« Seule une non-participation collective aux appels d'offre peut garantir des honoraires équitables »

 « Tant que les candidats aux appels d’offre continueront d’accepter un pourcentage d’honoraires forfaitaire la plupart du temps très faible, la demande de percevoir des honoraires plus élevés n’aura aucun effet. » C'est ce que Kristiaan Borret, bouwmeester-maître architecte de la Région de Bruxelles-Capitale, a déclaré lors de la journée de réflexion ‘De architect in (r)evolutie’ (L’architecte en (r)évolution), organisée le 24 avril dernier par le Conseil flamand de l'ordre des architectes. « S’ils veulent des honoraires plus élevés, les architectes doivent refuser collectivement de participer à de tels concours. »

Lors du débat, qui a eu lieu au Centre de congrès BEL sur le site de Tour & Taxis à Bruxelles, la question des honoraires (trop) bas a été soulevée. Bien que les architectes attendent avec beaucoup d’intérêt un geste des décideurs politiques, les clés se trouvent pourtant entre leurs mains, selon Kristiaan Borret, bouwmeester-maître architecte de la Région de Bruxelles-Capitale. « Nous pensons presque tous que les honoraires des architectes en Belgique sont trop faibles, mais tant que nous n'oserons pas dire ‘non’ à une commande mal payée, rien ne changera. En tant que bouwmeester, mon équipe et moi-même ne nous engageons que pour des concours dans lesquels les honoraires sont fixés à l’avance ou, éventuellement, se situent dans une fourchette réduite et précise, en fonction des critères d'attribution du marché. Je pense que les pouvoirs publics doivent jouer un rôle exemplaire en terme de qualité, de durabilité ou de circularité, et payer pour cela le prix correct. »

Cercle vicieux

 « Même lorsque le maître d’ouvrage propose un faible pourcentage d’honoraires, les équipes de conception se ruent sur le projet. Cela crée une véritable guerre des prix parmi les architectes. Je peux comprendre qu’on le fasse à un moment donné pour une mission que l’on veut vraiment remporter. Mais, de cette manière, on continue à maintenir un niveau d’honoraires bas, c’est un cercle vicieux. Je pense que les architectes pourraient casser cette tendance, mais ils manquent de solidarité et ne font pas preuve d'activisme. »

Un juste salaire, en fonction du travail

Les architectes se tirent donc une balle dans le pied, mais ils ont pourtant, selon Kristiaan Borret, les clés pour débloquer cette problématique. « Si nous voulons faire en sorte que l'attention se déplace des prix bas vers la qualité et le rapport qualité-prix, je ne vois qu'une seule solution : durcir la situation en refusant collectivement de participer aux appels d'offre. De cette manière, en tant qu’architectes, nous donnons un signal fort pour dire que nous ne voulons plus de telles procédures d’appel d’offre. Ce n'est qu'alors que les yeux des maîtres d’ouvrage s'ouvriront et que nous évoluerons vers un climat dans lequel nous pourrons obtenir un juste salaire, en fonction de notre travail. Nous mettrons ainsi les maîtres d’ouvrage au pied du mur : soit ils travaillent de cette façon, soit il n’y aura pas de projet du tout. »

« La société en profitera également car, avec des honoraires équitables, un architecte peut prendre le temps de développer des projets de qualité et de rechercher une valeur ajoutée sociétale pour sa conception. »

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