Les entreprises belges profitent du boom immobilier en Pologne : « Encore 20 ans de travail »
En dépit d’un contexte économique incertain marqué par des taux d’intérêt élevés, les entreprises immobilières belges s’imposent sur le marché polonais. Leur stratégie repose sur une réponse efficace à une forte demande de logements neufs, notamment des appartements compacts. Lors des « Belgian Days » organisés à Varsovie, les acteurs belges ont présenté leurs projets et partagé leur vision d’une collaboration renforcée entre les deux pays.
Depuis les années 1990, les entreprises belges jouent un rôle clé dans la transformation du paysage immobilier polonais. Ghelamco, pionnier dans le secteur des bureaux, a notamment marqué Varsovie avec son impressionnante zone d’affaires autour du rond-point Daszyńskiego. Parmi les autres acteurs de renom, Matexi, BPI Real Estate, Alides ou encore Groep Huyzentruyt diversifient leurs activités en Pologne, attirés par les opportunités qu’offre la sixième plus grande économie de l’Union européenne. Les similitudes culturelles entre la Belgique et la Pologne facilitent ces collaborations. Le sens du travail acharné et une discrétion naturelle créent un climat de confiance entre les investisseurs et leurs partenaires polonais.
Un projet de 400 appartements
Avec un taux de propriété parmi les plus élevés en Europe (87 % contre 72 % en Belgique), les Polonais aspirent à être propriétaires. Pourtant, une grande partie de la population vit encore dans des logements surpeuplés ou obsolètes datant de l’ère socialiste. La demande pour des appartements modernes reste donc forte, notamment dans les grandes villes comme Varsovie, Gdańsk et Cracovie. Des promoteurs comme Alides profitent de cet élan. À Varsovie, l’entreprise a récemment obtenu un permis de construire pour un projet de 400 appartements sur un site emblématique de Gdańsk. « Nous rencontrons en Pologne des défis similaires à ceux de la Belgique, comme la hausse des coûts de construction et les délais administratifs, mais le marché est beaucoup plus vaste », explique Rikkert Leeman, PDG d’Alides.
5 à 6 millions de logements manquants
Thomas Schoutens, responsable des activités de Koramic Real Estate en Pologne, estime que le pays a besoin de 5 à 6 millions de nouveaux logements pour répondre à la demande actuelle et à venir. Avec une production annuelle limitée à 250.000 unités, il évalue à 20 ans le travail restant pour combler le déficit. Cependant, l’attrait pour la capitale se confirme : le prix moyen du mètre carré pour un appartement neuf à Varsovie atteint 5.000 €, dépassant même Bruxelles. Mais ce développement rapide n’est pas sans défis. La hausse des taux d’intérêt (5,75 %) freine l’accès au crédit et ralentit les transactions immobilières. Par ailleurs, le secteur redoute une pénurie de main-d’œuvre, exacerbée par l’éventuel retour des travailleurs ukrainiens pour participer à la reconstruction de leur pays.
Malgré ces obstacles, les entreprises belges restent optimistes. Avec une population aspirant à des logements modernes et une concentration de la richesse dans les grandes villes, la Pologne offre un terrain fertile pour les investisseurs. En parallèle, certains acteurs anticipent déjà l’après-conflit en Ukraine, espérant tirer parti de la reconstruction de ce pays voisin. La présence d’entreprises belges dans presque tous les segments du marché polonais illustre une coopération bilatérale forte, inscrite dans une stratégie de développement à long terme. Les Belgian Days de Varsovie confirment que cette dynamique est là pour durer, avec des opportunités à saisir pour des décennies à venir.