Autoportrait : Pierre Hebbelinck (Atelier d’architecture Pierre Hebbelinck – Pierre de Wit)
À l'occasion de la première belge du film The Competition organisée à Namur le 5 novembre 2014, Architectura a demandé aux architectes participant à la table ronde de jouer le jeu de l'autoportrait. Ainsi, chacun pourra mieux connaître les différentes personnalités belges qui, comme Jean Nouvel ou Zaha Hadid, passent des nuits blanches dans l'espoir de remporter des concours. Après le Namurois Bernard Voglet (Atelier de l'Arbre d'Or), nous poursuivons la série avec l'architecte liégeois Pierre Hebbelinck.
Sa vision de l’architecture
Parmi les projets que vous avez réalisés, quels sont ceux qui vous procurent le plus de fierté, et pourquoi ?
Le Théâtre de Liège, pour ses enjeux et sa dimension politique concernant les possibilités d’ouvrir la culture au plus grand nombre, en particulier à sa propre communauté urbaine.
Je dirais aussi la maison en acier de Comblain-au-Pont parce qu’elle use des capacités de l’architecture à questionner en profondeur, et à développer, les moyens actuels de la construction. Cette construction touche aussi des questions sensibles qui sont au-delà de l’architecture et qui ont trait à la notion d’ « habiter ».
Pour quel projet en cours ou en préparation avez-vous des attentes élevées ?
En particulier, pour le moment, pour le projet de la Grande Mosquée Al Mowahidine à Liège. Ce projet est au cœur de préoccupations profondes et universelles : celles de l’existence d’une communauté spécifique au sein d’un dispositif multi-culturel.
Quel projet d’un autre architecte belge est selon vous un coup dans le mille ?
Je retiens notamment les projets de Philippe Vander Maren pour leur résistance aux enjeux spéculatifs de la sphère architecturale actuelle et leur profondeur narrative. Sa création architecturale est associée à un discours pensé, hors du temps.
Quels architectes étrangers sont pour vous une grande source d’inspiration ?
Rudolf Schwarz, pour son investigation du doute, parce qu’il conçoit là où il y a un doute, et non une certitude, et Sigurd Lewerentz, pour sa capacité à utiliser les outils architecturaux au profit du développement d’espaces philosophiques.
Quels projets récents construits à l’étranger considérez-vous comme particulièrement réussis ?
Non pas un projet récent, mais un projet récemment découvert et visité : la St Bride Church, à East Kilbride en Ecosse. Cette église est réalisée dans les années 60, par Jack Coia qui a déployé une variation extraordinaire de spatialités autour de la dimension lumineuse au moyen des outils architecturaux.
Quel jeune architecte belge vous impressionne le plus pour le moment ?
Le travail de A practice est remarquable par sa recherche de stratégies réflexives présentes à toutes les échelles de projet et à tous leurs niveaux de lectures.
Quels aspects du métier d’architecte trouvez-vous passionnants ? Inciteriez-vous vos enfants à vous suivre dans cette voie ?
Fondamentalement, tous. Ils forment ensemble un outil de réflexion critique sur l’état de la société et un moyen de mettre en œuvre des propositions concrètes pour les traduire et inciter à des transformations positives.
Quelle rencontre fut décisive pour votre épanouissement en tant qu’architecte ?
La rencontre avec l’écriture. Ecrire est un apprentissage continu à nommer ce qui fait la conception architecturale. Ce travail réflexif permet de développer l’architecture et l’idée de l’architecture, d’échanger à son propos, sur son sens, sa pratique, etc.
Vous reconnaissez-vous encore dans le jeune étudiant ambitieux que vous avez été ? Rêve et réalité se sont-ils rejoints ?
Totalement, la vision de l’architecture en tant qu’outil social, les possibilités d’épanouissement par la création et l’engagement possibles au travers de la pratique architecturale sont et restent présentes depuis toujours.
Un peu de tout
Quel autre métier auriez-vous voulu exercer ?
Tous, à partir du moment où ils permettent la réflexion et l’engagement, que ce soit dans les domaines du développement des connaissances humaines, des techniques ou de la création.
Où avez-vous suivi votre formation en architecture ?
A Liège, partagée entre les instituts Saint-Luc et Lambert Lombard
Chez qui avez-vous été stagiaire ?
Chez Jacques Antoine qui, au terme de la période de stage, me propose une association sur un formidable projet.
Quel était le titre de votre travail de fin d’études ?
Le travail portait sur l’architecte liégeois Victor Rogister, actif au début du XXe siècle suite au refus de la faculté d’un sujet politique.
Votre livre d’architecture favori
Lecture récente de "La ville-paysage, Rudolf Schwarz et la dissolution des villes", de Panos Mantziaras
Votre livre favori (hors architecture)
"Le livre de l’Intranquillité" de Fernando Pessoa
Votre film préféré
Andrei Roublev de Tarkovski
Votre programme tv préféré
Pas de télévision.
Votre musique favorite
Peut-être celle d’Arvo Pärt
Que faites-vous volontiers dans vos temps libres (si vous en avez) ?
Je m’occupe des arbres fruitiers du jardin, me nourris de lectures, d’écritures, de voyages … et d’un temps gourmand dans la cuisine.
La ville belge que vous préférez
Bruxelles, pour sa diversité, ses enjeux européens, ses tensions.
La ville européenne que vous préférez
Istanbul.
Dans quel pays auriez-vous voulu naître et grandir ?
Peut-être en Espagne, pour son incarnation, à travers son histoire, sa diversité et ses multiples cultures, des questions et des tensions qui animent une Europe en débat permanent.
Etes–vous sportif, actif ou passif ? Quel sport ?
Natation et jogging
Votre site d’architecture favori ?
Sans objet, la recherche d’information et d’inspiration passe par d’autres vecteurs.
D’autres sites web que vous appréciez particulièrement ?
Pour les mêmes raisons, même réponse.