"C'est quelque part en Belgique, et non à Paris que les JO auraient dû être organisés". Cette phrase que l'on pourrait entendre sortir de la bouche d'un Parisien n'a en réalité rien d'étonnant. Je m'explique.
À Paris, l'effet JO amène des spéculateurs peu soucieux de la morale à mettre un terme aux baux qui les lie à leurs locataires actuels afin de faire place nette en vue d'accueillir les touristes venus assister aux JO. Bref, à foutre des locataires réglos à la porte pour se faire un max de blé.
Étant donné le caractère très tendu du marché de location dans la ville lumière, ces proprios n'ont aucun souci à se faire. Une fois la folie des JO passée, ils pourront toujours louer leur bien avec un bail précaire. Ou le louer à la semaine ou au week-end à des Californiens ou à des Japonais venus goûter au charme des croissants français en s'installant dans un 30m² meublé à la hâte façon Ikea. Alors, pourquoi se priver? Quelles bonnes raisons les loueurs auraient-ils de se soucier du sort des occupants mis à la rue au plus mauvais moment?
Soyons de bon compte: ce phénomène ne touche pas que Paris. Et les JO ne sont pas les seuls éléments perturbateurs du marché. Depuis quelques années, avec ou sans jeux olympiques, l'airbnbisation touche toutes les grandes villes touristiques : Barcelone, Stockholm, Bruxelles et même Liège n'échappent pas au rouleau compresseur. Je peux moi-même en témoigner avec ma fille qui a encore cette incroyable chance de pouvoir occuper dans la cité Ardente un logement correct dans un grand bâtiment déjà squatté pour moitié par des Airbnbs. Et il faut reconnaître aux membres de l'Assemblée nationale française le mérite d'avoir voté l'alourdissement de la fiscalité sur la location de meublés de tourisme. Sans doute, mais pourquoi diable avoir attendu le 29 janvier, à l'aube des JO, pour avoir ce sursaut?
En toute grande forme, notre Vince national, lui, a pris son élan un peu plus tôt. Sous la pression des représentants de la profession, mais aussi -je l'espère du moins- par souci éthique, notre grand argentier national a décidé de revenir sur sa décision d'étendre le taux de TVA réduit à 6% aux projets de démolition-reconstruction de logements pour autant - et c'est là la nuance qui fait toute la différence- qu'ils soient destinés à la location pour au moins 15 ans, en prenant soin de préciser que seuls les logements utilisés comme résidence principale entrent en ligne de compte.
En conclusion, si je ne me trouve guère d'atomes crochus avec le programme du CD&V, je remets néanmoins à Vince la médaille d'or du décathlon immobilier, je l'auréole des lauriers de l'équité, et je l'honore du grand prix de la remise en question. Il y a encore quelques jours, pour ce cas de figure précis, ce taux de TVA de 6% n'était en effet plus censé s'appliquer. Voilà qui remet l'église au milieu du village. Tiens, encore une référence subliminale aux racines du CD&V ;-)