À Namur, la Maison de la Culture bientôt revue et corrigée
La capitale wallonne en rêvait depuis des années : la Maison de la Culture de la Province de Namur sera prochainement rénovée et agrandie. Le bureau d’architecture Philippe Samyn and Partners prendra les rênes de ce chantier emblématique en septembre prochain.
Sortir de la désuétude et penser global
Rénover la Maison de la Culture de Namur est une idée qui ne date pas d’hier : les autorités en charge de sa gestion planchent sur le dossier depuis 2009. Le temps employé pour en baliser les enjeux a permis de sortir du cadre unique des questions culturelles pour envisager le projet de manière plus globale. Les installations existantes sont l’oeuvre de Victor Bourgeois et datent du début des années 1960. Conçues initialement pour l’accueil de congrès, les missions socio-culturelles qui se sont ajoutées depuis y trouvent de moins en moins leur place. Au terme des études de définition, un marché public est organisé et remporté par l’entreprise « Coeur de Ville » qui associe pour l’occasion le bureau d’architecture et d'ingénieurs Philippe Samyn and Partners, l’entreprise Thomas & Piron et divers partenaires techniques.
Un site exceptionnel
Le projet concerne l’un des plus beaux lieux de la ville. Situé au confluent de la Sambre et de la Meuse, au pied de la citadelle de Namur, il signe l’entrée de ville en amont de la Place d’Armes. Très inspiré par le site, Philippe Samyn en a analysé le potentiel à travers ses caractéristiques historiques et patrimoniales mais aussi géographiques et sensorielles au sens large. Les intuitions formelles qui en découlent seront ensuite vérifiées par les approches pragmatiques propres au bureau bruxellois. L’ensoleillement, la proximité immédiate de la Sambre, la qualité de l’air, l’utilisation actuelle du bâtiment et l’appropriation publique de ses espaces extérieurs interviendront dans la conception architecturale.
Une certaine lecture du patrimoine
L’étude des dessins de Victor Bourgeois révèle un schéma directeur géométrique sur lequel Philippe Samyn superpose le calque du projet actuel. L’élément architectural principal de la proposition est sans équivoque le cylindre de proue qui vient se planter à l’avant, tout contre l'édifice courbe de Victor Bourgeois. Ce choix est apparu évident aux yeux de Philippe Samyn, pour qui la situation actuelle avait « quelque chose d’inachevé ». Ce volume cylindrique est dimensionné et placé pour rééquilibrer les masses et participer à la création d’un parvis entre le bâtiment d’entrée et le pont tout proche. Pour le reste, la construction existante est préservée dans son entièreté à l’exception d’espaces annexes à la salle de spectacle et de locaux situés dans la partie Nord-Ouest du projet initial. Etant donné l’importance du programme, une large mezzanine vient compléter le niveau III. Le bâtiment courbe initial est surmonté d’un nouveau niveau (niveau VIII). La superficie disponible est ainsi augmentée de 30% pour accueillir les activités de l’institution dans près de 6000m2. Enfin, le jardin prévu initialement par René Pechère sera recréé sur les toitures de l’édifice.
Faire corps avec la ville
Le projet a la volonté de s’ouvrir sur son environnement et d’instaurer un dialogue avec la ville. Le cylindre de proue est conçu pour être un signal urbain fort. Son pouvoir d’attraction s’appuie sur la création d’espaces adaptés incitant le public à profiter des aménagements urbains. Il est par exemple prévu de remplacer une partie des murs de soutènement des quais de Sambre par des escaliers et gradins menant au niveau de l’entrée principale. Dans la même optique, les déplacements automobiles, cyclistes et piétons ont été étudiés et interprétés pour créer un bâtiment « perméable » au niveau des flux de circulation. Le rez-de-chaussée de l’édifice sera par ailleurs occupé par des commerces et un restaurant afin d’en augmenter l’attractivité. Notons enfin que le projet dispose du label « Access-i », lié à l’accessibilité des PMR.
Le logique en amont de la durabilité
Le travail de Philippe Samyn prône la rigueur et la logique en ce qui concerne la conception architecturale : créer des bâtiments bénéficiant des bienfaits de leur environnement de par leurs caractéristiques intrinsèques est une priorité avant toute autre démarche visant la durabilité. Pour le projet de la Maison de la Culture (qui a obtenu la mention BREEAM excellent), les efforts se sont particulièrement tournés vers l’optimisation de l’emploi de la lumière naturelle pour l’ensemble des locaux. Les façades ont notamment été pourvues de vantelles amovibles qui régulent la lumière en fonction des besoins. Des études concernant l’influence de la volumétrie sur les micro-climats environnants et concernant la ventilation naturelle ont également été menées pour augmenter le confort des usagers sans autre apport technologique.