Le Centre national de coopération au développement a présenté dernièrement son siège historique réinventé par les architectes Honhon architectures et Atelier 20 : une coupole-atrium pour cette coupole d’ONG francophones. L’acier joue un rôle de fil rouge dans quasiment toutes les interventions, de la rehausse côté rue à la nouvelle façade arrière en passant par la verrière et par un fantastique ensemble escalier-passerelles redéfinissant la vie dans le bâtiment néoclassique.
Le projet a démarré il y a une dizaine d’années à la suite d’une discussion improbable concernant la pose d’une énième couche de lino sur un escalier. Le bâtiment de commerce en rez+2 et combles était alors vétuste, hors normes, obsolète énergétiquement, exigu et inadapté pour l’organisation. Les différentes interventions chaotiques au cours du temps faisaient que les personnes y travaillant ne se rencontraient jamais, dans un dédale obscur de couloirs et d’escaliers.
Escalier central et passerelles métalliques
Très vite, les architectes ont compris qu’il fallait garder l’essentiel de l’ancien bâtiment de commerce avec son entrée cochère et son escalier majestueux pour lui redonner son lustre d’antan, tout en libérant la cour centrale en intérieur d’îlot, phagocytée par une annexe bétonnée. C’est l’escalier principal en fonte et bois qui devait devenir le point de départ de toute la circulation dans le bâtiment en distribuant les flux vers les bureaux des différentes ONG. Dans ce but, les anciens couloirs sombres ont été remplacés par un jeu de passerelles suspendues au-dessus du nouvel atrium. Philippe Honhon, architecte : « Un travail d’une grande complexité pour le ferronnier, car rien n’est droit dans ce vieux bâtiment, et aucun niveau ne correspond précisément à un autre. Les passerelles présentent donc toutes une légère inclinaison. » De nombreux prototypes ont été réalisés pour arriver au résultat souhaité. C’est notamment le cas pour les éléments en fonte boulonnés venant pincer chaque marche en bois, assurant la stabilité de l’ouvrage sans autre support, que l’architecte a réinterprétés en acier pour le nouveau départ d’escalier.
Les passerelles où l’on ne fait que passer sont dotées d’un tablier en lames de bois biseautées ajourées, ce qui procure une vue vers le bas sans pour autant donner une sensation de vide. Des paliers, non ajourés, ont été prévus aux endroits stratégiques et aménagés en petits salons pour favoriser les rencontres informelles, passer un coup de téléphone, … ce qui correspond bien à la volonté des architectes d’exploiter au mieux le moindre centimètre carré, tout comme aller chercher la lumière fut une véritable obsession.
Deuxième façade arrière et verrière
Une verrière abritant l’atrium central, métaphore d’un dôme de verre pour la coupole d’ONG qu’est le CNCD-11.11.11, articule avec le grand escalier tout le projet : circulation, repos, cafétéria et espaces de bureaux s’organisant autour du volume suivant l’adage « Tous ensemble mais chacun chez soi ». C’est à cette structure en acier galvanisé que sont suspendues les passerelles.
La verrière s’appuie quant à elle sur une nouvelle façade arrière en structure mixte acier-béton, notamment pour des raisons de résistance au feu. La conformité aux normes incendie faut d’ailleurs l’un des grands défis du projet. Comme la façade arrière, celle de l’extension en hauteur est bardée de tôle et de verre, chaque fois dans une proportion adaptée à l’orientation.
Jardins suspendus et esthétique évanescente
Au dernier étage, des poutrelles en acier ont été ajoutées pour supporter la charge d’un jardin aménagé en toiture. Des plantations de 7 mètres de haut ont aussi été réalisées dans un grand voile en béton, face à la façade végétalisée du voisin.
Depuis la rue, l’intervention la plus marquante est sans aucun doute la rehausse de deux niveaux permettant d’augmenter la capacité du bâtiment. Cette extension est habillée de lames verticales en acier galvanisé disposées sur plusieurs plans pour créer un jeu volontairement irrégulier. Le but n’est pas tant de lutter contre la surchauffe (la façade étant orientée nord-ouest), mais de créer une esthétique évanescente qui permet d’intégrer la surélévation aux bâtiments voisins en les complétant. Ici aussi, des prototypes ont été nécessaires pour obtenir l’effet voulu. On retrouve cette même esthétique, en noir cette fois, dans la grille fermant la porte cochère.
Les architectes ont volontairement souhaité garder un aspect brutaliste à ce bâtiment low tech, celui-ci montrant son histoire sans gaspillage de finitions qui ne seraient qu’apparat. Absent dans la situation de départ, l’acier a été utilisé pour donner une nouvelle cohérence au bâtiment, tout en améliorant grandement son confort.