Commissariat de police de Torhout – Le béton préfabriqué comme symbole de neutralité et de dignité

Début 2020, META a obtenu la mission de concevoir le nouveau bâtiment central de la police de Kouter à Torhout. Après des décennies d’opération dans des bâtiments éparpillés sur toute la zone, les services de police ont été centralisés. La Police Locale Kouter a lancé avec META un processus participatif de conception, dans un dialogue ouvert. Tout au long du processus, le fonctionnement de la police a été la pierre angulaire.
« C’était un projet très particulier pour moi », raconte Pietter Lansens de META architectuurbureau. « Je suis originaire de Torhout et, en tant que stagiaire dans un autre bureau d’architecture, j’avais déjà participé au projet du commissariat de Bruges. Il y avait donc une double connexion. »

Fait remarquable : le maître d’ouvrage, la Police Locale Kouter, avait demandé à ce qu’aucun projet ne soit soumis dans le cadre de l’appel d’offres. Pietter Lansens :

« Ils voulaient réfléchir avec l’architecte, dans le cadre d’un processus participatif. Alors que quatre autres candidats ont soumis une proposition concrète, nous avons uniquement fourni une note analysant trois options : conservation des bâtiments existants, volume compact et fonctionnalité du plan. Ce n’était pas encore un projet, mais une base de discussion. Nous avons remporté la mission et durant la conception, la neutralité est devenue un facteur clé. À ce moment-là, l’affaire George Floyd était très présente, ce qui renforçait encore cette exigence. Matériellement, cette neutralité s’exprime parfaitement avec le béton préfabriqué. »

Une répartition selon la fonction

La situation du site, en zone industrielle, a aussi poussé l’équipe vers le béton comme matériau principal. Le bâtiment final est en forme de gradins, en hauteur comme en profondeur, et symbolise parfaitement le fonctionnement interne de la police.

Au rez-de-chaussée, on trouve les fonctions liées à l’accueil du public :

• réception et interrogatoires,
• accès pour véhicules (sas de transfert pour détenus),
• zone logistique (chargement et déchargement),
• bureaux de proximité.

Au premier étage (+1) :

• bureaux du personnel,
• réfectoire,
• salle de crise, avec cellules de repli pour chaque service (protection civile, pompiers, ambulance…), permettant une coordination rapide en cas de crise.

Au deuxième étage (+2) :

• bureaux de la direction et services supports.

La forme en gradins permet l’aménagement de toitures accessibles (terrasses ou toits verts). Les parties non visibles sont équipées de panneaux photovoltaïques.

Pietter Lansens :
« Le plan est une traduction littérale de l’organigramme de la zone de police. C’est aussi un bâtiment générique, garantissant une flexibilité maximale pour aujourd’hui et demain. C’est aussi la première fois que les commissariats de quartier de la zone Kouter sont regroupés sous un même toit. »
 
Flexibilité maximale et rendement de production

Chaque plan d’étage a été conçu en concertation avec la Police Locale Kouter, avec pour priorités :

• regroupement logique des fonctions,
• zones de sécurité claires,
• limitation des distances de circulation.

Grâce à un concept structurel ingénieux, les murs porteurs sont réduits au minimum, offrant une flexibilité totale : murs ajoutables ou amovibles à tout moment.

Pietter Lansens :

« La conception est modulaire, basée sur une trame de cinq mètres, en gradins tant en plan qu’en coupe. Cette clarté nous a permis de travailler de manière répétitive avec le béton préfabriqué, et donc de maximiser le rendement. »

Les éléments en béton préfabriqué ont été réalisés par Verhelst Bouwmaterialen.

« Quand le projet est arrivé chez nous, le béton architectural n’était pas encore envisagé », raconte Maarten Simpelaere, responsable du bureau d’étude Béton architectural chez Verhelst et originaire de Torhout. « L’idée était un aspect industriel. Mais rapidement, les solutions classiques en béton gris industriel montraient des défauts incompatibles avec le design souhaité. Nous avons donc envisagé le béton architectural, même si le client craignait un rendu trop clair, trop blanc. Après plusieurs réunions et échantillons, nous avons convaincu le maître d’ouvrage. Nous utilisons un ciment au laitier, qui donne une teinte plus douce et uniforme. »

« Chez Verhelst Bouwmaterialen, nous avons trouvé un savoir-faire que d’autres n’avaient pas », poursuit Pietter Lansens.

« Nous ne voulions pas un béton architectural blanc classique, trop visible dans un environnement industriel. Cela aurait nui au caractère neutre. Mais nous cherchions quand même une finition de qualité, avec des détails comme une rive de toiture bien intégrée. Et cela exige des compétences techniques que les producteurs de béton industriel n’ont pas toujours. »

Complexité technique

Pour Verhelst Bouwmaterialen, ce projet est accueilli à bras ouverts.
Maarten Simpelaere : « En termes de technicité et de capacité, ce projet nous a permis de mobiliser tout notre savoir-faire. Intégrer proprement la rive de toiture, par exemple. Là où un fabricant industriel coule le tout en une seule pièce, nous procédons en deux étapes. Cela évite que la chaleur d’hydratation au niveau de la rive, plus massive, ne provoque un durcissement différentiel et donc des variations de couleur. »

Un angle intérieur du bâtiment a également présenté un défi

Maarten Simpelaere : « Les grands éléments de façade devaient s’assembler précisément dans cet angle et reposer sur une colonne intérieure avec peu de surface d’appui. Nous avons opté pour un emboîtement caché, afin de garantir une jonction précise. Ce détail est peu visible mais contribue au rendu final. Pour un bâtiment situé en zone industrielle, le niveau de finition est particulièrement élevé. Le fait que META ait intégré la rentabilité de la production dès la conception a clairement eu un impact positif sur la faisabilité du projet. Dans une niche comme le béton architectural, c’est toujours délicat. Un architecte qui pense aussi à ces aspects est une véritable valeur ajoutée. »

Goût des matériaux robustes 

« Chaque intervenant joue son rôle », ajoute Pietter Lansens. « Verhelst Bouwmaterialen maîtrise les aspects techniques. L’entrepreneur doit aussi être aligné. Il est sain de remettre en question certaines idées, cela pousse à réfléchir autrement et à trouver des solutions alternatives. En tant qu’architectes, nous avons une préférence pour les matériaux robustes et minéraux, motivée par la durabilité. Le béton s’impose donc souvent, et nous avons acquis une solide expérience dans sa mise en œuvre. »

La collaboration et la communication ouverte ont été essentielles au succès du projet

« Chez Verhelst Bouwmaterialen, le service client est central. Soutenir le design, écouter les besoins, résoudre les problèmes : c’est notre moteur. Dans ce projet, notre dessinatrice Ynske a joué un rôle crucial, autant pour ses compétences techniques que comme lien entre les acteurs. Sans une équipe forte et engagée, des projets aussi complexes ne peuvent aboutir », conclut Maarten Simpelaere. (NRO)

INFOS PROJET

Maître d’ouvrage : Lokale Politie Kouter
Architecte : META architectuurbureau bv
Entrepreneur : Artes Depret nv
Bureaux d’études : Aiko architecten & ingenieurs bv / EVEKA bv / Bureau De Fonseca bv / Ingenieursbureau France nv
Béton préfabriqué : Verhelst Bouwmaterialen nv

Chiffres clés :
353 éléments : colonnes, panneaux de façade, seuils et couvre-murs
235 m³ de béton architectural