Echos des douzièmes Rencontres de la filière bois
Les participants éiaient venus nombreux pour partager ce 24 mars leur amour du bois avec des orateurs de grande qualité, dont Alain Wouters d'Art & Build et Laurent Ney, fondateur du bureau d’études international Ney & Partners et du bureau d’études en construction bois WOW. Il faut dire que le thème de ces 12e Rencontres était alléchant : « Le bois : difficile à élever ? ». Alors que de nombreux architectes sont encore frileux par rapport à ce matériau, les différentes interventions ont fait notamment découvrir des projets résidentiels multi-étages rompant avec tous les préjugés.
Après le Ministre Collin, qui a espéré que la durabilité exigée pour les Quartiers nouveaux permette à la construction bois de s'y illustrer, Stéphanie Sclailquin, échevine de l'Urbanisme (entre autres compétences) à Namur, a fait le tour des projets publics et privés qui font la part belle au bois dans sa commune. On retiendra notamment que le Cahier des charges pour le grand projet sur le site des anciennes casernes, qui sera publié dans les prochaines semaines, donnera une place à la construction bois. Dans quelques semaines également (en juin, plus précisément) aura lieu l'inauguration d'un projet résidentiel R+5 conçu par Specimen Architects et réalisé par Lamcol, dans la rue de l'Inquiétude.
Art & Build, déjà 10 ans d'expérience en construction bois
Alain Wouters, de Art & Build Architects, a ensuite présenté l'historique de la construction bois au sein de son bureau. En guise de voeux de Nouvel An, Art & Build souhaitait en effet à tous "a woody new year", fêtant par la même occasion les 10 ans du bureau dans le domaine. On remarquera que les projets récents les plus spectaculaires se situent non pas en Belgique, mais en France : Opalia à Paris (R+7), Tryo à Nantes, la tour Silva à Bordeaux (60 m de haut), ... D'où la question venue de la salle : pourquoi pas chez nous ? Selon Alain Wouters, nous avons en Belgique des donneurs d'ordre assez frileux face à la nouveauté. On voit certes apparaître de plus en plus de projets allant jusqu'à R+6 mais de là à monter plus haut, c'est une autre histoire. Il y a déjà des réticences par rapport à la tour, alors la tour en bois... Et de plaider ensuite pour que les pouvoirs publics mettent en place des réglementations claires et strictes, le pire pour un entrepreneur étant l'incertitude.
L'intelligence du bois
Laurent Ney a lui aussi retracé le parcours de son bureau d'études dans le domaine. Tout est parti d'un belvédère construit en 2011 avec Dethier architectes à Coblence. Puis vint l'école Emile Bockstael en 2013. Conscient que le bois était un matériau aux spécificités propres par rapport à tout ce que le bureau avait l'habitude de calculer (acier, béton, verre, ...), Laurent Ney crée en 2011 une entité entièrement dédicacée à l'ingénierie bois : WOW, pour Wood of Wallonia, basée à Namur.
Pour Laurent Ney, le bois n'est en effet pas un matériau trivial et facile. Au contraire, c'est un matériau extrêmement technique. Il constate que la plupart des projets en bois sont mal ficelés, par manque de compétence dans le calcul de la structure bois. La difficulté avec le bois n'est pas sa section mais son assemblage. Typiquement, l'assemblage est quelque chose qui s'étudie au niveau de l'exécution. Or, pour bien dimensionner le bois, c'est ce know how qui est nécessaire. Il faut donc changer la façon classique de travailler pour pouvoir profiter de l'expérience de l'exécution au stade de la conception. C'est indispensable pour la filière si on souhaite promouvoir la construction bois sur le long terme. Actuellement, ce sont souvent les entreprises bois qui font aussi les études. Et Laurent Ney de plaider pour que ce travail revienne aux bureaux d'études.
Du point de vue normatif, on est en pleine évolution. Beaucoup de choses sont en train de bouger et ce n'est pas encore stabilisé. Par ailleurs, on se trouve face à une grande diversité de produits, qui ne cesse de s'enrichir. C'est une bonne chose et c'est pour Laurent Ney aussi la preuve que le bois est plus intelligent que la construction traditionnelle, qui reste aujourd'hui un peu moins chère. Cette intelligence se matérialise par l'intégration de différentes fonctions dans un élément, permettant d'obtenir une construction plus écologique, plus intéressante et en fin de compte plus économique.
Laurent Ney cède ensuite la parole à son collègue Alexandre Rossignon qui présente les projets passés, présents et futurs de WOW : Ecole à Herseaux (2015), logements sociaux Les Closières à Marcinelle (R+4, avec Lamcol, en 2015), un bâtiment R+3 en poteau-poutre avec paille à Arlon (2016), l'immeuble namurois rue de l'Inquiétude dont il a été question plus haut, le projet Verreries à Jambes (2017), ... Alexandre Rossignon lancera également un appel aux poltiques pour davantage de soutien, comme il le voit dans les pays limitrophes.