Parcours sans faute pour l’école communale d’Estaimbourg
Pour les architectes du bureau Arcadus, une école est bien plus qu’un bâtiment public dans lequel on enseigne. Elle constitue une référence qui confère un visage à une communauté, à un quartier, à la cité. Une attention toute particulière a donc été portée à l’implantation, à la configuration et à l’organisation des bâtiments dans la but de stimuler les rencontres, d’aspirer aux conditions de travail les plus idéales possibles et de créer un sentiment de bien-être. C’est le choix d’une organisation générale déterminée par la notion de parcours qui a guidé la conception du projet.
Espaces étudiés
Parce que l’Enfant est très sensible aux mouvements du corps et aux trajets, l’espace est pour lui le premier lieu d’apprentissage et d’acclimatation au monde extérieur. Depuis l’espace public, on distingue le dispositif de l’entrée : un toit protecteur qui forme un auvent à échelle humaine et une paroi en Corten qui intègre une grille plus ‘institutionnelle’. Cette succession d’ambiances est conçue comme un dispositif d’accompagnement pour aider les plus jeunes dans l’expérience de leur séparation avec les parents et de leur prise en charge par les enseignants. Chacun apprend à se séparer, ce qui est une bonne manière d’envisager une première démarche d’autonomie. Se succèdent au rez-de-chaussée, le bureau de la Direction qui contrôle visuellement le site, le local administratif, la salle des repas ouverte sur la cour qui se prolonge en atelier de psychomotricité et d’exercices physiques. Des vestiaires, une cuisine, des locaux techniques et des sanitaires complètent les équipements communs aux deux sections scolaires. Un large escalier (doublé d’un dispositif adapté aux personnes à mobilité réduite) mène vers l’étage aux cinq classes de la section primaire.
Performances énergétiques
Un soin tout particulier a été ménagé au niveau du traitement de l’espace des classes : l’inclinaison du versant de toiture favorise une abondante lumière du Nord pour réaliser l’éclairage naturel des classes tandis que les apports solaires du Sud réchauffent le couloir de distribution qui s’ouvre vers la cour de récréation. Ce nouveau volume en lévitation par rapport au mur d’enceinte existant remplace l’ancienne Maison du Maître d’Ecole et s’articule perpendiculairement au bâtiment rénové des trois classes maternelles. Architecture emblématique des bâtiments scolaires du début du XIXème, cette aile a été totalement rénovée pour répondre aux caractéristiques énergétiques et techniques actuelles : isolation thermique, chauffage et ventilation performants. Le cœur de la parcelle est réservé à la cour de récréation, bien orientée avec un généreux préau pour offrir un abri efficace en cas de mauvais temps. Les potager et verger didactiques occupent la parcelle arrière du terrain pour une meilleure prise en compte des facteurs d’orientation.
Eveiller les sens
L’aménagement des lieux dévoile une succession d’espaces définis par des activités plurielles et des moments singuliers : l’entrée, le vestibule, la salle des repas, l’atelier d’activités, l’espace hygiène, les classes, etc. La stratification des espaces et l’imbrication des échelles invitent à des prises de possession variées des lieux pour susciter des actions motrices essentielles. Autant d’occasions pour permettre d’éprouver des émotions, de créer et faire évoluer des relations avec ses camarades mais aussi avec les adultes. Depuis l’espace public, le nouvel ensemble symbolise le dynamisme de l’Institution qu’elle abrite en s’attachant moins à la définition d’une forme pour la forme qu’à la constitution d’une sorte de paysage intérieur au sein duquel l’approche sensible devient primordiale. L’objectif est de décupler les perceptions en les reliant à des éléments essentiels de l’expérience concrète : le dehors, le dedans, le chaud, le froid, le sol, le plafond, le vide, le plein, le lisse, le rugueux, le fini, la couleur, la lumière, l’acoustique…