Tivoli, quartier durable : une nouvelle manière de faire la ville à Bruxelles ?

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Brussels Studies, la revue scientifique électronique pour les recherches sur Bruxelles, a mis en ligne une publication consacrée au projet de quartier durable « Tivoli ». Pour les auteurs de cet article, le projet Tivoli apparaît révélateur de (nouvelles ?) manières de faire qui interrogent plus largement les modes de fabrication de la ville contemporaine. Nous en reprenons ici quelques extraits, en vous invitant à lire le texte intégral.

Vers une écologisation de l’architecture

En tant que projet de quartier durable, Tivoli est composé de bâtiments respectant des critères environnementaux ambitieux. Les cahiers spéciaux des charges exigent des bâtiments a minima « passifs », dont un tiers « zéro énergie ». Ils insistent sur l’impact environnemental des matériaux et sur leur recyclage futur, incitant les concepteurs à privilégier les matières à faible empreinte écologique, le réemploi, la préfabrication ou encore des techniques de construction permettant un démontage ultérieur aisé. Les eaux de pluie et les eaux grises doivent être récupérées, réutilisées et, de préférence, recyclées in situ. Les aménagements extérieurs doivent, quant à eux, être composés de noues ou de zones humides afin de « restituer les eaux pluviales au milieu naturel le plus en amont possible »2. Quant aux aménagements des espaces verts ils doivent respecter un certain coefficient de biotope par surface.

Ces exigences environnementales ne peuvent pas être atteintes par une « simple » addition de techniques. La maîtrise des flux d’énergie, de matière, d’eau ou encore de biotope oblige les praticiens à développer des interactions permanentes et synergiques à toutes les phases de la conception architecturale [Terrin, 2009]. Au final, Tivoli constitue un exemple parmi d’autres d’un processus en cours pouvant être qualifié d’« écologisation de l’architecture ». Il s’agit de minimiser les impacts environnementaux en les pensant en termes de flux et en modifiant les logiques de production et de fonctionnement des bâtiments, et de ne pas de se contenter des approches par correction a posteriori des nuisances. Plus encore, certains impacts environnementaux, en particulier énergétiques, doivent être réduits au maximum des possibilités qu’offrent les techniques.

Ce mouvement d’écologisation concerne également l’esthétique architecturale. Au-delà de l’énoncé classique appelant à la « cohérence urbanistique » et à une expression architecturale « de qualité », les cahiers spéciaux des charges insistent sur la nécessité de « refléter le caractère démonstratif » des bâtiments, de renvoyer une image « exemplaire », « forte », « de marque » et une « forte identité ». Cet usage de l’esthétique architecturale s’inscrit dans le prolongement de l’objectif du projet Tivoli, déjà évoqué ci-dessus, visant à « créer un quartier durable où on a envie d’habiter, où on se sent bien ». Recherchant l’« acceptabilité sociale » du durable, il s’agit d’inciter les futurs habitants à opter pour des « comportements durables » et de promouvoir certains choix techniques et matériaux de construction, le rapprochement physique avec la nature ou encore l’habiter en ville dans l’optique d’une nécessaire compacité des territoires habités. Ces enjeux dépassent le cadre de Tivoli. Ils ne visent pas uniquement les habitants des espaces en question, mais bien l’ensemble des citoyens, dont les praticiens de l’habiter, qui ne partageraient pas encore les valeurs inhérentes au référentiel de l’habiter durable tel qu’il se définit progressivement à Bruxelles.

 

Un consensus facilitant la négociation de la qualité architecturale

Parce que la nécessité de rendre la fabrique architecturale plus soutenable fait globalement consensus, ce processus d’écologisation de l’architecture facilite la négociation du projet Tivoli en particulier lors de l’élaboration du schéma de développement et du permis de lotir. Effectivement, avant même qu’il ne soit question de « quartier durable », la mise en évidence de contraintes techniques de l’habiter écologique a permis de tempérer des désaccords autour du concept de « qualité architecturale », confrontant une conception de l’architecture se voulant plus contemporaine [Comhaire, 2012], portée par le bureau d’architecture et d’urbanisme MSA, et une conception de l’architecture s’inscrivant dans la ville traditionnelle européenne, portée par Citydev.

 

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Source Brussels studies

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