Ney & Partners remporte le concours pour la conception du pont de Tintagel

En septembre 2015, ils n’étaient déjà plus que six en lice :

• Dietmar Feichtinger Architectes et Terrell (France)
• Marks Barfield Architects et Flint and Neill (UK)
• Ney & Partners Civil Engineers et William Matthews Associates (Belgique)
• Niall McLaughlin Architects et Price and Myers (UK)
• RFR et Jean-François Blassel Architecte, avec EngineersHRW, et WSP (France)
• WilkinsonEyre et Atelier One (UK)

Attirant chaque année plus de 200.000 visiteurs, le Château de Tintagel est l’un des sites historiques les plus spectaculaires faisant partie du patrimoine anglais, le « English Heritage ». Ce célèbre monument est inextricablement lié à la légende du Roi Arthur et a été très prisé à travers l’histoire pour la beauté primaire et sauvage de cette contrée où règnent les forces de la nature. Le nouveau pont, situé 28m plus haut que l’actuelle passerelle, a pour but de transcender la visite du lieu et permettra d’améliorer la compréhension et l’accès à ce site historique qui est l’un des plus captivants et appréciés du patrimoine anglais. Le projet sera terminé au printemps 2019.

Le concept du pont

La proposition pour la passerelle du Château de Tintagel est basée sur un concept simple : recréer le lien qui existait autrefois et comblait le vide actuel. Au lieu d’introduire un troisième élément portant d’un côté à l’autre, nous proposons de placer deux porte-à-faux indépendants qui se rejoignent au milieu sans se toucher, ou presque... C’est par cette absence de matière au milieu de la traversée que le vide qui est mis en valeur. La structure, haute de 4m50 là où elle jaillit de la roche, atteint une épaisseur de 170mm à mi-travée, avec un joint ouvert entre les deux parties. Cet espacement étroit représente la transition entre le territoire et l’île, l’ici et l’ailleurs, le présent et le passé, le familier et l’inconnu, la réalité et la légende : toutes ces choses qui font de Tintagel un lieu si particulier et fascinant.

L'intégration réussie et harmonieuse du nouveau pont dans la composition paysagère a été l’une de nos plus grandes préoccupations. Si la conception se devait d’être résolument contemporaine, elle devait également être intemporelle. Ce mélange d’assurance et d'harmonie dialogue avec la nature sauvage du paysage environnant et la fragilité des vestiges historiques et de l'écologie.

Le nouveau pont permettra d'améliorer l'expérience vécue par les visiteurs, autorisant plus de gens à découvrir le site et visant à en faciliter sa compréhension. L’accès principal se fait par la porte intérieure historique de la partie basse et offre des vues spectaculaires sur les ruines du château et l'île de Tintagel. C’est à cet endroit précis que le pont se révèle, sans imposer sa présence, attirant naturellement les visiteurs à lui. Au centre, le visiteur atteint le point culminant de sa traversée, où il comprend intuitivement qu'il passe d'un monde à l’autre.

Les matériaux du pont sont simples, durables et adaptés au contexte du site. La structure principale et les balustrades sont en acier, la surface de la plate-forme est faite d’ardoises et la main courante est en chêne. Pour la structure principale, nous proposons d'utiliser l’acier auto-patinable. Les diagonales liaisonnant le platelage à la membrure inférieure sont en acier inoxydable. De loin, elles s’effaceront dans le fond bleu/gris du ciel mettant ainsi l'accent sur la silhouette globale de la structure.

Pour les éléments en contact avec les visiteurs, nous préconisons l’usage d’un grenaillage donnant un aspect plus tactile et raffiné à l’acier inoxydable, en opposition à la rugosité de l’acier autopatinable. Le revêtement du platelage est constitué d'étroites bandes d'ardoise fixées verticalement sur un lit de sable et une couche drainante. Les ardoises sont posées sur champ dans des plateaux en acier inoxydable qui constituent la structure du pont. Tous ces éléments n’ont pas besoin d’entretien.

Le concept du pont est intrinsèquement lié à sa méthode de montage. Nous avons opté pour un système de construction en encorbellement. Cette technique permet d’avancer de manière séquentielle dans le vide à partir des culées, sans avoir besoin de supports temporaires. Ce procédé réduit également les risques : la structure est statiquement déterminée et, par conséquent, les forces sont contrôlées, prévisibles et ce, indépendamment de tout mouvement potentiel des fondations.