Le rôle de l’acoustique, de l’éclairage et de la législation dans l’Horeca
Une législation stricte permet de développer la créativité. Après dix ans, un établissement Horeca mérite un rafraîchissement en profondeur. Beaucoup de conseillers en éclairage ne font pas bien leur travail. Un peu de réverbération n’est pas dérangeante… Voilà les affirmations qui ont été entendues lors de la table ronde consacrée à l’Horeca récemment organisée par intsite.be.
Les participants à cette table ronde sont fabricants, architectes (d’intérieur) et patron dans l’Horeca : Walter Dox de DOX Acoustics, Tony Decavele de ZUMI, Laura Erens et Janine van Cann d’Isolco, Jurgen Kegels de Gyproc, l’architecte d’intérieur Lieven Musschoot, l’architecte Massimo Pignanelli (UAU Collectiv), le designer Maarten Groven (Creneau International) et Dirk Daniëls, patron de la brasserie-restaurant De Beurs à Maaseik.
Lors d'une table ronde concernant l’Horeca, il est essentiel d’aborder des thèmes tels que l'éclairage et l'acoustique. « L'impact positif ou négatif de l'éclairage est très souvent sous-estimé », estime Tony Decavele. « Trop de lumière, et par là d’éblouissement, est une erreur fréquemment commise. Alors que, de nos jours, nous pouvons jouer avec la couleur de la lumière, du chaud au neutre. Le restaurant renommé Noma se concentre par exemple sur un éclairage centré sur l’humain (dans lequel l’éclairage s’adapte aux besoins de l’utilisateur, NDLR). Pour les propriétaires et les gérants, il est important de travailler avec des spécialistes et de ne pas se laisser guider par des pseudo-conseillers commerciaux, qui existent malheureusement en grand nombre… »
Tout comme l'éclairage, une mauvaise acoustique peut être très gênante dans un établissement. « De nos jours, l’aménagement intérieur doit être aussi épuré et dépouillé que possible », affirme Janine van Cann. « Mais ce n'est pas si évident que cela sur le plan acoustique. Souvent, nous devons intervenir par après, parce que des problèmes se posent. Et nous devons alors prendre en compte à quoi ressemble l’établissement, voir quels matériaux ont été utilisés et nous demander où nous pouvons encore appliquer quelque chose sur les murs et les plafonds. »
« Nous sommes aujourd’hui confrontés à une tendance ‘brutaliste’ », enchaîne Maarten Groven « dans laquelle, par exemple, on enlève les plafonds. Mais il faut comprendre que si l’on supprime un élément essentiels, il faut que quelque chose le remplace. Sinon, vous avez des matériaux qui se cognent les uns contre les autres et réverbèrent. En tant que designer ou architecte d'intérieur, on doit savoir comment circulent les ondes sonores horizontales et verticales, comment fonctionne l'acoustique. Remplir les meubles de façon adéquate est déjà une bonne solution. » Pourtant, un peu de réverbération n’est pas nécessairement néfaste ni problématique, selon Massimo Pignanelli. « Un son trop sec n’est pas agréable non plus. Et parfois, un lieu fonctionne très bien, mais sans avoir une bonne acoustique. Regardez le marché de la Boqueria à Barcelone. Acoustiquement parlant, c’est une catastrophe. Et pourtant, tout le monde veut y aller. Pareil pour les restaurants grecs à Genk… »
Une législation stricte
Les participants ont également abordé la question de la législation stricte concernant l’Horeca : hygiène, sécurité incendie, règles à respecter dans la cuisine... Les propriétaires, les architectes et les fabricants doivent se conformer à de nombreuses règles. Et cela n’est pas toujours évident. « Il arrive parfois que le client soit entièrement d'accord avec nous, mais pas le chef des pompiers », explique Walter Dox. « Vous ne recevez pas de permis et le projet est bloqué… alors qu’un plan identique a été approuvé dans la commune voisine. » Lieven Musschoot acquiesce : « Cela varie en effet selon la commune, le commandant et même le bâtiment. Et si le département de la conservation du patrimoine entre en jeu, cela devient encore plus difficile. »
Impliquer le plus tôt possible les autorités compétentes dans le projet est capital, selon Dirk Daniëls. « Venir avec un projet finalisé et espérer qu’il sera rapidement approuvé n’est pas la bonne façon de procéder. Mais si les autorités et les fonctionnaires responsables se sentent impliqués dès le départ, cela aura des chances de s'arranger... Les règles sont strictes, mais il est possible de trouver simplement une solution conforme à toutes les normes, en collaboration avec l'architecte. De la sécurité incendie à l’arrière-cuisine, tout doit être cohérent et conforme aux règles. »
La créativité
Une législation stricte met-elle des bâtons dans les roues de la créativité ? « Pas du tout ! Cela nous met au défi de travailler de manière plus créative », explique Laura Erens. « Parfois, les règles ne sont pas assez strictes », estime Massimo Pignanelli. « Si vous incluez dès le début toutes les règles dans la conception, vous ne les verrez pas comme un problème. Mais vous devez juste savoir que vous devez en tenir compte. » Maarten Groven est entièrement d'accord : « Aujourd'hui, grâce à mon expérience, je peux affirmer que toutes ces règles n'ont aucune influence sur ma créativité. Inclure la législation au tout début de la conception est en effet la bonne solution. De cette façon, vous éviterez les problèmes à la fin du processus. »
Travailler préventivement
Une façon de penser qui ne s’applique pas seulement à tout ce qui a trait à la législation, mais aussi à des thèmes tels que l’acoustique et l’éclairage. « Mais le client n'écoute pas toujours. Souvent, il ne se réveille qu’après avoir entendu l'avis négatif de la clientèle », explique Lieven Musschoot. A ce moment, il est souvent trop tard. Et pour Jurgen Kegels, « si des problèmes se posent par la suite, c’est généralement parce que le travail n’a pas été fait préventivement. Le résoudre plus tard est beaucoup plus difficile et souvent plus coûteux et moins beau ».
Le plus important réside dans la distinction entre l’acoustique dans la salle et l’isolation au monde extérieur. Walter Dox : « Dans une salle de fêtes située en zone bâtie, vous devez vous assurer de bien isoler vers l'extérieur et de rendre le tout aussi insonorisé que possible. Quant à l'acoustique de la salle, c’est une autre histoire, qui doit être pensée autrement.» Pour Tony Decavele, éclairage et acoustique vont de pair. « Souvent, le ‘mariage’ entre éclairage et acoustique n'est pas une réussite. C'est pourquoi nous avons décidé de les combiner dans une proposition globale. Il y a 4 ans, nous avons intégré l’acoustique à l’éclairage, avec toutes les techniques possibles. Je crois très fort dans cette combinaison », conclut-il.