Pourquoi et comment écoconcevoir vos sites web et applications ?
Les technologies numériques occupent une place centrale dans toutes les organisations. Souvent perçues comme « virtuelles », elles reposent sur une infrastructure physique nécessitant d'importantes ressources naturelles, tant pour leur fabrication que pour leur fonctionnement (énergie, minéraux, eau, etc.). Alors, comment créer des outils web et mobiles à la fois utiles et responsables dans un monde aux ressources limitées ? La solution réside dans l'écoconception ! Prêt à vous lancer dans cette démarche ?
L’écoconception, c’est quoi exactement ?
Selon la définition, « l’écoconception consiste à intégrer l’environnement dès la conception d’un service ou d’un produit et à toutes les étapes de son cycle de vie. » (source : eco-conception.fr) L’écoconception des services numériques a pour objectif de réduire la consommation de ressources informatiques et énergétiques et de limiter l’obsolescence des équipements.
Concrètement, cela implique de penser le service dans son ensemble dès sa conception, en tenant compte de la puissance des appareils, de la bande passante, et du nombre de serveurs utilisés. Cette démarche s'inscrit dans une logique d'amélioration continue pour un numérique plus durable.
Pour les sites et applications web, cela se traduit par un design responsable, où simplicité, sobriété et pertinence sont les maîtres mots. Au-delà de l’optimisation technique, l’impact environnemental, sont au cœur des préoccupations.
« L'écoconception ne se limite pas à la phase de développement d'un service web ; elle commence dès l'idée et la conception du projet. Au plus tard elle est intégrée dans le processus, au plus sa mise en œuvre devient complexe et coûteuse. »
Caroline SmeyersGestionnaire de projets web au service web et outils de Bruxelles Environnement
Quels sont les avantages de l’écoconception pour mon entreprise ?
- Une meilleure performance et donc un utilisateur, une utilisatrice plus satisfait
- Une réduction de la consommation des ressources naturelles
- Une diminution des coûts, en évitant le superflu (matériel, énergie, consommables, etc.)
- Un engagement dans une démarche de développement durable et donc, une motivation de plus pour les équipes
- Au final, une image de marque accrue
Et pour les utilisateurs, utilisatrices finaux ?
- Des informations pertinentes qui répondent à leurs besoins : ni trop ni trop peu
- Des services plus rapides et plus fluides, grâce à des temps de chargement plus courts (notamment des pages web)
- Une batterie de téléphone qui tient plus longtemps, grâce à des applis moins énergivores
- Un appareil fonctionnel qui ne devient pas obsolète, grâce à des logiciels légers
- Un respect des principes d’accessibilité et du RGPD
Des « quick wins » pour réduire l’empreinte écologique de vos outils web ?
Une 1ère réflexion de sobriété et d’efficacité
- Avant de passer à la conception, évaluer les besoins réels de toutes les parties prenantes au projet (utilisateurs finaux, équipes métiers et dirigeante, chefs de projet, etc.)
- Se poser les bonnes questions : a-t-on vraiment besoin de cette fonctionnalité, est-ce que ce sera un plus pour l’usager ? Puis-je faire autrement que le numérique ?
- Simplifier le parcours de l’utilisateur, l’utilisatrice en limitant les étapes, car si l’expérience n’est pas fluide, l’empreinte environnementale sera élevée.
- Garder en tête les notions d’accessibilité numérique (pour les personnes en situation de handicap) et de responsive design (adaptation à divers types de terminaux possibles).
Quelques bonnes pratiques d’écoconception
- Images et vidéos : limiter leur nombre, leur taille et les optimiser pour le web (format SVG ou WebP), cela réduit fortement le poids d’une page.
- Animations et GIF animés : les limiter à tout prix, en particulier les carrousels en autoplay, et éviter les chatbots.
- Polices : limiter le nombre de polices chargées et choisissez des polices standards préinstallées.
- Scrolls : les réduire et les éviter dans la mesure du possible.
- Contenus : prévoir des sommaires pour faciliter la navigation, un bouton de retour en haut de page, des collapses pour intégrer certaines sections. Côté rédaction, penser à simplifier, structurer et clarifier selon les principes de la sobriété éditoriale.
Des tips plus techniques mais faciles à mettre en place ?
- Limiter le nombre de services externes, par exemple Google Analytics, Recaptcha, Google Maps et FontAwesome : ils alourdissent les sites via des scripts non désirés.
- Veiller au nombre de requêtes pour charger la page.
- Optimiser les pages d’erreur (la page 404) : les rendre légères, sans en-tête ni pied de page.
- Compresser les ressources CSS/JSS/HTML et réduire les javascripts.
L'écoconception est-elle compatible avec design et identité visuelle ?
L’écoconception est tout à fait compatible avec une identité visuelle et un design de marque. Un site web écoconçu peut être esthétique et proposer des visuels attrayants, à la fois sobre et créatif. Il aura l’avantage d’être clair, utile, accessible, simplifié et optimisé, l’expérience utilisateur n’en sera qu’améliorée ! Pour un meilleur résultat, ne pas hésiter à impliquer dès le départ designer, concepteur, rédacteur et rédactrice dans le processus. Au-delà du design et des bonnes pratiques, il est aussi intéressant de se pencher sur les contenus du site, de mettre en place une politique éditoriale allant vers plus de sobriété.
Pour faire vos premiers pas en écoconception, retrouvez une série d’outils et de bonnes pratiques pour vous accompagner dans la démarche :
- Explorez les principes d’écoconception avec les Designers Éthiques. .
- Suivez le Guide des 115 bonnes pratiques de GreenIT.
Au besoin, faites-vous accompagner par des acteurs spécialisés tels que Cobeacoop, Studio Colibri, Greenspector, Specinov, Info Green Factory…
Est-ce que ça va coûter plus cher ?
Tout comme l’accessibilité d’un site, il y aura des frais liés à l’optimisation des outils existants, mais ceux-ci seront vite amortis grâce aux bonnes pratiques écoresponsables et à l’optimisation. Surtout, on évitera des coûts inutiles, par exemple lié à la multiplication de serveurs.
Ce processus peut au contraire améliorer la rentabilité d’une entreprise grâce à :
- Un meilleur référencement
- Un parcours utilisateur plus fluide
- Une meilleure accessibilité et donc une réduction de la fracture numérique
- Une meilleure image de marque