Le pavillon de la France à l'Expo Milano 2015
L'Expo 2015 est la 34e exposition universelle et se déroule à Milan. Le thème est 'Nourrir la Planète, Energie pour la Vie'. L'exposition a ouvert ses portes le 1er mai et les refermera le 31 octobre. 145 pays y participent. Le pavillon français a été conçu par les architectes du bureau XTU architects que sont Anouk Legendre et Nicolas Desmazières. Ce bureau, connu pour son architecture verte et durable, avait remporté le concours de conception en 2014.
L’archétype du marché
Après s’être informé auprès de spécialistes de l’agriculture et de sociologues, il apparaît aux associés d’XTU que l’identité alimentaire de la France vient de son extraordinaire diversité géologique et génétique dont découlent les reliefs, les climats, les usages, les cultures, les produits… et l’excellence de sa gastronomie. Le cahier des charges faisait référence aux Halles de Baltard, lieu emblématique de la production et de la consommation, point de rencontre immémorial entre tous les maillons de la chaîne agro-alimentaire. Entérinant le concept du marché couvert en tant que carrefour de tous les choix alimentaires, XTU choisit de réaliser ce qu’ils considèrent comme son archétype : un grand toit abritant des espaces libres.
.
Un paysage construit
« La France symbolise un rêve culturel, un savoir-faire, un savoir-vivre », rappelle l’architecte Anouk Legendre. C’est ce que nous avons voulu montrer au monde en imaginant un « paysage construit » qui évoque à la fois la diversité géographique des territoires, les spécificités agricoles et les cultures culinaires françaises. » Ainsi, au thème «Nourrir la planète, énergie pour la vie», XTU répond : « Le territoire comme terreau fertile de la nouvelle révolution alimentaire » avec un bâtiment qui représente les potentialités des territoires.
Le Pavillon s’inspire d’une forme hexagonale que des soulèvements tectoniques auraient plus ou moins bouleversée. Ce « paysage construit » vient se glisser à l’intérieur du « marché », en sous-face du plafond, seule partie visible lorsque la foule se pressera dans cet espace de 2 000 m². Déformé par des reliefs symboliques, ce « plafond paysage » prend une dimension spectaculaire qui évoque de manière abstraite la variété des terroirs français. C’est là qu’est présenté le contenu scientifique mis en scène par la scénographie d’Adeline Rispal.
Sens dessus-dessous
Soucieux d’attirer les visiteurs, les architectes ont développé une approche immersive de la scénographie en travaillant l’effet d’appel : depuis l’extérieur, le « bâtiment territoire » invite à un voyage intérieur. Une fois qu’il a pénétré dans le Pavillon, le visiteur, sens dessus-dessous, est immergé dans ce paysage de collines. Les poteaux arborescents qui soutiennent ce « toit habité » structurent les espaces, les fonctions et les parcours : les espaces d’expositions, le marché proprement-dit et les espaces partenaires sont installés au rez-de-chaussée. A la différence d’un marché couvert classique où les produits sont présentés sur des étals, la scénographie dispose les différents sujets qu’aborde le Pavillon dans les alvéoles de la structure. Au menu de ces « voûtes d’abondance » : spécialités régionales, dégustations gourmandes, recherche scientifique et biotechnologique, agro-écologie, nouvelles technologies agroalimentaires, progrès génétique, chimie du vivant, flore positive… Le premier étage regroupe les bureaux et les espaces VIP. Un restaurant occupe le dernier niveau.
Des formes libres
Entièrement fabriquée en bois français, la structure en lamellé-collé est en épicéa à l’intérieur et en mélèze à l’extérieur. Tous les éléments – ossatures primaire et secondaire, plafond, plancher, façades - sont imbriqués les uns dans les autres pour constituer un seul et même ouvrage qui dessine à la fois l’enveloppe et la volumétrie intérieure. Pour la fabrication, l’entreprise Simonin dispose d’un robot à commande numérique d’une précision inégalable qui, couplé au logiciel d’architecture, peut découper la structure dans toutes les dimensions. La structure primaire se compose de poutres treillis et de poteaux implantés selon un entraxe de 4,50 m. Pour contreventer l’édifice, une ossature secondaire vient s’intercaler tous les 1,50 m, l’ensemble formant des caissonnages carrés très réguliers. Toute l’originalité du projet vient du fait que cette trame orthogonale est « débillardée » (découpée) selon des formes irrégulières dites « libres » qui génère un impressionnant effet de voûte. Avec cette géométrie complexe, la charpente tout en courbes et en contrecourbes du Pavillon de la France montre la capacité du bois à épouser des lignes organiques inhabituelles. Outre sa plastique remarquable, cette canopée met en valeur les innovations françaises en matière d’architecture bois avec des systèmes de fixation invisible (brevet Résix®).
Une structure écologique et low-tech
S’inspirant du concept « low-tech », le Pavillon de la France est entièrement démontable et remontable. Avec ses flux d’air traversants et son procédé de tirage thermique par le lanterneau central, ce « marché paysage » bénéficie d’une ventilation et d’un rafraîchissement naturels qui en font un bâtiment à basse consommation d’énergie.