a2o, le BIM en mode collaboratif
Le 19 novembre dernier, Kubus organisait au Technopolis de Mechelen un après-midi de découverte de la méthodologie openBIM, sur base du projet Politiekantoor de Borgloon, développé par le bureau a2o-architecten de Hasselt et mis en oeuvre par l’entreprise Kumpen, dans un esprit de collaboration. Ce fut l’occasion de découvrir une expérience exemplaire, riche en conseils et en résultats.
Le bureau a2o et le BIM
a2o existe depuis 2000 et s’est installé dans un ancien moulin à Hasselt en bordure du canal Albert en 2008. Ils ont rénové le bâtiment pour en faire le centre d’entreprises de Silo, qu’ils partagent aujourd’hui avec une vingtaine d’autres entreprises créatives. Michel Janssens : « Nous avons initié notre démarche d’intégration de la méthode BIM avec Archicad en 2010, à l’occasion d’un projet pour la police locale et fédérale de Hasselt, pour lequel tous les plans de soumission ont été générés à partir du modèle 3D. Jusqu’à 2014, nous avons pratiqué le BIM level 1, ou « little BIM », ce qui signifie que la modélisation était limitée aux objectifs internes, sans interactions avec les autres intervenants du projet. De 2014 à 2016, le BIM level 2, ou « Big BIM », a été développé à partir d’un projet-test. Une collaboration véritable entre les disciplines via des modèles IFC et des outils collaboratifs, ainsi qu’une communication via les fichiers BCF de BIMcollab, ont alors été mises en place. Cette méthode est basée sur les principes de l’openBIM, développé par le consortium international Building Smart réunissant les principaux fournisseurs de logiciels, des universités et des organismes publics autour d’une ambition de collaboration transparente. »
Méthode et outils de l’openBIM
La méthode openBIM est basée sur l’échange de fichiers en format ouvert dont le format IFC. Elle vise à pouvoir implémenter le modèle sur tout le processus de construction, sans restrictions concernant les logiciels employés. L'openBIM se veut ainsi une méthode de conception et de communication intégrée universelle, qui permet que toute l’information pertinente d’un projet soit gérée et construite par les différents partenaires dans un modèle 3D depuis la conception jusqu’à l’exploitation. Chaque discipline travaillant sur la partie du modèle dont elle est responsable pourra utiliser le modèle des autres spécialités en tant que sous-couche de référence, et les responsabilités pourront ainsi facilement être scindées.
Un protocole IPDP, ou protocole BIM, est essentiel pour établir les règles de collaboration entre les parties. La question des responsabilités selon le niveau de développement du modèle doit par exemple y être précisément fixée. Au fur et à mesure de l’avancement du projet, il faudra aussi pouvoir s’assurer de la mise à jour du modèle et du rapportage des problèmes à l’aide d’outils adéquats. Des contrôles avancés de coordination pourront être effectués à l’aide d’applications telles que Solibri Model Checker ou Navisworks. Le partage des informations et la notification des problèmes rencontrés lors de l’élaboration du modèle pourront être effectués dans le BCF-manager de BIMcollab. De plus amples informations sur la collaboration efficace avec le BIM pourront être trouvées sur les sites nationaalbimhandboek.nl , bouwinformatieraad.nl et vcb.be/bim.
Le projet du bureau de police de Borgloon comme expérience pratique de l’openBIM
M.J. : « Grontmij, en tant que conseiller du maître d’ouvrage, a retenu l’équipe de conception-construction pour sa capacité à mettre en place le processus BIM. Celui-ci n’avait pourtant pas été exigé lors du concours ni par la suite : l’équipe a d’elle-même pris cet engagement par conviction. Le projet a alors été l’occasion de tester la collaboration interdisciplinaire. Les engagements et les objectifs des différentes parties ont dû être fixés dans le protocole BIM intégré au contrat entre les concepteurs et l’entreprise. L’objectif principal était de mieux communiquer en phase de conception, à la fois pour éviter la fragmentation ou la perte de l’information, et également pour oeuvrer dans un esprit de clarté et de transparence, tout en pouvant détecter très tôt les contradictions autant internes qu’externes. Les répercussions attendues visaient une meilleure cohérence dans la conception des documents, avec comme corollaire des gains de temps sur chantier, la réduction des coûts liés aux erreurs, la suppression des doublons, etc., sans oublier l’exemplarité de la démarche et l’accumulation de connaissance et d’expérience pour toute l’équipe. »
Kumpen a saisi l’occasion de tester la méthode openBIM sur ce projet. Le protocole est aussi pour l’entreprise un point important du processus : elle s’y est entre autre engagée à réaliser à partir du modèle la préparation de chantier, le planning 4D, l’achat des matériaux, l’analyse des coûts, le contrôle du modèle et la communication avec les sous-traitants. L’intérêt de l’openBIM a en partie résidé dans la souplesse d’intégration des logiciels des partenaires du projet. La transparence et la qualité du processus sont des facteurs également invoqués, ainsi que la durabilité du format XML pour la conservation des données. Une structure de communication périodique a néanmoins été fixée dans le protocole, ainsi qu’un mode commun de nommage des fichiers.
Quelques leçons tirées de l’expérience
Kumpen témoigne que le modèle 3D a une grande valeur pour les entreprises. L'information est en effet habituellement beaucoup plus difficile à retrouver et les problèmes de mauvaise conception coûtent toujours beaucoup d'argent. Il faut néanmoins définir précisément dans le protocole à partir de quand les modèles seront échangés. Il s’avère judicieux pour l’architecte de commencer avec le BIM collaboratif lorsque la conception est définie, et donc à partir de la phase d’élaboration des documents d’exécution. Il vaut également mieux détailler et ajuster le modèle, puis ensuite seulement en extraire plans et informations.
Quelques outils complémentaires peuvent aussi aider : le viewer de Solibri s’est révélé un très bon outil pour visualiser les conflits et les problèmes, et SimpleBIM a permis de sélectionner facilement les éléments à exporter dans les fichiers d’échange IFC. Le module de visite virtuelle de BIMx s’est montré utile à l’aide à la décision, aux présentations, et, tout comme BIMcollab, comme moyen de communication vers les partenaires n’utilisant pas le BIM. La plateforme collaborative de communication Chapoo a aidé à l’échange de fichiers et a été utilisé comme référentiel central pour toutes les informations relatives au projet. Dieter Froyen (Kumpen): « Les principes du systems engineering ont également été appliqués au projet, ce qui est plutôt rare en Belgique. Grontmij a mis à cet effet l’infrastructure de Neanex à disposition. De cette façon, les exigences du maître d’ouvrage et celles du règlement du concours ont pu être liées au modèle. »
Le bureau a2o souhaite maintenant aller une étape plus loin dans le dévelopement du processus mais reconnaît que les interlocuteurs qui sont prêts sont encore rares. De nombreuses tâches connexes devront être poursuivies, telles que la documentation et la diffusion interne et externe, l’organisation du bureau, la gestion des templates et de l’information intégrée, le contrôle de la qualité des modèles, la formation des collaborateurs ainsi que le partage de l'expérience acquise.