Nos voisins hollandais sont passés maîtres en aménagement du territoire. Avec la densité de population la plus forte d'Europe, ils parviennent encore à préserver de vastes espaces non bâtis, rendant leur pays bien plus accueillant pour la nature que la Flandre voisine. Rien étonnant donc à ce que nous viennent d'outre-Moerdijk d'intéressantes idées pour faire face à la croissance de notre population. Deux d'entre elles font l'actualité : construire des logements sur les toits des supermarchés, et édifier des murs de logements le long des autoroutes.
Habiter le long de l'autoroute
A quelques kilomètres de la frontière, dans la commune hollandaise de Goirle, a été construit il y a 8 ans déjà un "mur résidentiel" le long de l'autoroute. S'étalant sur 700 mètres et comptant 170 logements, la construction réduit considérablement les nuisances sonores générées par le trafic (également pour les habitations avoisinnantes) et contient la pollution de l'air. L'isolation acoustique est telle que les chambres à coucher situées côté autoroute sont parfaitement silencieuses. Surfant sur ce concept, le promoteur Extensa et le bureau d'architecture Stramien font actuellement parler d'eux avec leur projet de quartier résidentiel Groeningen qui sera développé le long de l'E19 à Kontich. Il comprendra notamment un ensemble de logements constituant un tel mur parallèle à l'autoroute, ainsi qu'un certain nombre d'habitations protégées du bruit et de la pollution par celui-ci. Des études menées par VITO et Technum, il ressort que le niveau moyen de décibels passera de 70 actuellement à 55, voire moins, ce qui correspond au niveau sonore d'un quartier résidentiel calme. Quant à la pollution, le nombre de particules fines de l'autre côté du mur sera de 20 à 40% inférieur à ce qu'il est sur l'autoroute elle-même.
Habiter sur le toit d'un supermarché
Bien sûr, on connaît déjà le cas des petits supermarchés urbains qui occupent le rez-de-chaussée d'un ensemble résidentiel. Mais, ce que met en avant l'Union professionnelle du secteur immobilier (UPSI), c'est la possibilité de construire du logement par-dessus les supermarchés existants et leurs parkings. L'association a même calculé que 336 supermarchés sur les 1461 que compte la Flandre pourraient convenir, ce qui équivaudrait à une surperficie à bâtir de 200 à 250 hectares. Olivier Carrette, administrateur délégué d’UPSI-BVS, explique : « Nous devons oublier les grandes boîtes à parkings des années 70. Au fil des ans, elles n’ont pas cessé d’être agrandies ou transformées, mais pendant la nuit et une partie de la semaine, ces grandes aires de stationnement sont inexploitées, voire abandonnées. Selon nous, associer logements et supermarchés permettrait de remplir efficacement toutes ces parcelles disponibles. Si ces mêmes supermarchés sont pourvus d’un parking souterrain, il est possible de construire sur les parkings actuels ». Et d'ajouter que ce serait également tout bénéfice pour a mobilité, puisque les habitants de ces logements ne devraient pas prendre leur voiture pour faire les courses...
Lotissement : fin annoncée
Une chose est sûre : les terrains vierges se faisant de plus en plus rares et la population augmentant sans cesse, il faudra trouver des solutions créatives pour parvenir à "caser" tout le monde à l'avenir. La seule densification des noyaux urbains ne suffira pas. Le gouvernement flamand vient d'ailleurs de se mettre d'accord sur un "betonstop" complet dès 2040. D'ici à 2025, seuls 3 hectares de terrain vierge pourront être lotis, au lieu de 6 actuellement. Et plus aucun à partir de 2040.
D'ici 2040, le taux d'imperméablisation des sols doit rester stable dans les zones urbaines et diminuer de 20% dans les espaces ouverts. En transformant en espaces verts d'anciens entrepôts et usines.