Résidence du Conservatoire – Une façade néoclassique en béton architectonique
Au cœur de Tournai, sur la place Reine Astrid, se dresse fièrement la Résidence du Conservatoire. Le bâtiment est un mélange unique entre restauration et construction neuve dans un style néoclassique, où se côtoient logements (appartements) et bureaux. Une ancienne façade a été restaurée dans les règles de l’art, un autre bâtiment a été démoli et remplacé par deux nouveaux bâtiments dans le même style néoclassique, faisant la part belle au béton architectonique. Pour ce projet, Agref sa a produit un socle en béton imitation pierre bleue et des éléments de façade sur mesure en béton architectonique blanc.
La place Reine Astrid à Tournai respire le néoclassicisme. Le Musée de la Tapisserie, le Conservatoire et le Palais de Justice font notamment référence à ce courant artistique très en vogue à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle. Il était donc essentiel de préserver au maximum cette connexion avec le néoclassicisme dans le cadre de ce projet. Sous l’œil vigilant du maître d’ouvrage et promoteur Decomo Immo sprl et suivant la conception de l’Atelier d’Architecture Meunier-Westrade srl, deux bâtiments vieillissants ont été rénovés en profondeur par l’entrepreneur général GIL Constructions bv.
Un design épuré
Le programme comprenait, d’une part, la démolition des bâtiments existants à l’exception d’une façade classée, et, d’autre part, la reconstruction de deux bâtiments comprenant trois unités commerciales et onze appartements de luxe. Compte tenu des éléments néoclassiques typiques, comme les fenêtres à moulures, les bandeaux continus, les couleurs, etc., le projet s’est naturellement orienté vers une façade de style néoclassique, interrompue par sept arcs au rez-de-chaussée et une rangée de treize ouvertures rectangulaires verticales aux deux étages supérieurs. L’aspect épuré est renforcé par une corniche en encorbellement qui marque le sommet de la façade. L’ensemble dégage un caractère théâtral qui sied mieux à la place publique et aux bâtiments environnants qu’à la fonction effective du bâtiment
Une touche de modernité
Le béton architectonique s’est rapidement imposé comme le matériau idéal pour la nouvelle façade. Il permet à celle-ci de s’intégrer parfaitement dans son environnement tout en ajoutant une touche de modernité, une réinterprétation du néoclassicisme. Une mission en parfaite adéquation avec le savoir-faire d’Agref, garant depuis 75 ans d’un béton architectonique de qualité et de conseils avisés. Agref fabrique des éléments préfabriqués en béton sur mesure, allant des balcons, terrasses et auvents aux appuis de fenêtres et panneaux de façade, en passant par les colonnes et les escaliers. « Ce projet était donc tout à fait dans nos cordes », explique Martin De Witte, directeur d’Agref. « Les plans étaient clairs, il ne nous restait plus qu’à tout dessiner et produire. Les socles inférieurs sont en imitation pierre bleue, une pierre originaire du Hainaut. Le reste de la façade, y compris les arcs et les fenêtres, a été réalisé en béton architectonique blanc, en référence aux anciennes façades maçonnées, cimentées et peintes dans un blanc très néoclassique. »
Le résultat parle de lui-même. La nouvelle « ancienne » façade s’harmonise parfaitement avec son environnement. Martin De Witte : « Une façade en béton architectonique est un choix esthétique, durable et même logique, surtout pour les nouvelles constructions. C’est également possible pour une rénovation, mais c’est moins évident. Dans le cas d’une rénovation, on a souvent affaire à une façade en briques avec des planchers intermédiaires en bois, qui ne sont pas suffisamment résistants pour ancrer des panneaux préfabriqués en béton. Une solution consiste alors à couler des poutres annulaires dans la façade en briques existante, mais cela reste très peu courant. Dans le cas d’une nouvelle construction, en revanche, les éléments de façade peuvent être ancrés à une structure en béton située derrière. Cela peut se faire lors de la phase de gros œuvre ou a posteriori, comme cela a été le cas dans ce projet. L’intérieur a d’abord été achevé, puis les panneaux de façade ont été fixés mécaniquement à la fin. »
Des détails épineux
Les encadrements de fenêtres et les arcs, ainsi que les bordures de toiture et les encorbellements, ont été simplifiés afin d’alléger le design, mais le relief a été conservé. Une corniche en encorbellement et une poutre ont également été intégrées dans la conception des panneaux sur mesure. « Chaque projet présente ses défis spécifiques », explique Martin De Witte. « La grande difficulté dans ce projet était les détails des panneaux. Éléments courbés, angles, évidements, éléments décoratifs … Le dessin et la fabrication du coffrage constituaient donc l’étape la plus cruciale du processus. Le coulage et l’armature ont ensuite pu se dérouler sans encombre une fois le coffrage terminé. Mais tout devait être parfait dès le premier essai. Si vous oubliez un angle ou un évidement, vous devez tout recommencer. C’est un véritable travail d’artisan, je peux vous l’assurer. »
D’un point de vue urbanistique, l’utilisation du béton architectonique pour les façades reste peu conventionnelle. Comme le stipule le Règlement Général de Police sur les Bâtisses de la Ville de Tournai, l’utilisation du béton architectonique devait être approuvée par le Collège des Bourgmestre et Echevins. Ce choix a été défendu avec brio en mettant en avant la grande liberté offerte par le béton architectonique en termes d’agencement et de conception de la façade, qui apporte d’une part une touche de simplicité au projet, mais qui répondait également parfaitement aux exigences néoclassiques.
La préparation, clé du succès
Grâce à l’utilisation du béton architectonique, mais aussi à la préparation minutieuse des plans, des coupes et des détails, il a été possible d’atteindre un niveau irréprochable de détail, de symétrie et de qualité, qui a permis de reproduire à la perfection la réinterprétation du langage néoclassique recherchée. Martin De Witte : « Grâce à une bonne préparation, nous avons pu intégrer pleinement des éléments détaillés, jusqu’au logo de l’Atelier d’Architecture. Le temps consacré à la recherche de la perfection est bien sûr toujours mis en balance avec le temps nécessaire à la livraison et à l’installation des éléments. De plus, ce n’est un secret pour personne que la préfabrication a un effet positif sur la rapidité d’exécution et de pose sur le chantier. »
« La technicité et la difficulté de transposer un projet en élément préfabriqué constituent l’un des points forts d’Agref. Dans cette optique, il est important que nous soyons impliqués dès le début d’un projet, de préférence avant même l’octroi du permis. Il arrive parfois que cette phase initiale soit déjà terminée et que nous devions décevoir le client et/ou l’architecte parce que leur idée est techniquement impossible ou trop coûteuse. Lorsque nous sommes impliqués à un stade précoce, nous pouvons éliminer les obstacles potentiels avant même qu’ils ne se présentent. Nous aimons réfléchir avec nos clients et endossons souvent un rôle de catalyseur qui veille d’une part à la liberté de conception et à la créativité de l’architecte et d’autre part à la faisabilité technique », conclut Martin De Witte. (NR)