Un plancher vibrant pour aider les malentendants à entendre

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La langue des signes n'étant pas répandue partout, il est crucial, pour les sourds, de comprendre le monde des entendants. Un plancher vibrant mis au point par l'ECAM et l'Henallux pour le compte de l'IRSA leur permet d'établir le lien entre son et vibration de façon ludique.

L’Institut royal pour sourds et aveugles (IRSA) disposait d’un plancher vibrant depuis 30 ans, mais le prototype que lui ont proposé les deux Hautes Écoles en 2017, et qui se présente sous la forme d’une estrade carrée de 80 cm de côté, s’est avéré beaucoup plus avancé. Il intègre en effet toutes les techniques modernes.

Les bruits, les sons, le rythme

L’IRSA accueille des enfants et jeunes sourds et malentendants, âgés de 2 ans 1/2 à 21 ans. A la crèche, les logopèdes travaillent  déjà sur le plancher vibrant afin que les bébés puissent prendre conscience du bruit qui les entoure. Au fil du temps, les logopèdes leur apprennent à distinguer les sons, les mots, les phrases, puis on passe aux comptines et aux chants. « On les initie au rythme par la musique. C'est très important car le langage comprend des intonations, ce qu’on appelle la prosodie », précise Mélissa Lengelé, logopède à l'IRSA. « En cela aussi, le rôle du plancher s’avère primordial. » 

« Avant le plancher, nous utilisions notre corps comme caisse de résonance, nous mettions la main de l’enfant sur notre tête pour ressentir les aigus, sur notre torse pour les graves, sur notre gorge pour percevoir le mouvement des cordes vocales », explique Fabienne Fabre, de l'IRSA. « Mais certains jeunes n’aiment pas toucher autrui. »

Le lien entre son et vibration

« Pour apprivoiser le monde des sons, les sourds ont besoin de percevoir et de décrypter le lien entre son et vibration », continue Fabienne Fabre. « Après tout, le son n’est qu’une vibration de l’air. » Les sourds doivent notamment établir le lien entre les mouvements des lèvres – qui sont similaires pour bon nombre de phonèmes, par exemple le “b” et le “p” – et les vibrations produites. « L’autre façon de percevoir les vibrations, c’est par le corps », ajoute Mélissa Lengelé. « D’où l’idée de créer un plancher vibrant, une sorte d’ampli relié à un micro ou à un diffuseur de musique. La vibration du son est alors transmise au plancher et aux personnes qui se trouvent dessus. Nous travaillons aussi sur un logiciel qui traduira les sons en signaux visuels. Les jeunes auront alors les vibrations et l’image ! » 

Un plancher léger, solide et facile à transporter

Le prototype, développé par trois étudiants de Master 2 encadrés par un enseignant-chercheur, a été testé publiquement.puis offert à l'IRSA en septembre 2018. Les résultats obtenus sont très satisfaisants : la transmission des vibrations est excellente, la structure relativement légère et solide est de plus facile à transporter. La prochaine étape ? Pour l'Henallux, il serait intéressant de réfléchir à l'équipement d'une salle complète en planchers vibrants afin de pouvoir y donner des cours collectifs pour les sourds et malentendants.

Un rêve qui deviendra peut-être réalité si le projet, nominé aux Belfius Smart Belgium Awards, remporte l'un des prix qui seront remis le 24 avril prochain.

Source Smartbelgium Belfius

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