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Mövenpick Brussels Airport – Une façade rideau architectonique comme accroche visuelle

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L’hôtel Mövenpick Brussels Airport – construit par AB-Eiffage nv – ne ressemble en rien à un hôtel d’aéroport banal. Son architecture joueuse et surréaliste, signée Buro Architectuur bv, se distingue notamment par ses façades rideaux en béton architectonique, véritable signature du projet. Un partenariat singulier avec Enjoy Concrete nv, qui a relevé un défi technique de taille pour concrétiser cette vision.

Le Mövenpick Brussels Airport a pris place en lisière du vieux parc d’activités Keiberg, juste à côté du Ring de Bruxelles. Cet hôtel haut de gamme, développé par Fjord RED bv et exploité sous franchise par le groupe français Accor, est l’un des premiers projets phares d’un ambitieux plan de revalorisation mêlant emploi, séjour et loisirs. Le concept, issu de l’imagination de Buro Architectuur, fait référence au surréalisme belge. Il regroupe 220 chambres, un restaurant rooftop avec skylounge, une salle de sport, un espace bien-être et des salles de réunion. Grâce à la hauteur du bâtiment, la skylounge offre une vue imprenable sur Bruxelles et l’aéroport.

Surréalisme

Les éléments architecturaux remarquables sont les étages supérieurs vitrés accueillant la réception, le restaurant en toiture et la skylounge, ainsi que les façades en béton architectonique. Ces dernières prennent la forme de panneaux blancs rigides, sculptés à certains endroits de plis intégrés. Les ornements ondulants évoquent des rideaux flottants. Sur les pignons, ces rideaux décoratifs dépassent les 20 mètres de hauteur, avec des panneaux atteignant 4,5 mètres de haut pour 9 tonnes, conférant au bâtiment une forte présence visuelle.

« Un hôtel, c’est en général une répétition de chambres toutes identiques, empilées les unes sur les autres », explique David Vancanneyt de Buro Architectuur. « Cela peut vite devenir monotone, d’où notre volonté de proposer quelque chose de singulier. Les rideaux en béton sont un clin d’œil appuyé au surréalisme, une source d’inspiration constante pour moi. De plus, la proximité immédiate d’une piste d’atterrissage limitait la hauteur de construction, ce qui rendait la conception d’autant plus complexe. Le projet a donc été entièrement modélisé afin d’intégrer un parking souterrain sur une parcelle réduite, tout en respectant les contraintes de hauteur liées au trafic aérien. »

Le projet comprend plusieurs volumes, dont les phases 1 et 2 sont réalisées. Une gaine vitrée relie les deux corps de bâtiment. David Vancanneyt : « La réception se situe à l’étage supérieur, avec le restaurant. C’est atypique pour un hôtel d’accueillir les clients au sommet, mais la vue y est tellement spectaculaire que ce choix s’est imposé. Les deux volumes peuvent fonctionner de manière autonome en termes de sécurité incendie et d’exploitation hôtelière. Cela complexifiait le design, mais nous avons trouvé dans cette gaine vitrée l’élément de liaison idéal. »

Disney

L’idée des rideaux en béton architectonique est donc un clin d’œil au surréalisme, mais a-t-elle une origine précise ? David Vancanneyt : « Elle s’inspire aussi des rideaux typiques des hôtels, tout en assumant une approche audacieuse de l’ornementation de façade, une pratique devenue presque taboue dans l’architecture contemporaine. Je ne voulais pas d’un rendu kitsch, mais un élément à la fois esthétique et techniquement ambitieux. »

« Visuellement, j’avais une idée claire, mais il fallait aussi assurer la faisabilité technique », poursuit David Vancanneyt. « Le principal défi résidait dans la démoulabilité des éléments. Nous avons consulté un artiste 3D ayant travaillé pour Disney, qui a finalement renoncé pour des raisons techniques. Heureusement, Enjoy Concrete a accepté de relever le défi. Nous connaissons leur jeune équipe passionnée, prête à se lancer dans les projets les plus complexes. »

