Tout savoir sur le projet de salle de bal de Donald Trump à la Maison-Blanche
Alors que Donald Trump, président des États-Unis, achève la démolition de l’aile Est de la Maison-Blanche pour y construire une salle de bal monumentale, le projet suscite autant d’interrogations que de critiques. Voici un tour d’horizon complet de cette initiative architecturale controversée.
Une extension néoclassique signée McCrery Architects
Avant d’accéder à la présidence, Donald Trump s’était déjà fait un nom dans le secteur de l’immobilier et de la construction, apposant sa marque sur des gratte-ciel de New York à Istanbul.
C’est donc sans surprise qu’il a souhaité laisser son empreinte architecturale sur l’un des bâtiments les plus emblématiques des États-Unis.
En juillet dernier, la Maison-Blanche a dévoilé les rendus d’un projet d’extension de 8.360 m² : une salle de bal de style néoclassique, respectant le langage architectural du bâtiment historique.
Les images montrent une structure plus imposante et plus haute, avec des façades rythmées de colonnes et des intérieurs dorés aux plafonds à caissons, lustres et grandes baies vitrées.
Selon l’administration, les travaux devraient être achevés « bien avant la fin du mandat du président Trump ».
Une démolition éclair de l’aile Est
Les travaux de démolition de l’aile Est ont débuté le 20 octobre 2025 et se sont terminés seulement quatre jours plus tard. Une rapidité d’exécution qui a surpris de nombreux observateurs.
Cette partie du complexe, construite dans les années 1940, abritait traditionnellement les bureaux de la Première dame et servait d’espace d’accueil pour les visiteurs.
Le bâtiment, d’architecture sobre et coloniale, était relié à la résidence principale par une galerie à colonnades. Il avait remplacé une terrasse d’accueil datant du début du XXᵉ siècle.
Une conception confiée à un fervent défenseur du classicisme
Le projet est confié au bureau McCrery Architects, basé à Washington D.C., dirigé par James McCrery — ancien élève de Peter Eisenman, mais aujourd’hui figure du courant néoclassique aux États-Unis.
On lui doit notamment des églises comme St. Mary Help of Christians (Caroline du Sud) ou Our Lady of the Mountains (Caroline du Nord). McCrery est également membre fondateur du National Civic Art Society et enseigne à la Catholic University of America.
Le chantier sera réalisé par Clark Construction, avec AECOM en charge de l’ingénierie. Compte tenu du haut niveau de sécurité du site et de la présence d’un bunker souterrain, l’intégration technique et structurelle représente un défi majeur.
Un objectif affiché : accueillir plus de dignitaires
Officiellement, la Maison-Blanche justifie ce projet par le besoin d’un espace plus vaste pour les réceptions diplomatiques.
La salle de bal permettrait d’accueillir jusqu’à 999 invités, contre environ 200 actuellement. Trump affirme vouloir « léguer cet espace aux administrations futures et au peuple américain ».
L’ancien président a qualifié l’aile Est de « petit bâtiment sans grande importance », insistant sur la nécessité d’un équipement « à la hauteur du prestige du pays ».
Les précédents architecturaux à la Maison-Blanche
Historiquement, la Maison-Blanche s’est développée par ajouts successifs :
- 1902 : Theodore Roosevelt fait construire l’aile Ouest.
- 1942 : Franklin D. Roosevelt ajoute l’aile Est.
- 1950 : Harry Truman mène une rénovation structurelle complète.
- 1962 : John F. Kennedy crée la roseraie.
Plus récemment, les Trump avaient inauguré un pavillon de tennis. L’enveloppe principale du bâtiment, elle, est restée fidèle à son apparence d’origine depuis plus de deux siècles.
Une procédure d’autorisation controversée
Bien que des organismes tels que la National Capital Planning Commission et la Commission of Fine Arts supervisent habituellement les projets d’envergure, la Maison-Blanche est exempte des processus de validation fédéraux habituels.
Will Scharf, nommé à la tête de la commission par Trump, a déclaré qu’aucune approbation n’était nécessaire pour la démolition, tout en attendant des plans formels avant le démarrage de la construction.
Un financement privé sous surveillance
Le coût du projet est estimé à 200 millions de dollars, financé par des dons privés de « patriotes », selon la Maison-Blanche. Trump a aussi évoqué la possibilité d’y investir ses propres fonds. Parmi les contributeurs identifiés figurent des entreprises telles qu’Apple, Amazon, Google, Meta, Lockheed Martin ou encore Palantir — une proximité qui soulève des questions éthiques liées aux contrats publics, selon plusieurs juristes.
Des critiques venues du monde de l’architecture
Les réactions des organismes patrimoniaux et des associations d’architectes sont globalement sceptiques.
La Society of Architectural Historians (SAH) a exprimé sa « grande inquiétude », demandant un processus de conception et d’examen plus rigoureux.
Le National Trust for Historic Preservation craint que le nouveau volume « n’écrase visuellement la Maison-Blanche » et perturbe son équilibre classique.
Des architectes, comme le Britannique Robert Adam, estiment toutefois que le projet reste cohérent stylistiquement, tout en évoquant « une certaine ostentation typiquement trumpienne » dans le traitement doré et monumental des intérieurs.
Un symbole de la politique architecturale trumpienne
Ce projet s’inscrit dans la continuité du décret présidentiel de Trump privilégiant les styles classique et traditionnel pour les bâtiments fédéraux.
Le président a également promu plusieurs projets néoclassiques, dont un arc commémoratif surnommé "Arc de Trump", et nommé des défenseurs du classicisme à des postes clés comme la Commission of Fine Arts.
De l’Oval Office doré au futur ballroom monumental, Donald Trump poursuit ainsi une vision esthétique marquée par le retour à une grandeur architecturale assumée — et revendiquée comme telle.