Les architectes wallons ne voient par l'avenir en rose
L’Union Wallonne des Architectes, le Netwerk Architecten Vlaanderen et Architects in Brussels ont mené, entre fin janvier et début février, une grande enquête auprès des architectes du pays. L'architecte en Wallonie a aujourd’hui encore plus de difficultés que son collègue en Flandre et se montre particulièrement pessimiste quant à l'avenir. Architectura a interrogé Gaëtan Doquire, directeur de l'UWA, sur les résultats.
Premier baromètre de la profession en Wallonie
Alors qu'en Flandre, la NAV (Netwerk Architecten Vlaanderen) pratique une enquête conjoncturelle depuis plusieurs années déjà, c'est la première fois que l'UWA (Union Wallonne des Architectes) se joint à l'initiative. Avec un beau succès puisque 634 des 4800 architectes situés en Région Wallonne ont répondu à l'appel. En Flandre, ils sont environ 500. L’enquête s’est déroulée de la fin janvier à début février 2017. Au total, ce sont 1142 architectes belges qui ont participé à l’enquête dans laquelle 5 secteurs ont été passés en revue : la maison d’habitation unifamiliale, la construction résidentielle (logement collectif) et non-résidentielle, le logement social et les lieux de collectivité.
Profil de l'architecte wallon
Si l'on examine les résultats de la partie wallonne de l'enquête, on constate que 71% sont architectes indépendants et que 11% travaillent comme collaborateurs avec des missions indépendantes « à côté », le solde oeuvrant uniquement sous statut salarié. L’âge des répondants nous révèle que plus de 50 % d’entre eux a moins de 45 ans. Plus de 90 % touchent au résidentiel unifamilial (neuf ou rénovation), 65 % au multifamilial, près de 50% au non résidentiel (bureaux, industries, ...), 19% au logement social et 21 % aux lieux de collectivité (maison de repos, écoles,….). Gaëtan Doquire, directeur de l'UWA, complète en se demandant où sont passées les femmes. « De mémoire, je dirais qu'il y a seulement 12% de femmes parmi les architectes indépendants. Alors qu'elles sont quasiment majoritaires à la sortie des études d'architecture... »
Une stagnation inquiétante
Concernant le résidentiel neuf, pour une grosse majorité des architectes, seulement 1 à 5 projets sont traités par an. 56 % des architectes trouvent leur chiffre d’affaire insuffisant. Même donne pour la rénovation où le taux d’insatisfaits dépasse les 47 % (contre 28% des architectes flamands). Le marché pour l’unifamilial traduit cette tendance avec un chiffre d’affaire resté stable pour 51 % des bureaux et en chute pour 24 % d’entre eux pour ce qui concerne le neuf. Il reste stable pour 63 % des bureaux en ce qui concerne la rénovation. Pour les autres marchés également, les chiffres restent stables pour 70 % des bureaux environ, sont en hausse pour 10 % et en chute pour 20 %. L’embellie attendue n’est donc toujours pas présente. « Ou du moins, l'embellie signalée par la Confédération Construction ne semble pas profiter aux architectes... », précise Gaëtan Doquire. Qui ajoute : « Il faut aussi mettre les chiffres montrant la faible activité de nos architectes en relation avec le grand nombre d'architectes que compte notre pays. Ils sont par exemple proportionnellement 3 fois plus nombreux qu'en France. Si on veut que chacun ait suffisamment de travail, il va sans doute falloir une meilleure répartition et une plus grande spécialisation. Plutôt qu'un numerus clausus comme en médecine. »
Construire à un prix abordable reste un défi
On constate que le budget pour une maison unifamiliale a encore davantage augmenté ces dernières années. Le budget moyen consacré aujourd‘hui à une nouvelle construction est de 276 537 € en Wallonie (contre 297 348 € en Flandre). La différence entre la Flandre et la Wallonie est d’autant plus marquée pour la rénovation. En Flandre, le budget consacré à la rénovation est de 149 867 euros, contre 136 989 en Wallonie. Pouvoir construire à un prix abordable sera donc le défi majeur pour les prochaines années.
Pour Gaëtan Doquire, la conclusion de ce premier baromètre est à la fois simple et alarmante : l’architecte en Wallonie a aujourd’hui encore plus de difficultés que son collègue en Flandre et voit l’année à venir avec pessimisme.