Projet nominé aux BBA 2020 : CANS (ICI Architectes)
Dans un îlot très dense à proximité de la place Fernand Cocq à Ixelles, une maison de rapport typiquement bruxelloise s’est vue greffée d’un emboîtement de parallélépipèdes rectangles qui étend et optimalise sa capacité habitable. L’importance de ce projet, conçu par le bureau ICI architectes, réside dans la volonté de répondre à l’enjeu de densification et de mixité du logement en ville tout en offrant une qualité spatiale et une autonomie au logement concerné. Ce bureau est nominé pour ce projet dans la catégorie ‘3|2|1 Facade’ des Belgian Building Awards. Les lauréats des différentes catégories seront connus le 3 mars prochain, lors de Batibouw.
Les premier et deuxième niveaux accueillent des appartements d’une chambre. Les espaces sont répartis pour bénéficier de la quiétude de l’intérieur d’îlot : chambres et salon à l’arrière, cuisine et salle à manger à l’avant. Quant au duplex, il tire profit du volume existant remanié pour créer un aménagement fonctionnel baigné de lumière.
Une exploitation spatiale optimale
« Le projet joue avec les volumes pour créer des espaces extérieurs généreux attenants à chaque entité », expliquent les architectes. « La réflexion s’est portée sur la matérialité, les proportions, les couleurs et la lumière pour apporter une respiration entre les boîtes et un jeu de volumes cohérent. Au-delà de l’aspect ludique et conceptuel de ces cubes carrelés, c’est une exploration spatiale qui écarte tout encloisonnement de l’espace, afin d’articuler des fonctions complémentaires et d’offrir une autonomie aux 4 unités de typologie mixte pour un total de 400m² de superficie plancher. Ce jeu géométrique, par ailleurs repris comme motif de garde-corps, dans lequel le vide joue un rôle capital permet de créer des espaces extérieurs généreux, terrasses et patio. Ces respirations marquent le mouvement et baignent de lumière naturelle les logements. »
Lumière et intimité
Au rez-de-chaussée, les fenêtres se font oublier et le patio éclaire les pièces centrales tout en permettant d’apprécier le jeu de volumes sous différentes perspectives. Le versant de toiture avant, conservé, est percé par de grandes fenêtres de toiture-balcon ouvrant une vue dégagée sur l’est de Bruxelles. Le pan de toiture arrière est entièrement réinterprété avec une rehausse de façade et une faille vitrée permettant de liaisonner les espaces de séjour sur une double hauteur baignée de lumière. Le recul des différents volumes les uns par rapport aux autres permet de préserver l’intimité des habitants. Chaque entité est respectueuse des vues par la disposition indirecte des baies vitrées.
L’importance des extensions
La volumétrie de l’extension principale, conservée et entièrement vitrée sur le jardin, permet d’agrandir et d’améliorer les espaces de vie de cet appartement de 3 chambres, alors que les espaces compris dans le corps de bâtiment principal sont restaurés. A l’entre-étage, une extension en concordance avec la trame structurelle existante est réalisée pour accueillir les espaces de nuit. La volumétrie de cette extension est découpée par un patio en relation avec le jardin générant ainsi une généreuse respiration entre et au sein des appartements, amenant un éclairement naturel et des jeux de perspectives entre les espaces. Même principe pour le deuxième entre-étage qui, ponctuant la composition volumétrique des extensions de l’appartement, est affecté à un bureau privatif. Les 3 toitures plates des extensions en cascade sont aménagées en terrasse et des garde-corps filaires rappellent les ferronneries de la façade avant.
Le choix des matériaux
Laissons les architectes évoquer les matériaux choisis et les raison de ce choix : « L’aspect lisse du revêtement de façade en céramique fait écho au grain fin du crépi de la façade arrière de la maison. Les boîtes noires et blanches s’élancent et s’ouvrent largement vers le jardin ou le patio. Le plancher en bois, les moulures et les cheminées d’origine présents dans la partie avant du bâtiment sont conservés et restaurés avec soin afin de mettre en lumière le cachet architectural de la maison bruxelloise. Dans les nouveaux volumes, le choix des matériaux et leur mise en œuvre créent un dialogue entre les éléments d’origine et l’époque actuelle. Au rez-de-chaussée, les éléments de stabilité tels que les colonnes en béton sont laissés à l’état ‘brut de décoffrage’ pour contraster avec un sol coulé en polyuréthane blanc. Afin de rappeler le plancher existant de certaines pièces, un revêtement en bambou composé de lattes très fines a été posé au sol et un revêtement en lattes individuelles en red meranti a été choisi pour les surfaces murales dissimulant la cuisine et les espaces de rangement. Enfin, dans la salle de bain principale, le bain ainsi que la douche semblent avoir été taillés dans le marbre blanc. »
De belles réponses aux défis actuels
De par la réflexion approfondie autour des enjeux socio-éco-environnementaux actuels, le projet Cans s’inscrit dans une démarche de développement durable. Les contraintes liées à la rénovation du corps de bâti existant sont contrebalancées par les possibilités d’amélioration offertes par la liberté prise en façade arrière. Les annexes vétustes font place à des nouvelles constructions performantes dans leur isolation et leur étanchéité à l’air. L’ensemble de la maison est remis aux normes techniques et les gains en énergie sont renforcés par les justes proportions des ouvertures. « Cette rénovation-extension apporte une belle réponse aux enjeux de densification et de mixité du logement en ville, qualité spatiale et autonomie en prime », concluent fièrement les architectes.