 

"Je ne voulais pas d’un rendu kitsch, mais un élément à la fois esthétique et techniquement ambitieux."
- David Vancanneyt – Buro Architectuur -

 

Manipulation 3D

Sur base d’un modèle 3D, Enjoy Concrete a affiné le concept pour le rendre démoulable. « Trois pistes étaient envisagées », explique Maarten Durnez. « La première, et finalement retenue, consistait à fraiser une forme dans du polystyrène pour créer la matrice. Nous avons aussi brièvement envisagé un textile pour générer les ondulations, mais cela s’est vite révélé irréalisable. Une troisième option était l’impression 3D de la matrice (pas de l’élément), une alternative intéressante financièrement, mais proposée trop tard pour être exploitée pleinement. L’impression 3D laissait en outre une fine ligne de jonction tous les 6 mm, qu’il aurait fallu lisser manuellement. Ce n’est donc pas exclu pour l’avenir. »

« La complexité pour nous résidait dans la nécessité de concevoir des éléments démoulables », poursuit Maarten Durnez. « Les plis ne pouvaient évidemment pas être remplis de béton. Pour l’éviter, nous avons manipulé le fichier 3D : un dessinateur a modifié des points tous les 30 cm. Après quatre jours, il ne voyait plus que des lignes (rire). C’était un travail de moine. Nous avons donc imprimé une maquette à l’échelle et l’avons envoyée à David, qui nous a fait ses retours. Le polystyrène utilisé est bien sûr récupéré, et nous espérons pouvoir réutiliser la matrice béton dans la suite du projet. »

La répétition dans le design et la production était essentielle pour la viabilité économique. Maarten Durnez : « Si chaque rideau avait nécessité un moule unique, le coût aurait explosé. L’uniformité intégrée dans la conception a donc permis de maintenir les coûts et d’uniformiser le rendu architectural. C’est ce qui rend l’utilisation du béton préfabriqué si pertinente : on combine sur-mesure et volumes. Chez Enjoy Concrete, nous croyons dans la force de l’artisanat : trouver la bonne technique pour chaque projet. Et la collaboration avec Buro Architectuur fut fluide et efficace. »

Concernant le placement, il s’est fait entièrement en post-montage. « Nous n’étions donc pas sur le chemin critique de l’entrepreneur et avons eu le temps nécessaire pour la conception et la production », précise Maarten Durnez. « Excepté quelques éléments installés sur le socle, les autres ont été posés avec un système d’ancrage mécanique. Les plus grands éléments mesurent 4,5 m de haut sur 3,2 m de large. Leur épaisseur varie de 25 cm en haut à 48 cm dans les parties évasées inférieures. »

 

"La répétition rend l’usage du béton préfabriqué pertinent, car elle permet d’allier sur-mesure et volume."
- Maarten Durnez – Enjoy Concrete -

 

Architecture is fun

David Vancanneyt est très satisfait du résultat final. « C’est exactement comme je l’avais imaginé. Même les détails, comme l’alignement des lignes horizontales des seuils avec les joints des rideaux, sont respectés. En tant que bureau de conception, nous accordons une importance majeure à l’exécution fidèle de chaque détail. Visuellement, c’est très identifiable. Quiconque voit la façade comprend immédiatement que les éléments représentent des rideaux. Pour moi, ce projet illustre parfaitement une devise que j’emploie souvent : architecture is fun or it isn’t architecture », conclut David Vancanneyt. (NRO)

PROJECTINFO

Maître d’ouvrage : Fjord RED bv
Architecte : Buro Architectuur bv
Entrepreneur : AB-Eiffage nv
Bureau d’études : Cobe Ingenieurs bv
Béton préfabriqué : Enjoy Concrete nv

Chiffres clés :
600 éléments
3.042 m² de surface visible

Source FEBE

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