de grande qualité. Le projet s’appuie sur cette dimension pour  définir les nouveaux tracés des voiries et cheminements et rénove les murets transversaux délimitant des usoirs plans devant les habitations. Il s’inspire de cette géométrie pour établir une trame graphique qui articule contraintes d’usage et de relief. »

Les architectes ont donc profité de la pente du site pour ouvrir les perspectives et créer des gradins, lieux de séjour, terrasses. Ces aménagements ont généré de nouveaux tracés de voiries et cheminements. Le long de l’espace rue, le projet s’appuie sur la typologie très caractéristique des usoirs pour inscrire un rythme et un langage de murets.

Caractère minéral, rural, local

Le caractère du site est minéral, tranchant avec l’aspect rural des environs. Selon les architectes, « le caractère du site est résolument minéral, le végétal formant l’écrin extérieur du village. La pierre de schiste, composante du socle rocheux et du patrimoine bâti, construit murets et gradins. Le projet accentue cette matérialité dans un jeu de  avages dont l’appareillage souligne et accompagne le relief. La végétation est très localisée avec un choix de plantations associées aux paysages de pierre. »

L'avis du jury

Le jury a aimé le contraste avant-après. D’un gros nœud routier, on a remodelé un espace de village, une place à l’échelle du village en recréant un espace public fonctionnel, en utilisant des éléments piétons pour reprendre des différences de niveaux. La voiture n’est plus l’occupant central de l’espace.