À quand un examen du bon goût pour les élus ?

Récemment, une opinion exprimée par le fondateur du label Trésors de Bruxelles Paul Grosjean m'a rappelé qu'outre les casseroles en tous genres, les politiques peuvent aussi parfois se distinguer par leur mauvais goût, mais aussi par leur lâcheté lorsqu'il s'agit de préserver le patrimoine architectural.

En substance, dans les colonnes de La Libre, Paul Grosjean soulignait à juste titre que la promotion immobilière a fait d'immenses dégâts parmi les trésors de Bruxelles. Elle a malheureusement aussi laissé des traces ailleurs dans le pays. A cet égard, évoquons les divagations de Rudi Vervoort dans le projet de construction d'un parking souterrain face au Palais de Justice. Ou le projet initial du bourgmestre de Bruxelles-Ville Philippe Close pour la première épure du piétonnier de Bruxelles, qui se distinguait négativement par le choix malheureux des matériaux et par le manque de végétalisation. Le nord du pays n'est pas en reste. On peut citer l'inspiration bancale de notre (peut-être) futur Premier Bart De Wever dans le dossier de la modernisation de l'hôtel de ville d'Anvers. Bien sûr, il y a parfois des exceptions, comme celle de Cécile Goor, ancienne Secrétaire d’Etat à la Région de Bruxelles-Capitale, qui a marqué de son empreinte la rénovation du parc Tenbosch à Ixelles (ndlr: elle a malheureusement passé l’arme à gauche fin octobre). Mais comme le dit le dicton, l'exception confirme la règle générale: les politiques sont nullissimes en matière architecturale et urbanistique.

Face à tant d'indigence, quelques mécènes éclairés évoluant dans le secteur privé offrent un contraste saisissant. Ils sont de plus en plus nombreux à porter de beaux projets de rénovation. Pas toujours dans les bâtiments qu'ils occupent d'ailleurs. C'est sans doute là la preuve d'un attachement vrai à ce qui est beau. Le hic, c'est qu'un cadre fiscal correct manque encore, non pas pour rémunérer, ni pour récompenser, mais à tout le moins pour atténuer les débours occasionnés par ces mécènes dans leurs multiples chantiers. Et c'est précisément ce 'gap' que pointe du doigt l'administrateur de Trésors de Bruxelles. Il ne suffit pas de dissuader le politique de prendre les commandes d'un Airbus dont il ne connaît pas les commandes. Il faut aussi donner aux personnes bien formées, qu’elles soient architectes, amateurs de belles pierres ou mécènes éclairés, les moyens de compenser financièrement cet amour du patrimoine. Mais là encore, le politique a visiblement encore beaucoup à apprendre.

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