Archi - militant | Gardez les Pommard bouchés, mais remettez les gaz sur les primes à l’isolation
Dring dring… -Allo? -Bonjour! Vous êtes bien Monsieur Debière? Vous habitez bien à Villers-la-Ville? C’est pour les primes isolation de la Région wallonne. Je vous appelle pour vérifier si vous êtes bien dans les conditions pour en profiter…
Visiblement, l’opératrice dont la voix est marquée par un fort accent bulgare (ou roumain?) n’a pas été mise au courant de la diminution brutale des primes par la Région wallonne. À moins que la société de télémarketing qui l’emploie s’obstine à vouloir encore gruger quelques distraits qui n’auraient pas capté les effets de la décision du gouvernement wallon.
Mais en fin de compte, réflexion faite, je me dis qu’en fins stratèges, ces télémarketeurs ont peut-être leurs raisons en poursuivant ces opérations de matraquage téléphonique. En réalité, ne seraient-ils pas en réalité occupés à anticiper la reprise des primes, et à se dire qu’un jour le soleil brillera de nouveau sur la Wallonie, que ses caisses seront renflouées pour de bon, et que l’on pourra reprendre cet important travail d’isolation des trop nombreuses passoires thermiques que compte encore la Wallonie ?
Tout à l’opposé des politiques wallons de la majorité, obnubilés par le déficit de la Région, ébranlés par le passage de la perspective de la note A3 délivrée par Moody’s du statut neutre au statut négatif. Et peu enclins à donner un peu d’air aux budgets au risque d’être assimilés par le citoyen aux rigolos qui les ont précédé et qui n’ont pas hésité un instant à allonger la carte Visa régionale pour régler 31.000 euros de gueuleton entre 2017 et 2022, soit près de 130 euros par convive et par repas. Bien que anecdotique au regard du déficit officiel de 228 millions d’euros affiché par Namur (déficit qui atteint en réalité 2,3 milliards selon les normes comptables SEC10), ces dépenses font tache.
Est-ce une raison pour se mettre la tête dans le sable ? On dit que gouverner, c’est prévoir. J’ajouterais que gouverner, c’est oser aussi prendre le risque de paraître dispendieux. C’est aussi oser affronter un affaiblissement de la note Moody’s, passée de A3 stable à A3 négative, pour financer des politiques volontaristes. Car en matière de dérèglement climatique, on ne sait que trop bien combien coûtent les effets de l’inaction. Doit-on rappeler le déluge qui s’est abattu sur la province de Liège en 2021, causant la mort de plusieurs dizaines de personnes et occasionnant plus de 5 milliards de dégâts. Ces sous ne valent-ils pas autant que le déficit dont tout le monde s’offusque aujourd’hui ? La question posée est sérieuse. Et elle appelle une réponse urgente. Surtout lorsqu’on sait que l’épisode de 2021 s’est répété à plusieurs reprises depuis, la dernière fois en mai, en juin et en septembre 2024… J’ai déjà eu l’occasion de dire ce que je pensais des économies engagées par la nouvelle majorité, mais à entendre les justifications ronflantes des membres du gouvernement, je me dis qu’ils ne m’ont pas encore bien lu…
Alors, Messieurs-Dames du gouvernement, la prochaine fois que vous vous réunissez en conclave, pensez à cette opératrice bulgare, et continuez évidemment à garder bien fermées les bouteilles de Pommard, mais en ce qui concerne des matières aussi importantes que la lutte contre le réchauffement, svp, ouvrez tout grands les cordons de la bourse.