Archi - Militant : Quand les parcs d’entreprises grimpent au septième ciel

C’est bien connu, dans le domaine de l’aménagement du territoire, l’étalement n’a plus la cote. C’est vrai pour le résidentiel, mais c’est très vrai aussi pour les entreprises et en particulier pour les TPE et pour les PME. Celles-ci se trouvent -parfois bien malgré elles- chassées des centres urbains. Et elles n’ont alors d’autre choix que de s’installer des parcs d’activités. Bref, rien de très enthousiasmant dès lors qu’on a à cœur de préserver la ressource foncière.

Ce domaine connaît pourtant un développement très marqué ces derniers temps, en particulier sous l'égide du groupe BVI qui grignote de plus en plus de surface. En Belgique où la disponibilité de l’espace pose question, mais aussi à l'étranger, dans des pays qui ne sont pas plus épargnés par l’urgence d’un aménagement du territoire durable et responsable. Ces développements répondent certes à une demande qui va croissant, car les TPE et les PME manquent d'espaces adaptés pour déployer leurs activités. Ceci dit, pour les questions que j’ai évoquées à l’entame de ce billet, ce fort développement pose question, même si BVI veille souvent à appliquer les meilleures recettes afin de livrer des bâtiments économes en énergie, car ce soin à délivrer des parcs “verts” ne compense pas la consommation inquiétante du foncier. J’évoque BVI, mais j’aurais pu citer bien d’autres acteurs. En Belgique, personne ne me semble vraiment échapper à cette tendance de l’étalement.

Face à cette problématique, à ma connaissance, aucun acteur belge actif dans ce créneau spécifique de l’aménagement de parcs d’entreprises ne m’a donné l’impression de penser à travailler la verticalité. Les ensembles dédiés aux artisans sont parfois conçus avec des mezzanines que l’on transforme en bureaux, le rez étant dédié à du stockage, à de la manutention ou transformé en zone de travail. Mais rien qui verrait ces PME s’empiler les unes sur les autres. Vous me direz qu’occuper le quatrième étage d’un immeuble n’est pas forcément idéal pour un artisan qui aurait à y faire amener cinq palettes de sacs de plâtre… 

Ce problème du stockage et de l’accessibilité, l’entreprise française EM2C a pourtant réussi à le surmonter. Aux antipodes de cette logique horizontale déployée dans notre pays, cette entreprise familiale lyonnaise (également implantée à Paris et à Nantes) a lancé Up dans une zone urbanisée de la banlieue lyonnaise. Ce projet me plaît d’abord parce qu’il a été déployé sur une friche, mais aussi et surtout bureau d'architectes Stone, EM2C a imaginé un parc pour PME conçu tout en verticalité, avec un ingénieux système de rampe d'accès permettant aux occupants des ateliers situés aux étages d'accéder à leur lieu de travail et à leur zone de stockage avec des camions atteignant huit tonnes. Ce faisant, le projet se contente de deux hectares, là où un promoteur conventionnel aurait consommé le double sur nos terres. Bref, en replaçant l'imagination au cœur des réflexions, et en laissant aux architectes le soin d'exprimer leur créativité, on vient à bout de tous les problèmes.

EM2C n’est pas une société comme les autres. Il s’agit d’un aménageur-promoteur-constructeur "à mission". En France, une société à mission est une entreprise qui inscrit dans ses statuts une raison d’être à caractère social ou environnemental, et qui se dote d’objectifs concrets pour contribuer positivement à la société ou à la planète en plus de poursuivre légitimement un but lucratif. Et en l'occurrence, lorsqu'on observe Up, son dernier projet en date déployé sur cette ancienne friche lyonnaise, on voit que ce statut d'entreprise "à mission” est loin d'être de la poudre aux yeux. Alors, à quand les parcs verticaux en Belgique ?
 

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