L'école fondamentale du Boutte, à la fois balcon et grand verger
Deux niveaux de plain-pied, l'un en balcon sur le paysage, l'autre au creux d'un verger partagé avec le quartier, voilà l'essence de la proposition lauréate de l'équipe Matador - KIS Studio - Grue pour la reconstruction de l'école fondamentale du Boutte, à Grâce-Hollogne, en région liégeoise.
En septembre 2019, la cellule archi lançait un appel à auteur de projet pour la reconstruction de l'école fondamentale du Boutte, également connue sous le nom 'Ecole Julie et Mélissa', à Grâce-Hollogne. Les bâtiments étaient en effet devenus trop petits et vétustes. Il s'agissait donc de démolir l’école actuelle et de la reconstruire sur un site vierge de 78 ares, à proximité. La capacité de l’école sera portée de 110 à 250 élèves, passant de 4 à 10 classes. La surface-plancher totale estimée à construire est de 2 300 m² bruts, la surface d’abords à aménager se répartit entre surface spécifique (préau, cours, parkings), estimée à 1 800 m², et solde du terrain. C'est l'association des trois bureaux d'architecture Matador (B), KIS Studio (B) et Grue (F) qui a remporté le marché avec un projet à la fois solide et étonnant.
Un balcon sur le paysage des collines
« Perçu depuis le site actuel de l’école, le paysage paraît fermé par la topographie et fragmenté par les infrastructures », explique-t-on sur le site de Matador. « Mais, vu d’en haut, le paysage redevient ouvert et lisible. Le regard s’étend jusqu’à l’horizon des collines voisines. On voit la course du soleil. Le premier principe est donc de concevoir l’école comme un long balcon tourné vers le paysage. En contrepartie, un volume contenant les fonctions bruyantes (sport, fête, réfectoire) est implanté parallèlement à l’autoroute pour protéger les espaces de classe et de récréation contre le bruit de cette dernière et des vents importants sur la ligne de crête. »
Un verger au cœur du quartier
« Le quartier du Boutte ressemble à une grande casbah en hauteur, encerclée par une muraille d’infrastructures, et irriguée par un dédale de rues et de venelles. Mais il lui manque un centre : un lieu où se rassembler et faire communauté, mais aussi un lieu pour rayonner au-delà de ses murs et accueillir les habitants des autres quartiers. Pour ce faire, le site est d’abord aménagé comme un grand verger, inspiré de ceux typiques de la région liégeoise. Il est traversé par des chemins publics qui relient la rue au nouveau réseau de venelles envisagées par la commune. Le bâtiment de l’école occupe la partie supérieure de la parcelle de façon à ne pas projeter d’ombre sur les espaces publics et les cours. »
Une institution publique
« Vue en plan, l’école forme une séquence d’espaces allant du plus public au plus privé. Premièrement, le long du Thier de Jace, un large parvis forme l’entrée de l’école. Deuxièmement, tous les espaces accessibles au public sont situés le long du parvis : le pôle administratif, la salle de sport et la salle des fêtes. Troisièmement, les espaces de classes et de cours extérieures sont situés derrière, au calme, dans le verger. »
Une grande maison dans la pente
« Vue en coupe, l’école est organisée en deux niveaux, à la façon des maisons du quartier qui s’implantent dans la pente avec un étage au niveau de la rue, et un étage au niveau du jardin. La section maternelle occupe le niveau supérieur, aligné avec l’entrée, tandis que la section primaire occupe le niveau inférieur, aligné avec le verger public. Chacun des deux niveaux possède une séquence d’espaces de plain-pied associant horizontalement classes, jardins pédagogiques, auvents et cour. L’ensemble est relié par une généreuse galerie centrale sur double hauteur. Elle est rythmée par un jeu d’escaliers, de passerelles, de niches et de murs bibliothèques qui favorisent les relations entre les deux sections. Le profil de l’école est suffisamment bas pour ne pas obstruer la vue depuis les maisons au nord. »