Archi-militant : "Asielzoeker zoekt match" ou Qui juge lentement juge sûrement

Vous êtes bien placé pour le savoir, vous qui évoluez dans le secteur : à l’instar de l’HORECA ou des transports, la construction manque de bras. Pour susciter des vocations dans ces métiers en pénurie, diverses initiatives sont prises ces derniers temps. Je l’avoue sans détour : dans un premier temps, celle qu’a prise Sammy Mahdi, le secrétaire d’Etat à l’immigration, en collaboration avec la ministre du Travail du gouvernement flamand Hilde Crevits à travers le plan “Asielzoeker zoekt match” m’a plutôt laissé songeur.

En décembre, on se souvient que les deux élus CD&V avaient mis sur pied un dispositif permettant d’orienter les demandeurs d’asile vers une formation courte dans ces métiers en pénurie. Un passage par une formation éclair permettrait aux candidats à l’asile d’en apprendre le b.a.-ba. Pour l’HORECA (et en particulier pour Marc Coucke qui a pu expérimenter le système dans sa Petite Merveille de Durbuy), rien de bien grave : un demandeur d’asile qui renverse un plateau chargé de verres de bière sur un touriste, ça ne fait pas une révolution. Dans les métiers de la construction, je suis plus sceptique. Surtout depuis hier, suite à l’accident qui a coûté la vie à deux ouvriers travaillant pour un sous-traitant sur un chantier de construction à Watermael-Boitsfort.

Certes, l’affaire de Watermael doit encore être portée à l’instruction, mais je ne peux m’empêcher de penser que ces deux malheureux ont peut-être fait les frais d’une formation express sur les règles de sécurité. Et que la Wallonie a, pour une fois, été plus inspirée avec sa prime de 2000 euros et son Passeport Drive octroyés aux apprenants et apprenantes dans les formations des secteurs de la Construction, de l'Electrotechnique et du Bois dispensées par l’IFAPME. Ça, c’est ce que je pensais avant d’écrire ce billet. Car, en fin de compte, faire passer les demandeurs d’asile par une formation officielle comme l’ont décidé Mahdi et Crevits, n’est-ce pas aussi un peu les faire rentrer d’une manière ou d’une autre dans la légalité ? Amener les entreprises de la construction à faire le choix de l’officiel en lieu et place du « stoemelings » ? Privilégier un vrai contrat plutôt que le « black » ? Tout bien pesé, les deux initiatives se valent. « Qui juge lentement, juge sûrement », écrivait Sophocle…

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